Chapitre 1

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La lueur du soir pesait sur le petit village d'Aless. J'aimais ce court passage où le soleil déclinait derrière les montagnes et où le voile du ciel se teintait de rose. Mon esprit semblait voguer dans ce laps de temps, il dérivait sur un tout autre océan que ceux qui bordaient notre terre.

Là était l'avantage de vivre à la campagne. La ville et ses activités industrielles à foison ne m'affectionnaient guère. Bien sûr, je vivais avec mon temps et ses technologies mais j'aimais cette proximité avec la nature que je retrouvais ici à Aless. Le XXIème siècle était rempli de nouveautés bénéfiques ou au contraire très peu recommandables.

Une fois que le soleil fût couché, je refermais la fenêtre que j'avais ouverte pour profiter de l'air frais du soir. J'étais, dès à présent, de retour dans le manoir des Riley dont nous avions hérités, ma sœur et moi, à la mort de nos parents.

Le calme régnait en maître ce soir. Ma petite sœur, Nerissa était sortie voir des amies. Il ne restait donc que les domestiques et moi même. Ainsi je quittais ma chambre dont la décoration avait gardé les ornements du passé.

En effet, le manoir des Riley était resté inchangé depuis sa construction, les pièces et les meubles étaient les mêmes. Bien sûr, la technologie avait trouvé sa place et l'ancienne cuisine avait été amélioré pour s'adapter aux normes de notre époque. De nombreux souvenirs de siècles différents se confrontaient , des tableaux d'ancêtres, des trophées de guerre, des photos. Tous ces souvenirs avaient trouvé une place dans cet immense manoir.

J'aimais tellement ce côté ancien et c'est pensif que je me suis dirigé vers la pièce que j'aimais le plus dans ce manoir: la bibliothèque. L'odeur du passé était encrée parmi les livres. Je me perdais dans ces allées d'étagères et mes yeux balayaient chaque recoin à la recherche d'un livre hors du commun, d'un livre au récit trépidant. Souvent, je passais des heures à lire sans jamais faire attention au temps qui s'écoulait.

Mes pas résonnaient sur le parquet et mon ombre oscillait derrière moi. Aucun bruit, le repos de l'âme. Le lustre de verre était la seule lueur discernable dans cette pièce dont je ne voyais la fin. Les étagères grimpaient sur des mètres et des mètres de hauteur. Le paradis.

Mes doigts faisaient glisser les pages d'un ouvrage abimé par le temps, sa senteur embaumait mes narines. J'avais déjà bien feuilleté ce livre quand un autre, plus gros dont la couverture était intacte et le titre calligraphié m'attira.

Je saisis donc avec délicatesse ce livre. La reliure était sertie de pierres précieuses. Je pus reconnaître des topazes, des saphirs ainsi que des rubis. Ces pierres formaient des spirales qui brillaient lorsqu'elles étaient éclairées. Des symboles étaient finement tracés sur la couverture. Ces symboles semblaient être écris à la main, ils semblaient former des lettres appartenant à une langue ancienne qui m'était totalement inconnue.

Ceux-ci semblaient être écris pour que le lecteur porte son regard sur le titre, ils m'hypnotisaient. Mes doigts passèrent sur le titre en relief et je pus lire: "Les Terres d'Eolas". Ce nom m'attirait sans que je sache pourquoi. Mes doigts s'attardèrent longtemps sur cette magnifique couverture. Je fermais mes yeux me laissant transporter par la magie de ce titre. Une odeur exquise s'échappait des pages encore fermées de ce livre. J'avais l'étrange impression de connaître ce livre comme s'il avait toujours été auprès de moi. Un goût nouveau s'échappait de mon être me transportant dans un voyage intérieur mêlant aventures et songes. C'était ce livre qu'il me fallait...

"Edward!!!"

Je sursautais laissant échapper le livre de mes mains. Un soupir s'échappa de mes lèvres. Nerissa... Je finis par sourire et oubliant mon ouvrage je quittais lentement la bibliothèque laissant derrière moi le livre ouvert...

Je descendis le grand escalier et je vis Nerissa à l'entrée. Ma petite sœur me souriait. J'aimais appuyer sur le fait que je la précédais, de quatre minutes certes mais j'étais bien son grand frère. Un grand frère de dix huit ans tout comme elle. Cela m'amusait de le lui répéter.

Ses yeux, identiques aux miens, avaient une magnifique teinte turquoise. Ils me faisaient penser à des pierres précieuses spécialement taillées pour lui convenir. Quant à ses cheveux, ils tombaient en cascade sur ses épaules s'arrêtant juste en dessous de ces dernières. La couleur de sa chevelure était, elle aussi, pareille à la mienne. Parmi les mèches couleur noisette se trouvaient des mèches au reflet doré qui illuminaient ses légères boucles. Deux légères fossettes vinrent se former au creux de ses joues ce qui me fit sourire.

"Tu es déjà levé Edward?

-Levé? Oh non, je ne me suis même pas encore couché"

Elle se mit à rire, il y avait de quoi. La voir rire ainsi me rendait heureux. Cela réchauffait mon cœur.Je n'avais pas vu le temps passer et j'avais encore veillé toute la nuit. Je ne m'en étonnais plus d'ailleurs. Je posais alors mon regard sur ma jumelle.

"Et toi déjà rentrée?

-Oui. Angel avait une course à faire en ville et comme elle passait par là elle m'a déposé.

-Je vois très chère. Quelle heure est-il?

- Neuf heures très cher. Je suppose que tu étais encore fourré dans la bibliothèque.

-En effet oui.

-Tu devrais aller te coucher. Ce soir on reçoit du monde.

-Oui je sais. Je comptais y aller.

-Tu parles, je ne t'aurais pas appelé tu serais resté éternellement dans ta bibliothèque."

Elle se mit à rire. Elle n'avait pas tord, j'en étais bien capable. Je souris amusé, lui ébouriffant les cheveux en signe d'affection.

"Mais euh! Tu vas me décoiffer! Je passe du temps le matin pour que mes cheveux soient présentables!"

Je ris de son sérieux si soudain.

"Ils sont très bien aussi décoiffés, de toute façon tu devras te recoiffer pour se soir, ça ne change rien.

-Aller va au lit! Il est temps, tu fatigues, tu dis des bêtises.

-D'accord maman!"

Je ris montant à nouveau l'escalier principal. Pourtant l'évocation de ce lien maternelle me procura un pincement au cœur. Nos parents n'étaient plus de ce monde et vivre sans eux laissait un grand vide dans tout le manoir. J'essayais alors de penser à autre chose tout en traversant les couloirs avant de me rendre dans ma chambre. Puis une fois rentré, je tirais les rideaux pour ne pas être gêné par la lumière du jour et je me suis allongé sur mon lit, me blottissant sous la couverture. Je fermais doucement mes yeux en vidant mon esprit pour essayer de dormir convenablement. Au bout de quelques instants, le sommeil ne tarda pas à m'emporter...

Les Terres d'EolasWhere stories live. Discover now