CHAPITRE 2

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"Bonjour, souffla-t-elle d'une voix rauque.

-Euh...bonjour...Qu'est-ce que tu faisais là ?"

C'était un garçon, nota Michiya. Il devait avoir dans les onze ans.

"Ben comme tu vois, haleta-t-elle, je me suis faite enfermer. Et j'ai renversé plein de trucs, là-dedans, il faudra aérer et appeler la femme de ménage."

Elle s'assit en tailleur par terre. Elle respirait mieux, à présent. Il semblait faire plutôt sombre, à l'extérieur. Elle avait dû dormir vraiment longtemps. Le garçon rougit.

"Il n'y a pas de femme de ménage, c'est moi qui m'occupe de ça.

-Tu travailles ici ? s'exclama Michiya. Mais tu es trop jeune pour arrêter l'école !

-Disons que de temps en temps, l'intendante peut faire des exeptions."

Il s'approcha du placard.

-Des pastilles de Javel et du vinaigre ! Tu as de la chance qu'il ait été dilué, autrement, tes poumons y passaient !

- Oui, oui, de la chance...Est-ce que ce serait trop demander que tu m'aides à sortir discrètement d'ici ?

-Pourquoi discrètement ? demanda le garçon. Tu as un problème avec quelqu'un dehors ?

-A vrai dire, j'ai des problèmes avec tout le monde, mais je te raconterai ça une autre fois, c'est une longue histoire.

-Mais j'ai tout mon temps", chantonna le gamin.

Michiya fulminait intérieurement. Il fallait que le rouquin la laisse sortir. Elle décida de le flatter, en espérant qu'il serait assez fin pour s'en rendre compte.

"Ben c'est que le temps presse, il faut vraiment que je sorte tout de suite, mais je suis sûre que tu connais très bien les lieux, tu dois forcément connaître une porte dérobée, une trappe, non ?

-Euh...je peux essayer...

-Je te fais entièrement confiance."

C'est dans la poche, se dit Michiya. Le gamin bomba le torse et un grand sourire se peignit sur son visage.

"Je connais un passage qui te mènera directement dans l'arc E. C'est assez loin ?

-C'est parfait, répondit la jeune fille. Quel Quartier ?

-Celui que tu veux, je vais te montrer," chantonna le garçon.

Et il se mit à trottiner dans le petit escalier par lequel Michiya était arrivée. Mais au lieu de passer la porte qui débouchait dans le hall immense, il se faufila sur le côté et ouvrit une porte minuscule qui donnait sur un autre escalier extrèmement étroit et sombre. Au bas des marches, il y avait une autre porte, en métal, celle-ci. Le garçon, l'air grave, tout à coup, leva la tête et tira trois coups secs sur une corde qui pendait du plafond. De l'autre côté, une cloche sonna trois fois.

"Hé ! s'écria Michiya. Tu veux que je me fasse prendre ou quoi ?

-Ne t'inquiète pas, c'est juste pour que tu ne croise personne en passant.

-Personne ? Tu veux dire que des gens se cachent dans ce passage ?

-Moins tu en sauras, mieux ça vaudra, marmonna le garçon en ouvrant la porte. De toute façon, j'en ai déjà trop dit."

Derrière le lourd battant métallique, il règnait une obscurité quasi-totale et une forte odeur d'humidité. Michiya fit un pas à l'extérieur et son pied rencontra quelquechose de mou et visqueux qui s'en décolla avec un léger chuintement. Le garçon lui tapota l'épaule et lui donna une lanterne qui parvenait tout jutse à éclairer les couloirs ruisselants d'humidité et les canaux d'eau sale qui passaient en leur milieu.

"Les égouts ? soupira Michiya.

-C'est le seul passage existant, à ma connaissance. L'Impératrice a fait condamner tous ceux qu'elle connaissait après l'assassinat de son frère mais elle ignorait la présence de celui-ci. En tout cas, j'ai été ravi de pouvoir t'aider. Si tu as encore un service à me demander, tu peux demander Victor, aux cuisines. Et toi, comment tu t'appelles ?"

Michiya réfléchit à toute allure. Si Lara l'avait reconnue simplement grâce à son nom, il fallait qu'elle soit prudente. Rien ne devait la mettre en danger, elle ou sa famille. Elle cracha le premier nom qui lui vint à l'esprit.

"Emilia. Je m'appelle Emilia.

-Eh bien je suis ravi d'avoir pu t'aider, Emilia.

-Je...merci."

Il se glissa derrière la petite porte métallique qui se referma avec un léger grincement et Michiya se retrouva dans la pénombre, seule, en apparence du moins.

La Cité de l'InjusticeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant