L'aventure d'Herenui [1ere version/incomplet]

Chapitre 15: interrogatoire

Herenui :

Herenui s'en voulait. Elle avait été une idiote contrôlée par ses émotions au milieu d'une mission des plus dangereuses. Sa frustration lui avait fait perdre son sang froid habituel. Mais l'homme, contrairement à elle, n'avait pas perdu de vue son objectif : rester en vie et si possible la capturer pour la faire parler. Et lorsque le poignard de la jeune fille avait cassé, il n'avait pas perdu une seconde. Maintenant elle était assise devant le bureau du général, pieds et poings liés et attendait que ses deux gardiens agissent. Qu'allait-il advenir d'elle ? Ils ne parlaient pas la même langue, l'interrogatoire serait donc difficile et ils risquaient de s'en prendre à elle. Mais ce n'était pas son seul sujet de préoccupation. Si elle ne revenait pas avant la fin de la nuit, ou qu'elle ne lui faisait pas passer de signe de vie, Fernando se débarrasserait de Natsuko, soit en la vendant, soit en la tuant.

-« Comprends-tu notre langue? » demanda Wiesemann, à grand renfort de mimiques

La démone devina la question et secoua négativement la tête. Le vétéran replongea dans ses pensées, puis son regard s'illumina. Il fouilla dans son bureau, puis trouva un parchemin qu'il déplia. Herenui reconnut immédiatement la carte représentant le Grand Continent . Le général se désigna du doigt et dit :

-« moi, Ebenen. Ici, Rodrom » puis il pointa son index vers elle « toi, démon »

Il relia l'archipel à la ville d'un trait imaginaire sur la carte et souleva les épaules en signe d'incompréhension.

-« Pourquoi veux-tu me tuer ? » continua-t-il, en s'aidant des mains pour faire essayer de comprendre sa phrase.

La jeune femme réfléchit un instant. Le général ne semblait pas vouloir se résoudre à des méthodes musclées. Elle avait donc peut être une chance de s'en tirer ce soir. Si elle coopérait entièrement, elle serait peut être épargnée. Limitée par la barrière des mots, elle fit comprendre au général qu'elle aurait besoin de ses mains pour tenter de dire ce qu'elle avait à livrer. Ce dernier hésita mais il n'avais pas vraiment d'autre moyen de tirer des informations de la démone

Tout en essayant d'assimiler les explications de la jeune fille, Wiesemann cherchait le meilleur plan. La situation était un peu complexe, mais il y avait beaucoup à gagner ce soir. La démone semblait avoir été capturée par un marchand Maenien qui avait décidé de l'utiliser comme assassine. Ce dernier choisissait des contrat et ce soir, le général était la cible. Peut-être pourrait-elle le conduire à l'endroit où logeait son maitre, et ainsi enquêter sur le commanditaire de cette attaque. Il aurait ensuite un moyen de pression en maenie si jamais il en avait besoin.

Il observa sa captive et continua ses réflexions. Après le combat de ce soir, il voulait absolument faire venir la combattante dans son armée, elle était dotée d'un potentiel incroyable et passer à côté d'une telle recrue serait du gâchis. Bien qu'il eut des principes et qu'il était opposé à l'esclavage, il décida de lui proposer un accord qu'elle n'avait d'autre choix que d'accepter: rejoindre sa faction pendant dix ans ou être emprisonnée pour au moins tout aussi longtemps

Il prit un fusain d'un tiroir et essaya lui aussi de communiquer. Il apprit que le maitre de l'assassine retenait une jeune hokorie, Natsuko, captive et que cette dernière comprenait et parlait un peu l'ebenenien, ce qui faciliterait peut être la collecte d'informations. Il proposa donc le plan suivant : Ils iraient prestement chercher l'amie de la démone, puis ils se rendraient au lieu où Herenui devait rejoindre Fernando et le captureraient.

La démone n'avait pas hésité une demi-seconde lors de la proposition du général. Elle n'avait aucun problème à échanger sa vie contre celle de Fernando. Certes il avait été correct avec elle, protecteur parfois, mais elle était surtout pour lui un outil pour gagner de l'argent. Il avait attaqué et asservi les siens. Travailler pour un maenien ou pour un ebenenien ne représentait aucune différence pour elle. Sur le grand continent, son but unique était la survie, et elle choisissait le camp qui lui permettait de continuer son périple. De plus, peut-être que grâce à cela, Natsuko pourrait rentrer chez elle et Herenui aurait la voie libre pour s'évader si ses conditions de vie devenaient insupportables.