Chapitre XXIV

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Myriam ouvrit ses yeux encore tout embrumé, son corps était encore tout endolori et il lui semblait peser une tonne. Ses jambes la démangeaient et son dos était en compote. Elle regarda autour d'elle, elle semblait perdu. Pendant un petit moment, elle ne reconnu pas l'endroit où elle était, elle était dans un lit, dans ce qui semblait être une chambre. Prise par une peur soudaine, elle se leva brusquement et mis une main sur ses tempes. Sa tête lui faisait affreusement mal, c'était comme si des milliers de petits mineurs tapaient contre l'intérieur de son crâne sans interruption. Après quelques minutes à être resté assise sur le matelas, elle regarda autour d'elle, puis peu à peu, elle reconnu cette pièce, son armoire en chêne massif du 19ème siècle, son crucifix au dessus de la porte trônant tel un protecteur insaisissable, son papier peint usager avec ses fleurs aux couleurs criardes, un mélange de rose, d'orange, de beige, en passant par toutes les nuances de violet. Oui, elle était chez elle, cela la rassura, mais elle ne savait pas comment elle était monté, comment s'était-elle retrouvé dans son lit ? Que s'était-il passé hier soir ? 

Elle fit un effort considérable afin de se rappeler de sa soirée avec Vincent, mais rien ne lui revenait. Elle parcouru tous ses souvenirs, les plus joyeux, les plus tristes, les plus sombres,... Toujours rien. Elle expira bruyamment tout en se massant les tempes.  Elle se releva avec difficulté, à plusieurs reprise, ses jambes manquèrent de se dérober sous elle, lorsqu'elle fut debout, le sol se mit à tourner, tourner, tourner de plus en plus vite. Elle ferma les yeux et lutta pour ne pas perdre l'équilibre. Lorsque qu'elle sentit qu'elle put enfin marcher sans trébucher ou s'évanouir, elle se dirigea vers son miroir. Elle se regarda, elle ne reconnaissait pas cette personne en face d'elle. Comment avait elle pu changer a ce point, ce n'était plus la jeune femme belle, insouciante et forte. Celle qui était prête à remuer vents et marées pour répandre la vérité, celle qui se dressait parfois seule contre l'hypocrisie de ce monde perverti où les femmes avaient du mal à se faire une place. Un monde régit par des hommes imbu d'eux même dont la seule obsession était le pouvoir et l'argent. Souvent, on avait essayé de lui faire peur, de la déstabiliser, de la menacer, mais jamais elle n'avait abandonné, jamais. Aujourd'hui, en se regardant dans cet artefact fait de sable fondu, elle ne vit plus cette jeune femme, elle n'était plus que le fantôme d'elle même, à poursuivre des désirs impossibles. Elle écarta une mèche qui tombait sur son visage, sous ses yeux, les cernes assombrissait son regard autrefois si pétillant. Les rides naissantes, ces petits sillons qui poussait plus vite que  le lierre , marquaient son âge avancé. 

Elle continua de se regarder, de détailler ce corps frêle qui paraissait si fragile, mais qui était toujours là après tant d'années, résistant au temps et narguant la grande faucheuse. En passant sa main sur son bras gauche, elle sentit une petite bosse à peine perceptible, elle releva la manche de sa chemise de nuit blanche comme la neige. En effet, au niveau de son avant bras, elle aperçu une marque rouge, comme une légère piqure. Elle remonta de cette marque jusqu'à la fameuse petite bosse, au toucher, elle puis en déduire que celle-ci était à peine plus grande qu'un grain de riz, mais pourtant elle était bien la.  Myriam tenta de se rappeler ce qu'il s'était passé hier soir, en vain. Elle décida donc d'appeler Vincent, elle savait qu'ils étaient ensemble avant ce "trou noir". Elle descendit les escaliers prudemment. Sur tout le chemin qui la mena à sa cuisine où chargeait son téléphone, elle sentit une légère odeur d'épices, très fine, mais perceptible tout de même par son odeur assez prononcé de clou de girofle. Ce n'était pas l'odeur de Vincent, lui qui sentait l'été. Elle décida de ne pas faire attention à cette odeur qu'elle ne reconnaissait pas et alluma son téléphone. Elle composa le numéro de l'intéressé puis attendit. 

***

Le téléphone sonna. Vincent qui venait à peine de se réveiller regarda son écran dont la lumière intense agressait ses yeux encore endormi. 

" Myriam ? "

Il fut surpris de cet appel, après avoir laisser Myriam aux mains de cet homme la veille au soir, il ne s'attendait pas à ce qu'elle essaie de le recontacter si vite. Il décide de laisser son téléphone sonner, il écouterait son message plus tard, si elle daignait en laisser un. Se pourrait elle qu'elle soit au courant de sa trahison ? Voulait-elle se venger ? Il se sentait tellement coupable. Le téléphone arrêta de sonner. Il attendit quelques minutes, puis il ne sonna plus de la matinée. 

Vers midi moins le quart, alors qu'il venait à peine de sortir de la douche et de s'habiller, il entendit quelqu'un frapper à sa porte. Cela le fit sursauter, puis la peur le prit. Il attendit un peu, si c'était Myriam, elle repasserai plus tard, il n'allait pas lui ouvrir, ronger par la honte et son dégoût de lui même. Mais il n'avait pas le choix, il devait le faire, pour sa sœur. 

Le bruit contre sa porte se fit plus insistant, il se dirigea dans sa cuisine et prit un des couteau qu'il avait l'habitude d'affuter régulièrement pour préparer ses repas. Il le cacha derrière son dos et approcha la main de la poignée. Il tremblait malgré lui. Il savait que ce n'était pas raisonnable d'ouvrir, que c'était peu être un piège, ou encore cet homme qui venait le menacer encore une fois. La personne frappa contre la porte encore plus fort, cela le fit sursauter. Il tourna la poignée et ouvrit la porte d'un coup prêt à se défendre contre cet inconnu. 

Ce qu'il vit sur son palier le stoppa net, une jeune femme en robe, pied nus et dont se dégager une forte odeur de moisissure se présenta devant lui. Derrière ses cheveux sales tout emmêlé, ce regard si familier le déstabilisa.  Elle se jeta dans ses bras en gémissant : 

" Vincent ! "

Il l'entendit pleurer dans ses habits, puis il réalisa ce qu'il se passait , qui était dans ses bras en ce moment même, apeurée, seule mais vivante. L'émotion était si forte qu'elle lui arracha quelque larmes, des larmes de soulagement, des larmes de joie, des larmes d'amour.  

" Sarah ... "

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