L'aventure d'Herenui [1ere version/incomplet]

Chapitre 27: En selle

Quelques jours après la grande discussion entre Herenui et Alfrid, la vie avait repris son cours normalement à l'orphelinat. La démone n'ignorait plus les enfants et avait même essayé d'expliquer son comportement à Natsuko. Cette dernière avait accepté ses excuses et tout le monde avait vite oublié l'incident, rattrapés par les préoccupations de la vie de tous les jours.

Une après-midi à l'académie, l'instructeur Fabeck demanda à voir Herenui ainsi qu'Erika, Nick, Joseph et Oscar. Une fois qu'ils furent tous réunis dans le bureau de l'officier, ce dernier en vint directement au vif du sujet:

-"Bien, si je vous ai fait venir ici, c'est pour vous annoncer que d'ici deux ou trois semaines, nous ferons une sortie de quelques jours vers la ville de Hinterstein, au sud-est de Krün. Nous accompagnerons un convoi de vivres pour les garnisons en faction là bas contre les tribus des montagnes."

-"Juste nous cinq?" Demanda Oskar

-"Non" répondit l'officier "j'annoncerai ça au reste de la classe plus tard. Si je vous préviens maintenant c'est parce que nous allons nous déplacer à cheval, or, après avoir croisé le précepteur d'Herenui hier, j'ai appris qu'il n'y avait pas ou peu d'équidés sur l'île des démons. J'en conclus donc que tu ne sais pas monter à cheval?" Demanda-t-il à la guerrière.

-"Oui" répondit cette dernière laconiquement

-"Il va donc falloir apprendre rapidement. Le groupe ne peut pas se permettre d'avoir quelqu'un qui traine. De plus, tout officier doit savoir utiliser un destrier. C'est donc pour cette raison que vous êtes là. Vous allez apprendre à Herenui à chevaucher. Chaque après midi, vous pourrez partir un peu plus tôt pour vous rendre aux écuries."

-"A vos ordres instructeur" répondirent ils tous en cœur

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Le lendemain, la première séance d'équitation débuta. Il y eu d'abord la présentation de tout l'équipement, qu'Herenui avait un peu observé lors de ses différents périples, mais dont elle ne connaissait ni le nom ni la réelle utilité. Puis le moment fatidique de la première chevauchée arriva. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la démone n'était pas en confiance, toute raide et tendue sur sa monture. Cependant, la séance se déroulant sans accroc et sans chute, la confiance et l'enthousiasme de la démone s'accrurent.

Son ardeur retomba cependant bien vite le matin suivant lorsqu'elle ressentit des courbatures partout dans son corps. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu de telles douleurs après un entrainement, mais les ordres de l'instructeur étant absolus, Herenui se rendit sans broncher aux leçons suivantes. Malgré les chutes et la fatigue, la démone progressait de plus en plus.

Deux jours avant le départ du convoi, la guerrière était capable de chevaucher sa monture au galop sans soucis et arrivait même à franchir quelques petits obstacles. Il lui faudrait plusieurs mois pour perfectionner le tout, mais son niveau était suffisant pour prendre par à la sortie à venir. Fabeck lui avait attribué un cheval, répondant au doux nom de Crème de part sa robe beige. Elle devrait s'occuper de lui pour les semaines à venir, sous la supervision de ses amis.

La colonne put donc se mettre en route sans laisser Herenui à Krün. La mission était simple: amener de la nourriture et des armes aux deux divisions des montagnes et protéger la cargaison des éventuelles convoitises. Il n'y avait d'ordinaire que peu de brigands sur les routes mais l'armée ne comptait pas prendre de risques. Comme chaque année, les troisième années étaient en charge de cette tâche, les autres troupes étant déjà occupées le long des frontières. Quelques hommes de la garnison de Krün avaient cependant été réquisitionnés pour augmenter la taille de la troupe. Il y avait une trentaine d'apprentis officiers, dont la moitié étaient des jeunes de quinze ans, et une quarantaine de soldats.

Herenui appréciait cette sortie. Elle avait certes beaucoup voyagé ces derniers mois, mais elle avait toujours été restreinte dans sa liberté de mouvement. Elle découvrait donc enfin autre chose que le camp militaire et l'orphelinat, admirant avec beaucoup d'émerveillement les nouveaux paysages. Le temps était clément, les conditions idéales. Et apparemment la démone n'était pas la seule à être de bonne humeur. Tous les hommes arboraient un léger sourire, discutant avec leurs camarades, se racontant des blagues ou des petites anecdotes. La plus enjouée était sûrement Erika, qui passait son temps à rigoler avec Oskar, Joseph, Nick et Herenui. La démone n'était pas très bavarde, mais elle appréciait de ne pas être regardée de travers par son groupe et ce simple fait participait grandement au sentiment de tranquillité qu'elle éprouvait.

Le huitième jour, le convoi arriva enfin à Hinterstein. Tout s'était passé sans problème, et les soldats, bien qu'épuisés par ces longues journées à cheval, n'avaient rien eu à faire. Pour fêter ça, l'instructeur donna quartier libre à ses hommes pour la fin de la soirée. A cette annonce, tout le monde s'éparpilla dans la ville, certains allant traîner dans les tavernes, d'autres flânant dans les marchés ou encore se reposant dans les lits que la caserne avait mis à disposition.

Hinterstein

Au moment du diner, tous se réunirent comme convenu au réfectoire du bâtiment militaire. Pour se remettre des repas rationnés et peu variés du voyage, les soldats avaient le droit à plusieurs rôtis et morceaux de viande sur lesquels ils se jetèrent goulument. Herenui, enfin rassasiée, remarqua la mine soucieuse de Fabeck, qui ne semblait pas partager l'enthousiasme du reste du groupe. Elle hésita à aller le voir pour s'enquérir de ce qui pouvait le troubler, mais elle s'abstint, pensant qu'un subordonné n'avait pas à interférer dans les réflexions de son officier. Elle n'eut de toute façon pas longtemps à attendre avant d'avoir une réponse à ce qui tracassait l'instructeur. Ce dernier se leva et réclama le silence avant de prendre la parole:

-" Je sais que vous êtes tous fourbus par le périple que nous avons fait ces derniers jours, mais je dois vous annoncer qu'après discussion avec le bourgmestre et l'officier en charge de la ville, notre convoi devra pousser jusqu'au fort du col de Lech. Il n'y a apparemment pas d'équipement suffisant ici pour acheminer le ravitaillement, c'est donc à nous qu'incombe la mission. Nous mettrons normalement quatre jours pour atteindre notre nouvelle destination. Il faudra être très vigilant cependant car cette fois nous risquons vraiment de nous faire attaquer par des brigands ou des pillards des montagnes. Je vous conseille d'aller vous coucher rapidement pour être en pleine forme demain. Vous en aurez sûrement besoin."