voiture

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J'étais dans la voiture, j'écoutais ma musique. J'en avais pour plus de trente minutes de route. J'aime bien les trajets en voiture, ils ne faut juste pas qu'ils dépassent trois heures.

Je regardais le paysage autour de moi, et subitement, je me suis affaissé. J'ai pensé à tous ces gens qui sont malheureux, à tout ce qu'ils traversent et à leur force, leur courage. Alors je me suis sentie minable, faible et pathétique. J'avais honte de moi, de ma petite vie bien rangée et sans problèmes. J'avais honte. Je me suis trouvée ridicule, je me suis détestée. Je me suis dit que j'avais rien connu, que je n'avais pas la légitimité d'ouvrir ma gueule.

"Qui suis-je ?" me suis-je demandé. "Personne" me suis-je répondu.

Non, je ne suis personne, je n'ai rien vécu, rien traversé, je ne mérite même pas de donner des conseils, de parler à des gens qu'on ont tout enduré. Je ne suis rien qu'une jolie coquille, à peine secouée par la brise. J'ai eu honte, aussi, d'avoir une si jolie coquille à la vue de ceux dont la coquille est craquelée, presque détruite, réduite en cendre. J'avais honte d'exposer cette coquille avec vanité et orgueil. J'avais honte d'être aussi imbue de ma personne.
Tu n'es rien, me répétai-je.

Tu

N'es

Rien.

Je me suis dit que c'était injuste, pourquoi d'autres en bavaient autant ? Pourquoi tant d'acharnement ?

J'ai eu peur de pas mériter ma place, comme s'il fallait passer des épreuves pour vivre. Je me suis sentie insignifiante et minuscule, une chose fragile qui allait crever n'importe quand.
J'ai eu peur, tout à coup, de m'envoler au moindre coup de vent, de ne pas pouvoir survivre, de me faire bouffer, de devenir poussière à la moindre épreuve.
Mes mains sont trop tendres, me disai-je.

J'avais honte de ma peau et de mes membres frêles, j'avais envie de me les arracher et de les donner à ceux qui étaient amputés.

Tenez ! Aurai-je crié. Vous en avez plus besoin que moi !

Tenez !

Tenez ...

TitreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant