L'aventure d'Herenui [1ere version/incomplet]

Chapitre 28: L'ascension

Après une nuit régénératrice, le convoi repartit donc pour sa nouvelle destination: le fort de Leich. C'était l'une des citadelles construites le long de la frontière avec les Jezdecs, cette tribu qui avait élu domicile dans le grand plateau entouré de volcans et de montagnes à l'est de l'Empire. Ils visaient d'ailleurs depuis longtemps les grandes plaines orientales de ce dernier, espérant faire main basse sur des sols moins gelés. Contenus jusqu'à présent, ce peuple de cavalier revenait tous les étés à l'assaut. Il avait donc été décidé d'ériger deux forts dans les seuls couloirs assez larges pour faire passer d'importantes armées.

Le bastion se situait à l'entrée du col, qui formait un entonnoir naturel. Il était dominé par plusieurs pics aux cimes enneigées et était un des deux points de passage obligé entre le plateau Jezdec et la province de Krün. A l'origine uniquement réservée aux militaires, la place forte avait attiré quelques commerces, notamment des auberges, car elle se trouvait sur une voie assez fréquentée par les marchands des deux pays. La présence dissuasive et protectrice des soldats avait donc poussé de nombreux commerçants à s'installer autour des murs d'enceinte. D'abord permissifs, les officiers avaient été contraints de limiter ces constructions et d'ériger de nouveaux remparts englobant les habitations. Si les Jedzecks arrivaient, ils ne se priveraient pas pour voler et tuer les civils.

Le groupe commença donc son ascension. Le rythme était plus lent que les jours précédents, mais les bêtes tirant les chariots ne pouvaient guère aller plus vite dans les montées. La cité d'Hinterstein avait fourni cinquante hommes supplémentaires au convoi, ce qui en faisait maintenant une troupe d'environ cent vingt soldats. Plusieurs éclaireurs se relayaient pour repérer un quelconque danger mais il n'y avait jusqu'à présent rien d'anormal. Les seules personnes qu'ils croisaient étaient de simples marchands ou voyageurs.

Lorsque le soleil se coucha derrière les montagnes, le froid tomba d'un coup. Les soldats se dépêchèrent de monter les tentes et d'allumer des feux. Bien qu'ils rigolaient en mangeant, Herenui sentait que les soldats étaient plus tendus que lors du voyage jusqu'à Hinterstein. Certes le fort les protégeait des grosses armées, mais il était possible qu'une troupe de cent ou deux cents cavaliers ou soldats passe par un autre col pour effectuer des raids et saccager les possessions de l'empire.