Chapitre I

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                                                                                     Arcachon 1905

"Louise à table !

- Oui maman."

La famille Monasti vivait dans une petite maison pas très loin du centre d'Arcachon. Cette maison possédait un rez-de-chaussé où se trouvait la cuisine et le salon, puis un étage avec deux chambres. Derrière celle-ci, un joli petit jardin avait été aménagé pour le confort de la petite famille. Au centre, un vieux puits entouré de toutes sortes de fleurs aux senteurs d'été trônait fier tel un guerrier à l'épreuve du temps, témoin du passé, du présent et du futur. Au fond, suspendu au grand et imposant noyer, une petite balançoire se dandinait au souffle du vent en ce mois de Février, la brise printanière telle une amie imaginaire, la faisait valser avec joie. Cette balançoire, aussi insignifiante fût elle face à ce géant de bois et de feuille faisait tout le bonheur de la petite Louise qui lors des journées ensoleillé aimer s'asseoir et se balancer sur cette planche de bois qui lui permettait de rêver. Cette petite fille pleine joie et d'innocence aimait flâner seule dans ce jardin, elle courait pieds nu dans l'herbe fraîche, elle chantait, dansait, riait au éclats et parfois alors qu'elle s'assoupissait au milieu de ce jardin calme et paisible, l'on pouvait y observer les oiseaux qui entamait leur chant nuptial, qui chantaient leur plus belles notes, pour elle. Les abeilles, les fourmis, les coccinelles, toute la nature semblait se réveiller tandis que la jeune demoiselle rêvait, elle rêvait d'un monde meilleur, sans guerre, sans soucis, un monde féériques où les hommes, les fées, les nains, les elfes et tout les autres animaux plus fabuleux les uns que les autres pourrait se côtoyer, vivre ensemble dans la paix et l'harmonie.

Mais Louise avait grandi, et ce petit lieux magique qu'elle aimé tant s'était délabré au fil des années, ne laissant plus qu'un jardin assaillit par les mauvaises herbes. Et ce puits qui se tenait fièrement autrefois luttait péniblement au centre de ces herbes tel une tour ayant survécu à une longue et affreuse bataille que les soldats aurait abandonné au temps qui, intrépide et inarrêtable avait encore sévit. L'on était bien loin du petit coin de paradis qui avait jadis pour cette enfant était un refuge, où tout était possible. Les oiseaux ne chantaient plus, les animaux avaient disparu, laissant un vide dans cette espace devenu une friche ou désordre et chaos régnait désormais. Les ronces et les mauvaise herbes avaient pris le pouvoir, étouffant les fleurs qui autrefois prospéraient dans ce jardin, seul restait le noyer toujours aussi fier et implacable, mais le temps était aussi passé par là et l'avais lui aussi vidé de toute sa vigueur, ses branches craquaient et lorsque le vent soufflait l'on pouvait entendre son râle de désespoir.

Louise sortit de sa chambre, elle la ferma soigneusement, mis la clé dans la poche de sa petite robe puis descendit. Comme à son habitude, sa mère avait préparé le déjeuné et son père était assis dans le canapé, il lisait les nouvelles du journal:

" A table chéri.

- Oui."

Il referma le journal, se leva péniblement non sans un petit grognement, se racla la gorge puis vint s'asseoir en bout de table. Comme toujours, il attendit que sa femme Christine lui remplisse son assiette. C'était comme ça chez les Monasti, le père rentrait du travail, s'avachissait sur le canapé puis lisait le journal sans un mot, même pas un bonjour, c'était un homme triste et usé par tant de travail au garage. Tout le repas se passa dans le calme le plus total, puis Christine hésitante posa son bol de soupe et demanda:

" Alors, que disent les nouvelles?

Alfred leva les yeux de son assiette, il lança un regard noir à sa femme, comment osait elle le déranger pendant son diner, il s'essuya la bouche d'un revers de main puis soupira :

-Oh, rien d'extraordinaire, la routine quoi."

Voilà ce qu'était le père de Louise, un homme grand,blond,trapu  et sans intérêt. A chaque repas c'était la même chose, il ne parlait que très rarement, malgré les effort que faisait sa femme. Il était renfermé, aigri et avait toujours l'air en colère. Alfred travaillait chez Benoit, un garagiste du quartier, c'était d'ailleurs son seul ami, ensemble ils réparaient plus de la moitié des automobiles de la ville et étaient réputés comme étant les meilleurs garagistes de la région. Christine quant à elle, était une femme attentionné et généreuse, le parfait opposé de son mari, elle n'était pas très grande, mais avait une silhouette élancée, seulement le temps était passé par là, la rendant frêle et fragile, le seul témoin de sa jeunesse passée était ses magnifiques cheveux auburn et ondulé. Chaque matin, Louise aimait regarder sa mère se préparer pour aller au travail, elle coiffait ses long cheveux , les relevait en un petit chignon tout en laissant une petite mèche sauvage lui chatouiller le visage. Elle était magnifique. Christine était apothicaire et elle était aimé de tous, ils enviait tous cette femmes qui malgré les épreuves restait fier et forte, c'était leur exemple, celle qui ne vieillissait jamais, ce qui avait le don d'agacer bon nombre de mère de familles qui luttaient pour ne pas laisser le temps assaillir leurs visage. La mère de Louise, elle, n'avait pas besoins de toutes ces pommades, ou autre produit qui promettait une peau parfaite, non, elle l'était déjà et aucun artefacts ne la rendrait plus belle.

Ensemble, ils avaient eu une enfant Louise, c'était leur plus grande fierté. Louise avait dix ans, elle était blonde aux yeux bleus comme le ciel d'été, une petite fille pleine de joie de vivre qui allait à l'école Saint-Jean au coin de la rue. Elle avait hérité de la beauté de sa mère et des fossettes de son père.

A la fin du repas, Louise demanda si elle pouvait sortir de table et couru dans sa chambre en retenant ses larmes:

"Louise ! Ne cours pas dans les escaliers !"

Elle sursauta lorsque le poing de son père frappa la table de bois et failli louper une marche, elle se rattrapa in extremis puis couru plus vite encore. Elle sortit la clé de sa chambre toute tremblante et failli la faire tomber à plusieurs reprise, quand elle l'eut enfin mise dans le verrou, elle ouvrit la porte de sa chambre, fonça à son pupitre, le décala sans trop faire de bruit et prit son carnet. Louise ouvrit son journal , prit sa plume, la trempa dans l'encrier et commença à écrire sur une page vierge, l'encre coulait en même tant que ses larmes sur son visage fin, elle déversa alors un torrent de mots, elle noya sa page sous l'encre noir et épaisse, plus ça allait et plus elle avait du mal à les contenir, elle avait besoin de parler, de se confier, mais elle ne le pouvait pas c'était trop grave, alors c'est dans ce carnet qu'elle se soulageait en notant tout ces mots qui la faisait souffrir, tous ces mots qui la détruisait, tous ces mots qui faisait que la petite Louise, innocente et pure s'envolait loin, pour ne plus jamais revenir:

"                                                                          Samedi 13 février 1905

Cher journal, aujourd'hui encore je n'ai pas eu la force de leur dire, pas eu la force de leur avouer mon terrible  secret. Comment pourrais-je leur révéler ? Je ne peux pas, donne moi la force de rester, la force de me battre, à toi je te le dis, je suis a bout, j'en peux plus, tu es le seul qui me maintienne en vie dans ce monde amer sans cur, merci journal, merci d'être la pour moi..."

Elle remit son carnet dans sa cachette derrière son pupitre puis s'allongea sur son lit. Alors elle craqua, et pleura, pleura pour évacuer tant de peine enfouie si profond en elle puis elle s'endormit, hantée par cette chose si intense qui peut à peut la détruit, chaque jour qui passe est un petit bout de cette petite fille, si heureuse de vivre, qui s'envole

The secret of wordsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant