Chapitre 10

66 5 0
                                    

-Comment veux-tu partir à sa recherche sans savoir où chercher, Anyssa ? Demanda Diane en haussant le ton.

Je réfléchis un moment puis dit :

-Diane, je ne sais pas où chercher, affirmais-je, mais je sais que je la retrouverai ! C'est ma sœur, et elle représente tout pour moi. Je la chérie autant qu'une mère car elle n'a pas eu la chance d'en avoir une qui puisse s'en occuper et l'aimer comme il se doit. Je suis presque sûre qu'elle est retournée à la maison.

-Pourquoi penses-tu qu'elle soit retournée dans votre Enfer ?

-Je ne sais pas, ok ? M'énervais-je. Elle m'a dit avant qu'on s'en aille qu'elle était prête à recevoir mes coups, pour que je puisse partir libre. A mon avis, elle y est retournée pour honorer ses paroles.

-Du coup, direction la maison de fous ? »

Je hochais la tête. Il fallait que j'aille la sauver, comme je l'ai autant protégé durant toutes ces années.


Nous prîmes des sacs à dos, avec des couteaux pour couper des cordes ou autres, l'essentiel de l'armoire à pharmacie, des vêtements chauds, et je pris discrètement un couteau de cuisine tranchant et pointu. On est jamais trop préparé, autant surveiller ses arrières et prévoir en cas de kidnapping.

Diane ferma la porte à clé, et nous commençâmes à marcher. On prit par la forêt à la première bifurcation pour ne pas attirer les regards même si le village est paumé.

Je suivais maintenant Diane dans les bois, car elle les connaît mieux que moi. C'est son trou, pas le mien. J'habite à deux-trois villages plus loin, environ à cinq-dix minutes à pied.

Le vent faisait danser nos cheveux en une brise légère, soulevait les branches en crépitant, et caressait le feuillage en un doux murmure. Je fermais les yeux et me laissais emporter doucement par ce vent frais. Un sourire vint se dessiner sur mes lèvres, puis j'eus un ressentis amer ; ma sœur courait peut-être un danger, et je me laissais rêver.

« Diane, ne peut-on pas aller plus vite, s'il te plaît ? Demandais-je honteuse.

Elle soupira et grogna :

-Je fais attention à bien suivre le chemin qui nous mènera dans ta ville, et non sur une autre planète. Si tu sais mieux que moi, je t'en prie, prends les devants. » Dit-elle en tendant son bras vers le sentier.

Je dodelinais, elle fronça les sourcils, et poussa ses cheveux platines dans son dos avec le plat de la main, puis se retourna et continua à marcher.


Mon ventre se crispa plus on avançait. Qu'allais-je bien pouvoir rencontrer là-bas... ? Peut-être rien, peut-être que je ne me faisais que de fausses idées.

Le vent se fit plus fort, les cheveux de Diane coiffés à la perfection étaient maintenant ébouriffés et virevoltaient dans tous les sens. Le bruissement des feuilles se fit sentir comme un sifflement, et je m'attendais à ce que les branches nous tombent dessus. Des nuages noirs amoncelèrent dans le ciel gris, accompagnés par une odeur de fumée et de poussière. Je fronçais les sourcils en examinant le ciel. Ce n'était pas naturel, quelque chose clochait. Diane confirma mes craintes :

« Qui peut bien faire un barbecue à cette saison ? »

Je ne répondis pas, car il s'agissait bien d'une question rhétorique, mais ma boule dans mon ventre ne cessa de croître encore un peu plus.

Plus on s'avançait vers ma maison, plus il y avait de fumée, plus il y avait d'odeur de cramé, et plus je stressais.

On sortit de la forêt un peu égratignés par des ronces, puis on continua notre chemin sur la route bétonnée.


Le ciel était noir, on ne distinguait même plus les nuages du ciel. Je voyais de la fumée noirâtre elle aussi, avec des morceaux de cendre qui volaient. Plus je m'approchais, et plus j'avais chaud. J'arrivais à ma rue, à ma maison, puis je tombais sur les genoux, en voyant ce désastre. Je suis au paroxysme de l'effroi, les yeux ronds comme des soucoupes, le souffle saccadé. Tous mes écrits, mon piano... 

Indésirée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant