17.

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— Laisse-moi une dernière fois tenter l'algorithme, je vais finir par y arriver.

Je soupire et regarde Valentin s'affairer sur sa calculatrice. Ce week-end est aussi chargé en travail pour lui que pour moi. Enfin, finalement, je pense que Valentin l'emporte, surtout avec ses fiches de révision pour son bac blanc éparpillées de part et d'autre du canapé.

Je me retrouve seulement avec un devoir maison de mathématiques, qui est selon notre professeur une « initiation fantastique au monde complexe et si fascinant des algorithmes ». Je pense qu'il est fou. Incroyablement fou et sur le point d'être interné en psychiatrie.

Les algorithmes ne sont pas fascinants, mais juste exténuants, pénibles et impossibles. Mais comme le répète si bien notre prof, ce sera très utile dans la suite du lycée, et d'ailleurs c'est toujours un thème qui est indissociable du bac pour l'épreuve de mathématiques. De quoi réjouir bon nombre d'entre nous...

Et j'ai beau avoir un niveau acceptable en maths et ramener de bonnes notes, les algorithmes m'échappent. Je me dis que c'est sans doute dû au fait que ce n'est qu'un chapitre que l'on n'a pas approfondi et que tout est nouveau, il n'empêche que toute cette programmation électronique sur la calculatrice arrive pourtant à m'énerver après plusieurs tentatives infructueuses, mettant continuellement que le résultat est introuvable, faute de ne pas avoir programmé ma calculatrice correctement, dans un langage tellement compliqué que le chinois fait pâle figure à côté.

Ces mathématiques ont réussi à mettre fin à ma patience, et comme mes parents sont bien incapables de m'aider, parce que « Attends, c'est ça qu'il t'a donné ton professeur ? Je ne comprends rien à l'intitulé de l'exercice ! On n'est pas mathématiciens nous ! En plus, cela ne sert jamais à rien dans la vie ! ». Soutien familial exceptionnel, donc.

Oui papa et maman, je suis bien d'accord avec vous, la moitié de ce que je vois en maths ne me sera d'aucune utilité dans la vie future. Ce n'est pas en allant acheter des tomates à la supérette que je ferais un algorithme pour prévoir au long terme ce qu'il adviendra du prix de ces dernières.

Mais en attendant, ce devoir maison est tout de même obligatoire, et je n'ai pas envie de faire plonger ma moyenne de maths à cause d'algorithmes récalcitrants. C'est donc pour cela, dans un dernier élan d'espoir, que je me suis tournée vers Valentin. Comme il est en Terminale scientifique, j'ai naturellement pensé qu'il devait avoir un niveau de maths nécessaire pour m'aider à résoudre des exercices entrant dans le programme de Seconde.

Jusque-là, mon idée avait relevé du génie. Valentin m'avait même récupéré en voiture à la fin de l'entraînement de basket d'Hugo.

Mais c'était avant que l'on soit tous les deux dans la pièce qui lui sert de bureau, à tenter de formuler correctement mon algorithme dans sa calculatrice. Il s'y acharne comme pas possible, et pourtant l'algorithme semble plus fort que lui.

— Je crois que j'ai trouvé, commence-t-il avec un sourire, avec que ce dernier s'efface complètement. Et non, en fait ça marche pas. Il va vraiment falloir que je me remette en question. Si j'échoue à des calculs niveau Seconde, comment je vais faire pour mon bac blanc dans deux semaines ? se lamente Valentin

— Tu ne veux pas qu'on fasse une pause ? Ça fait plus d'une heure et demie que l'on est dessus. Et puis, tu veux peut-être réviser maintenant ?

Valentin semble accepter la proposition et attrape un cookie au chocolat dans l'assiette à côté, avant de m'en tendre un autre. C'est sa mère qui lui en avait fait hier, j'ai pu la rencontrer aujourd'hui. C'est une femme d'une cinquantaine d'années, à la coupe courte et aux cheveux poivre et sel. Elle a un visage doux, avec les deux fossettes identiques à Valentin. Ceci contraste fortement avec la dureté de sa voix, sans doute acquise de ces années de travail à l'armée.

La théorie des montagnes russes - Tome 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant