Mes parents sont peut-être contents. Je souris. Valentin me rend heureuse, cela se répercute sur eux, donc tout peut bien aller. Cela fait un petit bout de temps que l'on ne s'est pas disputés, la situation se détend peu à peu. On fait attention, parce qu'un moindre mot mal placé peut tout dégénérer. Je le sais donc je ne m'attarde pas trop à discuter avec mes parents. Je vois que je m'éloigne d'eux, mais je crois qu'ils n'arrivent pas à me comprendre. Ils ne savent pas ce que je peux ressentir.
Un des rares qui y arrive, c'est Valentin, même s'il s'entête à me répéter de dénoncer mes harceleurs, au moins auprès du directeur du lycée, ainsi que porter plainte au poste de police. A chaque fois, j'écourte la conversation et je vois que je l'énerve ; c'est juste à ce moment-là que j'ai l'impression qu'il ne me comprend pas.
Au lycée, Mélanie a continué à me laisser tomber comme une vieille chaussette. Elle ne répond même plus à mes messages. Je conçois que le message qui lui avait été autrefois envoyé avec mon portable était horriblement méchant mais elle ne semble pas se questionner sur le mobile qui m'aurait poussé à l'insulter. Elle devrait se douter qu'il n'y en a aucun, et que ce n'est pas moi qui aie pu lui envoyer ce message. Pour l'instant, elle semble trouver un réconfort avec la bande de Sarah. Je ne la comprends pas. Aussi, je pourrais très bien tenter une discussion avec elle au lycée, mais c'est un échec. Elle me fuit comme la peste.
Au moins, Judith a sympathisé avec moi. Peut-être que je lui faisais trop pitié. Je ne sais pas. En tout cas, je crois que j'ai eu tort de ne pas lui parler plus tôt. Elle est adorable, et surtout très douce. Elle ne dira jamais rien pour vexer les autres mais s'inquiète toujours pour eux, et s'efforce de leur rendre le sourire, peu importe le moyen. Ses deux amies sont du même caractère qu'elle. Au final, je crois qu'on forme un groupe de quatre filles timides, mais cela ne me déplaît pas.
Dans le lycée, j'aperçois aussi Enzo tous les jours, mais je ne lui parle pas. Un gouffre s'est creusé entre nous. Je ne crois qu'aucun de nous ne peut le franchir. Je le vois de plus en plus sombrer dans son addiction. J'entends des rumeurs étranges dans la classe, comme quoi il aurait des problèmes personnels, une maladie, mais personne ne soupçonne sa drogue. Alors que Jonah affirmait que cela se voyait qu'il était drogué, je me permets de mettre sa parole en doute.
Jonah écoute Gaël, qui parle avec Valentin. L'anniversaire de ce dernier est le principal sujet de conversation ce jour-là. Je suis assise sur le goudron avec toute sa bande, entre lui et Zacharias, qui alterne vision entre son portable et autour du portail. Le bras de Valentin est au-dessus de mes épaules, ce qui ne me déplait pas.
— Tu pourrais fêter ton anniversaire cette année ? En plus, ça tombe un vendredi soir, le monde est bien fait, non ? propose Zacharias à Valentin.
— De toute façon, tout est l'occasion d'organiser une soirée avec toi Zach, lui rappelle Jonah. La dernière fête que tu as organisée, c'était pour la bienvenue de ton nouvel animal domestique. Un poisson combattant.
— Bubulle méritait un baptême pour être accueilli dans ce doux monde.
— Bah c'est sûr qu'il l'a eu son baptême puisqu'on a échappé de la vodka dans son bocal et qu'il est mort, le raille Jonah.
— Mec, c'est toi qui as renversé la bouteille ! se défend Zacharias.
— Valentin m'avait poussé !
— Tu mens ! crie mon petit-ami.
Jonah le regarde avec lassitude, et Valentin lui lâche un clin d'œil discret. Parfois, j'ai l'impression que leur bande d'amis a vécu des situations qui pourraient animer une trilogie entière de films.
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La théorie des montagnes russes - Tome 1.
Fiksi RemajaElsa a toujours vu la vie comme des montagnes russes. C'est un mélange de hauts et de bas, de grandes joies et de déceptions. Le but, c'est rester au sommet, heureux, souriant. Ne jamais penser à la chute, effrayante. C'est toute une théorie, que sa...