Ce week-end, c'est celui des étoiles. C'est à cette période de l'année que le ciel révèle sa beauté et que les étoiles filent dans celui-ci.
J'ai jamais vraiment été une adepte de ces nuits, notamment car j'oubliais toujours quand elles avaient lieu. Je savais juste que c'était en août.Mais c'était différent ce soir.
J'ai regardé les infos alors j'étais tenue au courant le jour même. Je n'ai pas raté l'occasion.Au début, alors que le soleil n'était pas même complètement couché, on pouvait distinguer Jupiter à l'ouest. À vrai dire, ce n'était qu'un point lumineux. La Lune formait un croissant éclatant, presque aveuglant quand on ne regardait qu'elle. Je me suis dit que ça ressemblait à la beauté.
Plus tard, quand le soleil fut couché et que le ciel s'habilla de son manteau bleu profond, on apercevait Mars et Saturne au sud qui touchaient presque l'horizon.
Mars diffusait une lumière cuivrée envoûtante.
À force d'observer le ciel, debout, la tête levée vers le ciel, mon cou me fit mal. Je décidai donc de m'allonger dans l'herbe sèche. Les pointes acérées de la pelouse me piquait les jambes et les bras. Mais la douceur de ce que je voyais enveloppait le tout d'un flou agréable, attenuant toutes mes sensations.Le ciel s'assombrit en même temps que mes yeux s'habituaient à l'obscurité. Maintenant, on voyait Vega, juste au-dessus de nos têtes. Elle brillait plus que les autres, comme désireuse de se faire remarquer. Juste au nord-ouest d'elle, se trouvait la constellation du Cygne. Au début, on ne voyait que son corps, semblable à un cerf-volant. Puis les faibles étoiles qui finissaient de compléter ses ailes apparurent timidement.
On ne voyait pas clairement la Grande Ourse car le soleil avait laissé l'empreinte de son halo, aussi le ciel était un subtil dégradé de bleu et d'orange.
Je reportai mon regard sur Vega. Quelques étoiles filaient parfois dans le ciel. Je n'ai pas compté le nombre d'avion, mais il me sembla que jamais le ciel n'en était dépourvu. Peut-être essayaient-ils vainement d'égaler la lueur des étoiles. Allongée dans l'herbe, j'entendais parfois un moustique, ou je voyais prêt de moi une luciole, mais je n'y prêtais jamais attention. Je détournai de nouveau mon regard vers le sud pour observer Mars. Sa lumière orangée se remarquait incroyablement bien parmi les blanches qui l'entouraient. Elle paraissait plus grosse aussi, plus que Vega.
Finalement, le ciel devint encore plus sombre et on pu apercevoir la Grande Ourse avec netteté.
Je plongeai mon regard dans la constellation du Cygne qui dominait le ciel. Alors, doucement, le Voie Lactée se fit voir. Ce n'était pas distinct, il y avait juste un superbe tableau de bleu. Celui-ci était appliqué sur la toile en tâches plus ou moins épaisses conférant au bleu une couleur plus ou moins sombre. La Voie Lactée s'étirait jusqu'à Mars, mais elle se perdait dans l'horizon.
Je fixais le bleu du ciel. Des étoiles filaient, des avions passaient et je ne pensais à rien.
La lumière douce arrivait à ma rétine avec délicatesse. Je ne sentais plus rien, j'avais juste envie de pleurer et de rire à la fois.
Au-dessus de moi, je ne voyais que le vide. Et j'avais le sentiment que ce vide m'aspirait, mais que jamais je ne me rapprochais de lui.J'entendais des chauves-souris, quelques grillons, le vent dans les feuilles des arbres, mais rien ne m'importait plus que ce vide qui pendant quelque temps sembla me remplir. J'eus soudainement envie de voir à quoi ressemblait ce ciel sans mes lunettes, alors je les enlevai pour découvrir une toute autre toile, semblable cette fois-ci à une aquarelle. Les étoiles les plus lumineuses formaient des tâches blanches dilatées, comme si le tableau était inondé. Je ne voyais plus que vaguement la Voie Lactée. Alors je les remis.
Je n'avais pas envie de partir, car à cet endroit et à cet instant précis, ne penser à rien fut soudainement possible.
Parfois je quittais Vega et la constellation du Cygne pour regarder Mars et la Grande Ourse. Je roulais alors ma tête dans l'herbe, faisait craquer les brindilles sèches de la pelouse.
Finalement je me mis en tête de trouver la Galaxy d'Andromède. En partant de Vega, je devais passer par la tête du Cygne, alors la Galaxy était plus loin. Au début, ce fut flou, puis je compris que je l'avais trouvé plus tard, que le ciel devint encore plus sombre. Elle formait une sorte de nuage brumeux, mais assez dense tout de même.Je me sentis alors rassasiée et contemplais donc Vega et ses alentours. J'eus envie de dormir ici, à la belle étoile. Mais je savais que jamais je n'aurais envie de fermer les yeux devant ce que j'avais, alors j'abandonnai l'idée. Je me sentais paisible et sereine, comme si rien ne pouvait me toucher. Les bruits secs ne me faisaient pas sursauter, et je ne ressentais rien de comparable à la peur. Je crois que jamais je n'avais été aussi calme. Ma propre respiration ne se faisait pas entendre, je ne sentais pas non plus mon coeur battre ou mes jambes frissonner de froid. J'étais lucide pourtant, consciente de chaque parcelle de ma peau et de mon corps. Simplement, cette vague d'harmonie qui avait submergé mon être me faisait sentir comme un tout qu'on ne pouvait casser. J'étais indestructible.
J'observais le ciel, sans même sentir mes paupières battre, fascinée par ce que je voyais. C'est simple pourtant, mais maintenant, je sais ce que c'est que d'avoir des étoiles dans les yeux.
L'église sonna ses coups. Le douxième retentit et je me levai au même instant.
Je fus rentrée avant que l'écho de ce dernier coup ne disparaisse, engloutit par le vide stellaire.
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RandomCe titre qui n'est point flatteur n'attirera sûrement personne. Seuls les grands aventuriers ont dû atterrir ici, ou alors une flopée d'abonnés curieux de découvrir ma pauvre petite âme. Bref ! Voici (enfin) le "rant book" (pour utiliser le mot) que...