Chapitre 7

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  Elle me regarda de ses petits yeux. Elle a l'air tellement fragile, et petite comme ça. On dirait une magnifique poupée de porcelaine. Immobile, ses longs cheveux noirs qui pendent en cascade sur mes genoux pliés, ses petites joues rosées, sa bouche rouge et pulpeuse, ses cils mouillés et seuls ses petits yeux verts qui bougent.

-On ira chez Diane, ou chez quelqu'un d'autre qui veuille bien nous héberger. J'expliquerai tout à Diane, je te le promets. On sera heureuse.

Elle se redressa, et esquissa un grand et magnifique sourire blanc.

-On sera heureuse ? Loin d'eux ?

-Je te le promets, petite chouette. »

Je l'embrassai sur la joue.

Je soufflai la bougie, puis on se leva vers la porte. Elle l'ouvrit, regarda à droite puis à gauche. Le but est de ne pas se faire prendre. Il fait nuit dehors, mais mes parents sont toujours dans le salon. Parfois, j'avais des insomnies, et je me levais, ils étaient toujours debout. Parfois, je me levais pour aller au lycée, ils étaient toujours éveillés. Je ne sais pas ce qu'ils essaient de faire. S'ils essaient de savoir si l'on va sortir, fuguer, ou juste me dire de retourner au lit si je me lève trop tôt ou pendant la nuit ?

Je fermai lentement la porte à clé, et Agathe la remit tout en haut du comptoir. Elle courut doucement sur le parquet. Heureusement qu'elle a mis des chaussettes. Une latte du parquet craqua lentement sous son petit poids. J'entendis seulement mon père renifler, puis rien. Elle marcha jusqu'à la porte d'entrée, enfila ses chaussures puis sa veste, son écharpe et son bonnet, et enfin mit son sac sur ses épaules. Je fis pareil, mais je n'avais pris aucun sac à dos. Elle ouvrit délicatement la porte et passa dehors. Je pris la porte dans la main, me retournait, et fit une moue mélancolique malgré moi. Je refermai la porte soigneusement. Agathe me regardait dans le froid de la nuit. Elle me souriait d'un air désolé, puis m'emboîta le pas tranquillement.

« Agathe ?

-Hmm ?

-Qu'est-ce que tu as là ? Demandai-je en pointant mon menton vers son sac.

-Oh, trois fois rien... J'ai juste pris l'essentiel. Une boussole, une carte, des boites de conserve, ma brosse à dent – et la tienne – ma brosse pour les cheveux, des élastiques, mon portable, mes écouteurs et mon MP3. Mon matériel de survie, quoi...

-Des boîtes de conserves ? Nos brosses à dents ? Un kit de voyage ? Agathe... Nous ne partons pas en randonnée, nous allons chez Diane.

-Oh, oui ! Et des sacs de couchage !

Je m'esclaffais doucement, et je secouais ma tête.

-Tu es vraiment étrange... On fugue, et tu penses à prendre du matériel...

-On n'est jamais trop bien préparé.

-Oui, mais nous allons chez Diane, insistais-je.

-Et si elle ne veut pas de nous ? Mon matériel nous servira bien ! Et si tu dois partir quelque part parce que les parents nous poursuivent ?

-Mais non ! Dis-je d'une façon qui voulait être rassurante, mais qui était tout le contraire.

Et si elle avait raison malgré tout ? Si Diane ne pouvait pas nous héberger ? Nous serions perdues... Totalement perdues... Je souris pour lui faire bonne impression, mais je ne pus m'empêcher de serrer les poings.

Indésirée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant