Alchimie littéraire

15. Je suis ton secret

— Elle vient me gonfler à chaque fois qu'elle passe, se justifie-t-il. C'était pas méchant.

Je lui souris en lui assurant que tout va bien et des images de moi, enceinte de quatre mois jaillissent dans mon esprit. Merde. C'en devient vraiment grave.

— Elle voulait s'assurer que tu allais bien, c'est tout.

— Je voulais pas qu'elle te voit.

Cette remarque me rappelle ce que je lui ai répondu mercredi, quand il a passé l'après-midi, la soirée et la nuit avec moi, sans que Judith ne soit au courant de tout ça.

— Alors moi aussi, je suis censée être un secret ? lancé-je curieuse.

— T'as peut-être envie qu'on te voie avec moi alors que t'étais avec Winslet il y a moins de deux jours ?

OK, là il marque un point, mais je suis persuadée qu'il y a une autre raison et qu'il ne m'en fera certainement pas part. Pas aujourd'hui.

— Pourquoi est-ce qu'elle a dit que tu n'amenais personne chez toi ?

Il glisse sa main dans ses cheveux et il me tend mon téléphone en le sortant de sa poche de jogging. Son corps est tout proche du mien et j'ai soudainement envie de passer mes bras autour de sa taille, mais je m'abstiens.

— Les souvenirs ont tendance à me bouffer facilement, admet-il tout bas. Je préfère qu'ils restent hors de chez moi si jamais ça se passe mal.

Alors comment est-ce que cette relation pourrait-elle bien se finir ? Devrais-je sincèrement lui faire confiance sur ce coup-là ?

— Alors tu prends le risque ?

— La vie est un risque, non ?

Je range mon portable et croise les bras sur ma poitrine en levant la tête vers lui. Il soupire et s'allonge dans le canapé pour regarder son manga. Son genou contre le dossier du canapé et l'autre jambe au sol, il me fait signe de venir en posant son ordinateur sur la table basse. Je me mets à l'autre bout du sofa, de façon à ce qu'il ne me touche pas malgré la proximité de son genou dans mon dos et je regarde l'écran avec lui.

— Pourquoi il t'a dit que tu pouvais me baiser ? m'interroge-t-il en parlant d'Adam.

Je m'empourpre et tourne la tête vers lui. L'expression de son regard me fait comprendre que c'est une question très sérieuse, pas dans le but de me déstabiliser ou me blesser.

— Je n'en sais rien, inventé-je. Il devait être jaloux que tu me parles...

— Menteuse, accuse-t-il en s'asseyant.

— Nous n'avons jamais couché ensemble... avoué-je en fermant les yeux.

Il opine tout bas et je frissonne en sentant sa main sur le bas de mon dos.

— Pas de coup, compris ?

— Retire ta main de là où elle est, ou je te jure que je t'en mettrais un.

— Pourquoi ? me défie-t-il en me caressant plus haut.

— Parce que. C'est tout.

Ma réponse ne lui plaît probablement pas, alors il attrape mes hanches et me tire vers lui en me calant entre ses jambes, son torse plaqué à mon dos et son souffle chatouillant mon cou.

— Reste-là, m'ordonne-t-il d'une voix rauque.

Je jette quelques coups d'œil à son coude contre ma taille et sa main sur mon genou, puis je me liquéfie sur place lorsque ses doigts jouent distraitement avec les miens pendant qu'il regarde Kuroko's Basket.