L'aventure d'Herenui [1ere version/incomplet]

Chapitre 44: Investigations

La pluie crépitait sur sa capuche tandis qu'elle observait sa cible rentrer dans la taverne. Herenui attendit quelques secondes avant de quitter la ruelle où elle se trouvait pour la suivre. Elle slaloma entre les passants encore dehors dans cette froide soirée d'automne et poussa elle aussi la porte de l'établissement.

Tandis que la démone faisait pivoter le lourd battant, une vague d'air chaud l'assaillit, portant avec elle des effluves de bière rance, de sueur et autres odeurs peu agréables pour les narines. D'un coup d'œil, elle repéra l'homme qu'elle filait, assis à une table, et en trouva une autre pour elle, juste derrière lui, dans la pénombre.

Herenui tira une chaise et s'installa de façon à avoir le meilleur angle de vue sur son objectif. Cela faisait une semaine qu'elle était tombée sur la piste de ce conseiller du bourgmestre de Wertach, mais pour le moment, l'adolescente n'avait rien trouvé de concluant pour le relier aux problèmes d'agitation.

C'était une enquête difficile. Elle avait l'habitude de traquer des cibles, mais pas de remonter des réseaux. De plus, les premiers agitateurs qu'elle avait signalé à ses supérieurs s'étaient soit suicidés à l'arrivée des gardes, soit attaqués à ces derniers avant de se faire tuer, ou enfuis et restés introuvables depuis lors. Bref, en un peu plus d'un mois, il avait été difficile d'obtenir des informations.

Agacée par l'échec des interpellations, Herenui avait décidé de prendre les choses en main et d'interroger elle-même le prochain suspect qu'elle trouverait, ce qu'elle avait fait il y a sept jours. Herenui avait à plusieurs reprise repéré ce drapier, au commerce moribond, parmi les manifestants contre l'Empire. Il semblait accuser les ebeneniens d'être à l'origine de la faillite de sa firme familiale et il avait donc décidé de rejoindre le mouvement de contestation et d'en devenir un leader.

Herenui l'avait suivi un soir jusqu'à chez lui et elle était venue l'interroger dans la nuit. L'homme, terrorisé, avait avoué tout ce qu'il savait sur les agitateurs et avait laissé filtrer le nom de Maximilian Fritz, conseiller du bourgmestre, qui avait instigué l'idée au drapier et à d'autres commerçants en mauvaise posture financière de prendre par à ces protestations.

Maximilian Fritz était un homme d'une quarantaine d'années, grand, carré, brun avec des cheveux assez courts et des yeux gris, qui avait fait fortune dans la joaillerie. Artisan renommé, il avait serti de nombreuses couronnes et bagues pour de grands nobles de différents pays. Il aimait pavaner dans les quartiers riches, vêtu d'habits somptueux pour montrer sa supériorité. Grâce à sa fortune et à quelques dons généreux, il avait gagné les faveurs du Bourgmestre et avait intégré le conseil de la ville.

Ce soir cependant, Fritz n'avait pas enfilé d'habits aussi flamboyants que d'ordinaire et Herenui avait failli ne pas le voir partir de sa résidence. L'homme s'était caché le visage avec un capuchon pour traverser la ville, et ne l'avait découvert que peu de temps avant d'arriver dans ce quartier modeste. Ce comportement étrange laissait espérer à Herenui que la piste allait enfin s'avérer réelle.

Manifestement, le conseiller semblait attendre quelqu'un, ses yeux ne quittant que rarement la porte d'entrée. Ses doigt pianotaient sur la choppe de bière qu'il tenait, trahissant sa nervosité.

Alors que l'adolescente étaient en train de détailler sa cible, une serveuse arriva à hauteur de la démone, dont la face était toujours dissimulée par son couvre-chef.

-"Qu'est-ce que j'vous sers?" Demanda de façon désinvolte la jeune femme rousse venue prendre la commande d'Herenui

-"heu..." hésita la démone, prise au dépourvu "Une bière" répondit elle rapidement pour se débarrasser de la femme

-"Ca sera tout?" Questionna cette dernière

-"Oui" répondit sèchement la démone qui commençait à s'agacer

-"Bien" fit la tenancière, vexée par le ton inamical de sa cliente avant de s'en aller

Depuis qu'elle était arrivée à Wertach, Herenui était devenue de plus en plus irritable. Le manque de résultats dans ses recherches la frustrait. Mais surtout elle aurait préféré rester à l'académie, qu'elle jugeait bien plus intéressante. Son exclusion de l'institution, malgré les explications du général, avait du mal à passer. Cependant, elle avait juré obéissance à Wiesemann pour les dix prochaines années et elle avait été conditionnée depuis sa plus tendre enfance à suivre les ordres sans broncher.

Ce n'était pas la seule raison de son irascibilité. L'adolescente ressentait un autre sentiment, un malaise au fond d'elle, mais elle n'arrivait pas à mettre de mots dessus. Une sorte de vide dans sa poitrine, la même sensation que quand elle avait appris qu'elle avait été séparée d'Hinevara ou Raurii.

Elle fut tiré de ses réflexions par la serveuse qui déposa brusquement une choppe de bière devant la démone, qui attrapa quelques pièces pour payer sa boisson. Herenui souleva sa pinte et en renifla le contenu. L'odeur n'était pas très engageante, mais elle décida tout de même de tremper ses lèvres dans le breuvage. Une grimace déforma ses traits quand l'amertume s'imposa dans son palais. Comment la bière pouvait-elle être aussi populaire avec un tel goût, se demanda l'adolescente.

La porte de la taverne s'ouvrit, attirant le regard du conseiller et par la même occasion celui de la démone. L'homme qui fit son entrée était aussi grand que Fritz, dans le mètre quatre-vingt dix, avec de long cheveux blonds tressés par endroits, tout comme sa barbe. Il émanait de lui une aura de guerrier expérimenté, sage et puissant à la fois. Le nouvel arrivant scruta la salle et un sourire éclaira son visage quand il repéra Fritz, qu'il rejoignit à sa table.

-"J'espère ne pas trop vous avoir fait attendre, Maximilian" demanda l'inconnu

-"Non, je ne suis là que depuis quelques minutes, ne vous en faites pas, Frederik. Commandez-vous à boire, nous passerons au choses sérieuses ensuite" répondit le conseiller

-"Ha ha, toujours aussi direct! Mais j'aime ça chez vous! J'espère que les nouvelles sont bonnes."

-"Elles sont plutôt mitigées." Fit sombrement Fritz, à voix un peu plus basse "L'empire est sur nos traces. D'après mes informations, le général Wiesemann a fait envoyer un espion pour tenter d'enrayer notre mouvement et il a apparemment réussi à remonter jusqu'à plusieurs de nos meilleurs agitateurs, ce qui ralentit nos activités."

-"Et ces agitateurs, ont-ils révélé quoi que ce soit?" S'enquit l'homme blond

-"Non, ma source au sein de l'armée m'a averti et j'ai eu le temps de... faire le nécessaire pour qu'ils ne puissent pas parler." Répondit le conseiller.

-"Bien" acquiesça Frederik "Et sait-on où se trouve cet espion en ce moment et sur qui il enquête?"

-"Toujours d'après ma source, il semble qu'il n'ait pas de piste actuellement, mais nous restons vigilants."

Derrière eux, la démone était abasourdie: il y avait une taupe dans l'armée! Cela expliquait donc pourquoi les investigations n'avançaient pas. Mais qui? Elle n'avait aucune idée de qui pouvait laisser filtrer des informations et cela allait la forcer à garder toutes ses découvertes pour elle.

Mais elle ne devait pas se déconcentrer. L'échange entre les deux hommes venait à peine de commencer et elle avait déjà fait plus de progrès qu'en un mois. Elle ne doutait pas que cette soirée allait être riche en informations.

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Bonsoir! Changement de décor ce soir! 

J'ai eu un peu de mal à faire le chapitre et je ferais peut-être des modifications si je trouve une idée un peu plus intéressante car j'ai peur que dans sa forme actuelle ça soit un peu confus/trop rapide. Faites moi part de vos impressions, si vous avez réussi à suivre, si vous voyez des trucs à garder ou au contraire à modifier.

Sinon je réitère ma demande de soutien sur les wattpad Fr awards ^^ je ne suis pas sûr de pouvoir rivaliser avec les récits les plus populaires mais ça me toucherait beaucoup que vous preniez le temps de voter pour moi :)