tristesse

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Cela vous est-il déjà arrivé, que pour une raison ou une autre, lorsque quelqu'un vous dit quelque chose de tout à fait banal, des larmes commencent à affluer dans vos yeux ?
Généralement, on se dit de regarder le plafond ou de fuir les yeux des autres pour ne pas qu'ils détectent la tristesse au fond de votre regard.
Dans ces moments, on prie pour être seuls, pour pouvoir enfin pleurer et laisser ce mal sortir de nous.
La discussion tourne court, vous fuyez, mais alors que, dans votre chambre, vos larmes peuvent couler sans peine, elles restent bloquées dans le fond de vos yeux. Comme si la solitude empêchait l'âme de s'exprimer.
Comme si vous teniez caché en vous un secret qui doit être révélé, mais que vous vous obstinez à tenir éloigné des autres.
La tristesse s'égare, et vous croisez votre regard dans le miroir.
Vous avez honte.
Honte de la lâcheté de votre acte mais aussi honte de ce que vous êtes.
Pourquoi pleurer ? Je vais bien !
Pourquoi alors ? Cela a t'il un rapport avec ce qu'il m'a dit ? Non, c'était trop insignifiant !
Vous soufflez, vous respirez calmement. Vous tentez un vague sourire.
On y retourne.

Mais quand tout semble calme de nouveau, les larmes remontent à l'assaut, et celles ci, bien que de même nature que précédemment, franchissent la barrière de vos cils et ruissellent sur vos joues.

Pourquoi pleurez-vous ?
Faites-vous ce que vous avez envie de faire ? Êtes-vous où vous avez envie d'être ?
Êtes-vous qui vous avez envie d'être ?
Pourquoi vous cachez vous ?

Pour qui faites vous ce que vous faites ? Est-ce pour vous, ou pour les autres ?
Que cherchez-vous à prouver aux autres ?

Est-ce que votre vie consiste à réaliser les rêves que les autres voient en vous ?

Qui êtes-vous ?

Êtes vous heureux ?

Alors, est-ce que cela vous est déjà arrivé ?
Souvent, je veux pleurer.
Pas parce que je suis spécialement triste, mais parce que quelque chose au fond de moi ou sur moi me dérange. Parce que j'ai l'impression de me mentir tout le temps.
Est-ce que je rôle un rôle ?
Vous savez, je suis d'un caractère ambitieux, mais malheureusement plutôt pessimiste.
Je veux voyager, partir et peut-être ne plus jamais revenir.
Je pense que beaucoup dirons que ce désir d'aventure cache une fuite. Mais qu'est-ce que je fuis ?
Je pense avoir trouvé la réponse : moi-même.
Je fuis la personne que les autres exigent que je sois.
Je ne sais pas réellement qui je suis, peut-être que je n'ai aucun masque, peut-être que je suis toujours moi. Mais il est vrai qu'en voyageant, qu'en rencontrant de nouvelles personnes, qu'en repartant à zéro, on peut se façonner de la façon qu'on le veut.
Libre et exempt de tout ce que les autres exigent de nous. Et à vrai dire, c'est exactement ce que je veux : repartir de zéro.
Pas forcément me faire une nouvelle identité, mais me découvrir telle que je suis. Sans artifices, sans les exigences de la société.

Je ne sais pas si c'est prudent de raconter tout ça ici, je ne vous connais pas, mais j'ai besoin de le partager. C'est plus simple de le faire avec des étrangers qu'avec des amis ou ma famille. Leur dire qu'ils m'oppressent n'est pas judicieux.

Sans vouloir être prétentieuse, les cours m'ont toujours parus simples, dans le sens où je n'ai jamais vraiment eu à travailler.
Et je croyais que lorsqu'on était destiné à quelque chose, on n'avait pas besoin de travailler.

Erreur.
Faux.
Nul.
Incorrect.

Et je dois travailler car au bout d'un moment, nous avons des limites. Et je me dis qu'alors, je ne suis pas destinée à faire ce que je suis en train de faire.

D'un optimisme et d'une naïveté sans bornes, je pensais arriver paisiblement à mon premier boulot.
Balivernes.

C'est comme si, telle une enfant, je prenais conscience que ma vie n'avait été qu'un mensonge. D'un orgueil sans nom, je pensais que je n'aurais jamais besoin de véritablement travailler pour y arriver.
En y repensant, je me rends compte que je devais être sacrément prétentieuse.
Orgueilleuse est le mot. Le juste mot.

Quelle salope non ?

Alors aujourd'hui, alors que je dois un tout petit peu bouger mon cul je me sens perdue. Comme si tous les objectifs que je m'étaient fixés étaient maintenant inatteignables.
Ridicule.
Mais humain.

L'autre jour, j'ai recherché tous les synonymes "d'abandonner" ou "d'abandon" : résignation, abdication, démission, renonciation, rétractation, soumission, et il y en a d'autres.
J'ai commencé un texte, que je n'ai pas achevé, car au bout d'un moment, ces sentiments sales m'avaient quittés.
Panne d'inspiration.

Tout le long de ma scolarité, je devais avoir de bonnes notes. C'était mon objectif.
J'ai toujours de bonnes notes, mais maintenant, j'ai l'impression que c'est plus pour les autres que pour moi.
Et en une phrase, les gens peuvent me faire comprendre que tout ce que je fais est peut-être inutile.
D'où le texte au dessus.

Prise de conscience et perte de repère : désarroi, larmes.
Incompréhension aussi, beaucoup.

L'autre jour que j'étais à la bibliothèque je me suis dis "Je veux être bibliothécaire ! C'est paisible, tranquille. J'aime les livres et la lecture. J'aime la façon dont on peut guider une personnes à travers les rayons : avec calme et gentillesse."
L'autre jour encore, je voulais étudier la mythologie grecque ! Devenir historienne experte dans le sujet !
Ou encore entraîneur sportif ! Coiffeuse, opticienne, professeur, ostéopathe !
Tant de métiers me sont passés par la tête. Et il est curieux que j'aie choisi le plus dur d'entre eux selon moi : zoologiste.

Quelle ironie !
Celle qui ne veut pas travailler à finalement changé d'avis et décide de passer huit ans de sa vie à étudier la biologie animale !

Je ne sais pas à quoi mène cette partie, rien probablement.
Un ramassis (j'aime bien ce mot) de désolation d'une ignorante orgueilleuse.

Mais tout ça me pousse à me poser une question et à vous la poser en retour :

A t'on quelque chose à prouver ?

N'a t'on rien à prouver ?

TitreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant