Fantastiques

2- Nous, ou comment fuir et survivre en même temps

Il m'a fallu quelques instants pour assimiler la nouvelle mais une fois le choc passé, j'ai sauté sur mes pieds et rassemblé le peu que nous possédions avant de fuir. Une fois un sac à dos plein, je me suis tournée vers mon frère. À mon approche, il releva la tête, une lueur nouvelle dans les yeux. Nos regards se croisèrent et il hocha la tête pour accepter ma proposition implicite.

J'entendais des bruits de courses dans les escaliers. Un long hurlement de douleur traversa la tour sans pour autant stoper la course des autres. Eh oui, ces escaliers sont en bois et vieux alors si on tape du ou des pieds dessus, on a tendance a passer au travers ! Un semblant de sourire apparu sur mon visage en pensant au pauvre qui c'était écrasé dix mètres plus bas.

Après avoir repris mes esprits, je transforma Lìam en petit singe et lui donna le sac qu'il mit sur son dos.

Je pris le temps de souffler un peu pendant que mon frère grimpait sur mon dos. Il s'accrocha juste au dessus des omoplates et me tapa sur l'épaule pour me dire qu'il était prêt. Je me tourna face à la minuscule fenêtre, calcula la trajectoire et me mis à courir.

C'est au moment ou je sautais que la porte de la pièce s'ouvrit sur un troll en colère. En constatant qu'elle était vide, il poussa un cri de haine qui se fondit dans la masse.

Et moi ? Me direz-vous. Et bien vous me trouverez trente mètres plus bas, écrasée sur les pavés. Non, je plaisante. Après avoir sauté par la fenêtre, je me suis laissée tomber et j'ai dépliée mes grandes ailes, me rattrapant au dernier moment. Oui, j'aime bien les effets spectaculaires.

Les personnes qui n'étaient pas parties à l'assaut de la tour, attendaient en bas et elles furent très mécontentes de voir que nous nous étions échappés.

Je battis des ailes et repris de l'altitude pour passer au dessus des toits. Je sentais les regards de tout Daïling se poser sur moi. Dans la ville tout entière, j'étais ce qui ressemblait le plus à un ange puisqu'il n'y avait pas de "model pur sang" vivant ici. Je continuais a battre des ailes pour continuer à aller plus haut. Toujours plus haut. Et c'est dans ces moments là que l'on regrette de ne pas avoir prit de manteau ou même un bonnet. Même un petit bonnet.

Je sentais Lìam s'accrocher comme un fou pour ne pas tomber. Heureusement que je l'ai changé en singe et pas en souris ! Comment il se serait accroché sinon ? Et or de question qu'il aille dans le sac, il y aurait fait quelques crottes. Je le connaît.

Je continuais a battre des ailes pendant quelques minutes et fini par repérer un hangar à l'abri des regards. J'en fis le tour pour vérifier qu'il n'y avait pas d'éventuels curieux et atterrit devant l'entrée. Une fois sur le sol, Líam descendit, le poil hérissé. Je lui rendis sa forme dans une gerbe d'étincelles et pris le sac qu'il avait posé par terre en arrivant. Mon frère s'approcha de la porte coulissante et s'accroupit devant.

Saviez vous que la plupart des vampires on une force surhumaine ? Assez pour soulever une porte de métal pesant au moins une petite dizaine de centaines de kilos. Vu la taille de l'entrée, je pense que mes estimations sont exactes. Nous entrons en silence à l'affût du moindre bruit. Mais vu le vacarme qu'a fait Lìam en ouvrant, nous, nous sommes déjà repérés.

Le silence régnait dans l'entrepôt et Lìam me jetta un regard signifiant, "Bon la sorcière, on est seul ou pas ?". Je lui fit signe que je ne ressentais aucune présence. Nous marchons jusqu'au bout du bâtiment et nous nous asseyions sur des caisses de métal et prenons quelques minutes pour respirer.

La fuite, ça nous connais Lìam et moi. Vous vous souvenez des petits farceurs dont je vous parlais plus tôt ? Et bien nous en faisons parti. Après notre abandon, il nous a fallut nous débrouiller pour survivre. Et deux enfants hybrides demandant à manger dans les rues de Daïling, ça ne passe pas inaperçu ! Surtout quand les enfants en question commencèrent à voler pour pouvoir se nourir. Bien sûr, dès qu'on pouvait on travaillait. Mais se n'était jamais définitif. Personne, pas même les fantastiques ne veulent avoir a faire avec des hybrides. Même enfants. Alors on a apprit à se débrouiller seuls et il a souvent fallut courir pour échapper à un vendeur en colère ou à une petite frappe qui s'était prit une rouste mais qui voulait nous montrer sa supériorité en tant que "sang pur". Nous sommes un peu les rebuts de la société.

Alors vous vous doutez bien que quand vous êtes un rebut et que le "chef suprême" autorise le monde entier à vous chasser, ils arrive en courant !

- Bon, on fait quoi maintenant ?
Lìam regarda ses pieds encore quelques instants et redressa la tête.
- On quitte la ville ?
- Bonne idée mais ils vont nous griller à des kilomètres.
- T'as qu'à voler ! On fait comme tout à l'heure.
- Tout à l'heure, ça a marché parce qu'ils nous pensaient encore dans la tour. Ils étaient surpris de me voir voler et ils ont pas réagis à temps mais maintenant ils nous cherchent dans le ciel.
- Si ils nous cherchent dans le ciel, on a qu'à passer par le sol ! On marche jusqu'à la sortie de la ville. On s'en sortira dans la montagne.
- Et mes ailes t'en fait quoi gros malin ?
- Tu les rends invisible, me dit-il après un instant de réflexion. Tu colore tes cheveux en verts, tu passe pour une sorcière et moi aussi ! Tu me colore aussi les cheveux et tu me fonce les yeux. On vole deux capes et le tour est joué !
- Tu me demande de tenir un sort jusqu'à ce qu'on sorte de Daïling ? Je ne tiendrai jamais. C'est beaucoup trop loin, le contredis je en secouant la tête.
- On se rapproche le plus possible en nous cachant et quand ça devient impossible, on se transforme.
Je réfléchis quelques instants. Histoire de vérifier si sa proposition était réalisable. Nous n'étions qu'à une dizaine de kilomètres de la sortie Est.
- Ok, ça se tente.