Fantastiques

10- Quelques bonnes raisons pour éviter les elfes

Une flèche me piquait le bout du nez et l'elfe qui tenait l'arc était apparemment ravi de le pointer sur moi.
- Je l'ai chef !
Même en louchant sur ce qui me piquait le nez j'ai parfaitement vu les dents jaunes et décalées qui ornaient sa bouche. Un regard vers ses cheveux suffi pour que je comprenne que cet elfe devait être le seul sur cette planète à ne pas aimer le savon. Je vis une mouche se poser sur ses cheveux et je pari mon bras droit qu'elle y est restée collée.

- Retourne toi sans gestes brusques.
Je m'exécutai, trop heureuse de ne plus avoir à sentir son haleine.
- Avance vers le groupe.
La bout de sa flèche pointée entre mes ailes me conseillait de rester sage. Pour l'instant.

Tout doucement je me rapprochai d'un groupe d'elfe dont l'un portait l'insigne des capitaines. Et ce dernier semblait (contrairement à l'autre) être propre. Aucune trace d'Uf et de Líam.

Le capitaine m'adressa la parole avec un semblant de politesse.
- Te voilà sale chienne
À bah non en fait.
- Où il est ton comparse ? L'autre chien.
- Il me semble que lui et moi ayons reçu un prénom à notre naissance. Peut être voudriez-vous en prendre connaissance ?

Le regard méprisant qu'il me jeta suffirait à arrêter un chien en colère. Seulement, je ne suis pas en colère et encore moins un chien.

- Vous avez trouvé l'autre ?
- Pas encore capitaine répondit l'un de mes geôliers.
- Vous attendez quoi pour aller le chercher ?!
- Un "s'il vous plaît" peut être.

Une petite voix dans ma tête me dit que j'aurai du me taire. Mais tant pis. Qu'il fasse son travail oui mais qu'il manque de respect non.

Monsieur "je vais te défoncer et tu vas pas comprendre" s'approcha de moi lentement. Je gardai la tête haute attendant mon châtiment pour lui avoir enseigné la politesse. Il fit un signe de tête et toute son équipe parti à la recherche de Lìam. Seul l'elfe qui me tenait en joue resta. Le capitaine se détourna, mit quelques mètres entre nous et s'arrêta.

- Tu vas être ramené à Daïling et exécutée sur la place centrale comme la chienne que tu es.
Un instant passa.
- Ce n'est pas grave si tu arrive en morceaux.

L'homme se retourna si vite que mon cœur ne rata un battement qu'une fois la flèche plantée dans mon ventre.

Je m'effondrai. La douleur était insupportable. J'avais l'impression que l'on me lacérerai le ventre. Ce qui n'était pas si faux en soi...

Je senti qu'on me tirait les ailes pour me redresser. Ma tête fut éjectée en arrière.

À genoux, une flèche plantée dans le ventre, la tête poisseuse de deux jours de fuite et les yeux révulsés. Je peux vous dire que je leur offrais un spectacle magnifique.

- Je me suis toujours demandé ce que devenait un ange après avoir perdu ses ailes...
Ma conscience revint aussi vite quelle était partie.
- Q... Quoi...
- Tu as parfaitement entendu. un sourire sadique étira son visage qui aurait pu être parfait.

Je me mit à trembler de peur. Couper ses ailes à un ange c'est comme couper sa partie la plus importante à n'importe qui. Priver un sorcier de sa magie, empêcher un lutin de faire des farces, brûler l'arc d'un elfe, ... C'est le pire châtiment possible.

- No... Non...
- Et pourquoi pas ? Après tout, personne ne me le reprochera...

Il fit trois pas vers moi. Trois pas qui me semblèrent des milliers. Trois pas durant lesquels j'ai tout revu. Mon premier vol avec Lìam m'acclamant plus bas. Un de mes nombreux virages mal négociés entre deux tours et la longue chute qui avait suivit. Le premier vol de Lìam sur mon dos. Mon premier looping, mes courses de vitesse avec les oiseaux. Mes ballades au dessus de Daïling. Lìam brossant mes plumes. Une de mes balades en solitaire dans la montagne. Mes entraînements pour sauter de la fenêtre de la tour en cas d'urgence, ...

Tellement de souvenirs, plus que ce que je ne pourrais jamais citer.

Trois pas qui allaient déterminer mon avenir. Ailles ? Sans ailles ? Allais-je vraiment attendre qu'il brandisse une épée pour réagir ? Entre mourir et ne plus jamais voler, le choix était vite fait pour moi.

J'ai relevé la tête au moment où il arrivait à ma hauteur.
- Non. Jamais.