Chapitre 31: La porte ouest

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Le capitaine de la garde observait l'étrange spectacle sous ses yeux. A quelques centaines de mètres, le campement ennemi avait pris feu. Il avait été tiré de son sommeil par un des veilleurs qui avait aperçu la scène et sonné la cloche d'alerte. Personne ne savait comment le feu avait commencé, mais il faudrait surement du temps aux Jezdecs pour venir à bout des flammes. Peut être cela délayerait-il encore un peu l'assaut de la citadelle?

A sa droite, un cor retentit dans l'obscurité, puis des clameurs s'élevèrent. Aussitôt, l'homme se précipita vers la porte ouest, d'où le bruit caractéristique d'une charge de cavalerie s'éleva. Les premiers tintements de lames retentirent, ainsi que des cris de douleur et de fureur. Quand il arriva enfin près de l'entrée, il distingua quelques combats là où des feux de camps étaient allumés mais il ne parvenait pas à se faire une idée de ce qu'il se passait exactement.

Soudain, un soldat arborant la bannière ebenenienne surgit de l'obscurité, s'avançant vers la porte. Il apostropha les gardes:

-"Par ordre du Lieutenant-commandant Fabeck, vous êtes sommés de faire une sortie pour faire fuir les jezdecs! Prenez sept cents hommes et rejoignez nous."

D'abord surpris par la tournure des évènements, le capitaine Weiber se ressaisit rapidement et fit donner le signal de sortie. Les soldats étant déjà réveillés par l'alerte donnée lors de l'incendie mirent peu de temps avant de se masser près de la porte ouest. Il ordonna aux lieutenants Dorner et Georg de rester au fort et de repousser quiconque tenterait de s'introduire sur les remparts. Les portes s'ouvrirent et les assiégés rejoignirent leurs alliés.

Weiber fut conduit jusqu'à Fabeck. Ce dernier lui présenta rapidement la situation et lui exposa le plan: désorganiser l'armée ennemie au maximum pour la forcer à se replier au moins quelques heures et en profiter pour détruire les installations prévues pour l'assaut. Weiber donna donc trois de ses lieutenants à l'instructeur et prit la tête du groupe de quatre cents hommes qui s'occuperaient du front nord. Le stratagème du lieutenant-commandant était risqué, mais au vu des faits exposés, il fallait impérativement qu'il réussisse.

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Oskar sentait l'adrénaline affluer en lui, mais aussi la peur et le stress. Durant la première charge, il n'avait pas eu à affronter de Jezdecs, les rares jeunes officiers avaient chevauché derrière les hommes expérimentés. La scène avait eu un coté surréaliste. D'abord tout avait semblé se passer au ralenti. Le bruit du galop et des cliquetis d'armure semblait lointain, étouffé, le vent lui caressait le visage. Ils s'étaient rapprochés des tentes lorsqu'un cor avait retenti, brisant la bulle de silence dans laquelle Oskar était plongé. S'en était alors suivi le chaos: des cris, des tintements de lame, du sang. Tout s'était passé trop vite cette fois. La vue des corps gisant au sol lui avait remué l'estomac mais il s'était à peu près ressaisi.

Maintenant, ils commençaient la deuxième partie du plan, beaucoup plus complexe et incertaine que la première. Et cette fois il allait devoir se battre. Il crispa sa main sur son épée, faisant blanchir les jointures de ses doigts sous son gantelet et raffermit aussi la prise sur ses rênes. Il rejoignit les rangs de ses alliés et se mit à avancer avec eux. Partout autour de lui, les combats avaient déjà commencé, ou plutôt ils ne s'étaient pas arrêtés depuis la charge mais l'attention du jeune homme avait été focalisée sur la discussion entre l'instructeur et le capitaine de la garde.

Il talonna son cheval qui s'élança et se dirigea vers un attroupement d'ennemis où des soldats ebeneniens étaient en difficulté. Il renversa deux jezdecs et en frappa un troisième avec sa lame. La sensation d'entailler quelqu'un pour la première fois lui provoqua un haut le cœur. Son adversaire lâcha un cri où se mêlaient douleur et rage puis tenta de riposter, mais Oskar fit cabrer sa monture dont les sabots s'élevèrent avant de retomber sur l'homme, qui fut plaqué au sol et resta inanimé.

La bataille était serrée. L'effet de surprise commençait à retomber, les clameurs ayant réveillé les Jezdecs, et il était de plus en plus difficile pour les Ebeneniens d'avancer. Ils devaient cependant persévérer car cette bataille, bien que modeste en nombre, pouvait sceller le sort de la province Nord-Est. Oskar ne comptait pas le nombre d'adversaires qu'il avait mis hors d'état de nuire. Il se concentrait pour ne pas être désarçonné, mais aussi pour ne pas rendre son dîner. Il avait croisé Erika et Joseph, qui semblaient bien s'en sortir eux aussi, mais les combats les avaient séparés rapidement.

Alors qu'il essayait de voir quelle était la situation autour de lui, un ennemi s'élança et planta sa lance dans le cheval du jeune homme. L'animal s'écroula sur la flanc après une ruade, éjectant son cavalier. L'élève officier tenta de se relever tant bien que mal, sonné. Tandis qu'il redressait la tête, il aperçut un Jezdec au dessus de lui, prêt a frapper. Instinctivement, Oskar leva son bras pour tenter de parer avec son épée mais il se rendit compte qu'il ne l'avait pas dans la main, l'ayant sûrement lâché dans sa chute. Son sang se glaça tandis son esprit tentait de trouver une solution à cette situation délicate. Il tenta de bondir en arrière mais déjà son adversaire avait commencé à lancer son bras vers lui.

Le glaive allait le toucher lorsque le jezdec se crispa et émit un gargouillis. Son arme tomba au sol et du sang sortit de la bouche de l'homme. Oskar mis une seconde à comprendre ce qu'il se passait. Deux lames avaient transpercé son ennemi par derrière, les pointes ressortant de sa gorge et de son ventre. Le corps du soldat commença à s'affaisser et à tomber vers l'avant, avant de s'écraser à coté de l'adolescent. Ce dernier remarqua alors son sauveur, ou plutôt sa sauveuse. Devant lui se tenait Herenui, l'air impassible.

Il croisa son regard et y lut une détermination froide: aucune trace de remord, de doute ou tout autre sentiment pouvant trahir les émotions de la guerrière. Il émanait d'elle une aura de puissance, intimidante malgré une taille et une carrure inférieure à la plupart des hommes présents sur le champ de bataille. Oskar eut l'intime conviction que ce n'était pas la première fois qu'elle était confrontée à ce genre de chaos et se rendit compte qu'Herenui restait encore un mystère complet. La démone secoua sèchement ses wakizashis pour en enlever le sang avant d'en rengainer un pour pouvoir tendre la main à son camarade. Oskar s'en saisit et se releva, toujours hébété par les événements des quelques dernières secondes.

-"Ton arme est là-bas" fit la guerrière en désignant du doigt l'objet à quelques mètres d'eux.

Cette phrase rompit l'état de choc dans lequel se trouvait le jeune soldat. Ses sens refluèrent d'un coup et il reprit enfin le contrôle de ses émotions. Il partit prestement chercher sa lame avant de se retourner vers la démone pour la remercier, remarquant qu'il avait totalement oublié d'exprimer sa gratitude envers Herenui. Il ne put cependant pas remédier à cette impolitesse, la démone étant déjà repartie. Il n'eut que le temps d'apercevoir un infime instant sa chevelure blanche avant qu'elle ne disparaisse dans le tourbillon de la bataille. Oskar inspira profondément et se lança à son tour, plus serein et déterminé que jamais. La bataille de Leich serait la première étape de sa carrière militaire, sa première victoire retentissante, le tremplin idéal pour un jour être à la tête de la cavalerie ebenenienne, son rêve d'enfant. 

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Bonjour à tous! Désolé pour la pause imprévue dans mes publications, j'ai du m'arrêter d'écrire pendant quelques temps pour réfléchir plus en profondeur à mon histoire et à mon univers. Je veux que mon récit soit quelques chose de plaisant à lire du coup je m'efforce d'imaginer des scènes, des sociétés et un monde cohérents, ce qui prend du temps car je dois penser assez loin dans mon récit. J'essaie de faire en sorte que chaque péripétie ait quelque chose de différent avec l'autre pour que chaque nouveau chapitre soit agréable à lire et que vous ne vous disiez pas "ah, c'est exactement la même chose qu'il y a x chapitre, c'est dommage". Mes idées ne sont pas forcément originales mais je me plait à penser qu'une histoire bien ficelée dans laquelle le lecteur ne s'ennuie pas peut compenser ce défaut. Merci à ceux qui continuent de me lire!

ps: j'esaierai de poster le prochain chapitre plus rapidement ^^

L'aventure d'Herenui [1ere version/incomplet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant