Je suis plus perdue que je ne l'étais avant. Je ne pensais pas cela possible, mais entre ma nouvelle relation avec Enzo et celle que j'ai préféré rayer avec Valentin, mon cerveau est totalement dans le flou face à mes choix de vie.
Finalement, c'est la voix d'Enzo qui me ramène une fois supplémentaire à la réalité.
— Tu es toujours dans les nuages, remarque-t-il doucement. Je me demande toujours à quoi tu penses.
— Plein de choses, fais-je malicieusement, avant que ce dernier me lance un coussin que j'évite de justesse.
Il éclate de rire tandis que je commence une contre-attaque en lui envoyant plusieurs petits coussins de tissus sur lui. Au moins, j'avoue que je sais toujours aussi mal viser, et je comprends mieux mes résultats catastrophiques que j'avais eu en handball. Enzo rigole encore plus face à ma maladresse. Je pourrais être vexée, mais je crois qu'il en faut plus que trois tirs de coussins ratés. Et puis j'aime entendre son rire.
— Tu vas me dire à quoi tu pensais Elsa, sinon je l'apprendrai en employant les grands moyens, me menace-t-il en rigolant. J'ai toujours ce que je veux.
Je lève les sourcils, j'aime bien le provoquer car il n'est très pas patient. Je l'ai su dès que je me suis pointée chez lui, avec dix minutes de retard. Son père m'a ouvert la porte, me confiant en secret que son fils n'arrêtait pas de tourner et virer dans leur maison en m'attendant.
Mais je me tais toujours face à la requête d'Enzo.
Je ne vais pas lui dire que ce matin, en amenant mon frère au basket, j'ai fait tout pour éviter Valentin, strictement tout mon possible. Et cela a été une réussite. Mais bon, ce dernier qui s'entraînait exceptionnellement à côté des petits me fixait perpétuellement, et j'avais du mal à rester concentrée sur le match d'Hugo. Je déteste tout simplement le fait qu'un regard soit posé sur moi, car chaque fois, j'ai l'impression de lire dans les yeux des gens de la moquerie pure et dure.
Mais les yeux sombres de Valentin était différents et bien plus effrayants. Ils contenaient toute la rage qu'un être humain pouvait contenir. Ce n'était pas de la moquerie, c'était de la rancœur. Cela n'a fait qu'augmenter ma culpabilité. Je sais que la vie n'a pas toujours été simple avec lui, entre l'absence de ces parents, la mort de sa grand-mère, le fait que j'ai préféré qu'on ne se voie plus.
Je ne suis pas la seule responsable de ses mauvais moments, mais ceci a réussi à me bouffer quand même de l'intérieur. Il était là pour moi, peut-être étais-je une unique personne qui lui restait. Et je l'ai lâché. Enfin, je me force à croire que ce n'était pas possible. Ça me rassure de me dire ça. Il a Sébastien, qui le fait toujours rire, Jonah, son ami un peu mystérieux mais avec qui il est continuellement, Sarah, qu'il colle à mon grand regret, tous ses autres potes avec qui il sourit toute la journée au lycée, sa mère qui vit désormais chez lui.
Mais il était là pour moi, alors qu'en ce moment-là, je suis incapable d'être là pour lui. Je me force à croire qu'il n'a pas besoin de moi. Il vit très bien avec les autres. C'est ce que j'espère. Je ne veux pas tout détruire, même si je l'ai déjà fait partiellement.
Je sens Enzo de nouveau taper doucement sur mon épaule, un air amusé apparaissant sur son visage.
— Qu'est-ce que je disais ? Elsa dis-moi, s'il te plaît... En plus, je suis inquiet.
— Rien d'important, je te jure.
Je ne lui dis pas tout. Je pense que l'on a chacun nos petits secrets et c'est une bonne chose ainsi. Je lui cache que je m'en veux d'avoir abandonné Valentin, mais aussi des choses plus graves, comme le fait que je sois le bouc émissaire de Sarah et ses amis, même si par je-ne-sais quel miracle, elles m'ignorent depuis quelques temps. Je ne m'en plains pas.
VOUS LISEZ
La théorie des montagnes russes - Tome 1.
Ficção AdolescenteElsa a toujours vu la vie comme des montagnes russes. C'est un mélange de hauts et de bas, de grandes joies et de déceptions. Le but, c'est rester au sommet, heureux, souriant. Ne jamais penser à la chute, effrayante. C'est toute une théorie, que sa...