Il me laisse seule avec mon ego, dans cette pièce froide. J'ignore quand il va revenir me chercher, s'il le fait, et ce que je vais subir. Je préfère ne pas y songer.
Je laisse mon esprit vaguer doucement là où il le souhaite, je ne peux rien faire de toute façon. Mes yeux commencent à se fermer, mon cerveau pense à des broutilles et choses réconfortantes, je vaque à des pensées douces et heureuses.
Tout s'arrête lorsque j'entends un cliquetis sourd dans la serrure de la porte. Je me redresse d'un coup, et la silhouette que j'aperçois n'est pas celle que j'imaginais.
J'ouvre des yeux ronds quand il me met sa main sur ma bouche pour m'empêcher de crier. Je le mords, il se mord la lèvre pour ne pas grogner, et recommence à me plaquer sa main sur ma bouche, mais plus fort cette fois. Il sort un couteau tranchant, mes yeux s'ouvrent de frayeur, et mon cœur tambourine fortement dans sa cage. Il l'abaisse et tranche les cordes qui me cisaillent la peau. Je le regarde les sourcils froncés, sans rien y comprendre. Quand il eut fini, il me retourna sans ménagement et sans difficulté sur son dos. Ses pas se font accélérés mais en même temps incertains. Quand il sort dehors, il fait nuit noire, personne n'est là. Il commence à courir, ses pas ne font aucun bruit, seule l'herbe caresse mes chevilles nues en faisant un bruit sourd de frottement. A la fin de la clairière, il commence à ralentir le pas, et me jette contre un arbre.
Je grogne de douleur, me frotte les membres endoloris, et le regarde stupéfaite. Il reprend son souffle, toujours tellement droit, fort, beau. Son regard me transperce, et je ne peux me résoudre à détourner le regard.
« Quoi ? Demande-t-il irrité.
-Pourquoi tu m'as sauvé ? Murmurais-je.
Il remit sa mèche en place avec le plat de la main, et fixa les feuilles de l'arbre.
-Je ne sais pas, peut-être parce que tu ne mérites pas ça ? N'oublie pas que tu es quand même ma sœur, quoi qu'il soit...
-Mais tu n'étais pas obligé de le faire, alors...
-Je t'aime, ok ? T'es ma sœur, Anyssa. Pas une inconnue. Je t'ai blessé, martyrisé quand tu étais jeune, et je m'en veux. Je voulais me faire pardonner, alors je t'ai sauvé.
Mon souffle s'accéléra. Je ne comprends plus rien. Mes pensées se bousculent, mes mots s'entrechoquent.
-Pourquoi as-tu été au service de papa pendant aussi longtemps ?
-J'avais peur qu'il me fasse subir ce qu'il te faisait subir, avoua t-il honteusement.
Je commençais à m'énerver, j'en avais marre de ces états d'âmes.
-Mais sais-tu qu'au moins par ta faute, Agathe, ta petite sœur est morte ?
Il recula, choqué.
-A...Agathe est morte... ?
-Bien sûr que oui ! Ne fais pas comme si tu l'ignorais, vociférais-je.
-Je l'ignorais !Je ne savais pas qu'elle était décédée ! Je l'aimais autant que toi ! Cria-t-il à son tour.
Je défronçais les sourcils, ma voix s'apaisa soudainement.
-Tu ne le savais pas, Raphaël ?
-Non. Dit-il visiblement blessé. Je pensais que tu avais un minimum foi en moi pour ne pas me croire capable d'une telle atrocité.
-Comment pourrais-je avoir foi en toi vu tout ce que tu m'as fait subir ?Répliquais-je durement.
Il rougit, des larmes perlent à ses yeux, mais il les refoule si vite que j'estime étaient une hallucination. Il dandina sur sa jambe gauche, et s'assit sur l'arbre en face du mien.
Son état me heurta, et je demande :
-T'as quoi ? Désignais-je sa jambe.
-Je me suis blessé... Dit-il la mine sombre.
Quelque chose dans sa voix, ne me dit rien qui vaille.
-Tu mens.
Il plante ses yeux bleus dans les miens, et déclama tout bas :
-C'est papa qui m'a frappé au genou. Je ne t'ai pas tapé quand tu étais dans l'herbe,sur la chaise.
Je ne prononce aucune excuse, rien. Juste cette phrase :
-Qu'est-ce que papa a à cacher ?
-Comment ça ?
-Il m'a dit qu'il allait répondre à toutes mes interrogations ; pourquoi il est comme ça, pourquoi il nous fait du mal.
-Tu veux vraiment le savoir ? T'es sûre ?
Je réfléchis pendant quelques instants, mais c'est totalement absurde : j'ai toujours voulu le savoir.
-Oui, affirmais-je sans hésitation.
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Indésirée.
Mystery / ThrillerLa peur, l'angoisse, le dégoût de ses parents, les frappes de son père, et les injures de ses parents et frère et soeur sont tout le mal-être d'Anyssa, dix-sept ans. Uniquement soutenue par sa petite soeur, Agathe et sa meilleure amie, elle devra fa...