21. Ma meilleure amie

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— Je comprends, Emy, mais tu ne vas pas rester dans le noir, ici, toute la soirée...

— Je reviens demain à la fac, OK ? Tu as mon dictaphone ?

Judith me le tend, je l'attrape rapidement et me recroqueville sur moi-même. Les cours ont repris la semaine dernière et il y a des jours où je ne viens pas à l'université. Je m'arrange pour cacher mon visage de zombie, j'ai le teint blafard malgré la maquillage et Lukas m'a proposé de tenir le club seul jusqu'à ce que je me sente mieux. Taylor aurait honte que je m'apitoie sur mon sort, il était tellement fort...

Je pleure souvent, mais seuls ma colocataire et mon meilleur ami le savent. Je ne me suis jamais autant caché de toute ma vie. Je me fais violence pour ne pas prendre mon portable et lui avouer ce que je ressens. Et cette idée me semble mauvaise à chaque fois que j'imagine sa réaction : le rejet, la moquerie, l'humiliation.

Mon amie sort de ma chambre en laissant la porte ouverte, je me lève et grimace lorsque la lumière du salon attaque mes yeux.

Pour la nouvelle année, elle m'a forcée à sortir en boîte et nous nous sommes amusées toutes les deux. J'ai pas mal bu, mais elle s'est portée volontaire pour être Sam cette nuit. Je lui ai tout expliqué, de a à z, et elle m'a sagement écoutée. Quant à elle, j'ai pu comprendre que c'était tendu avec Dallen. Comme me le suggérait Elijah, il traînait bel et bien dans ce genre de jeu, mais il a fait une pause depuis qu'il est avec Judith. Cette dernière a dû mal à y croire donc elle passe beaucoup moins de temps avec lui.

— Mon Dieu, juré-je en m'appuyant sur le mur de la cuisine. Ma tête...

Elle me tend un médicament en m'assurant que ça ira mieux et s'occupe du dîner.

— Va prendre une douche. C'est prêt dans dix minutes.

J'opine, elle me serre dans ses bras et je m'enferme dans la salle de bains. L'eau de la douche coule, je me déshabille et en cherchant mon savon dans le placard sous le lavabo, je me cogne le front. J'étouffe un juron et me regarde dans le miroir. Je ne sais pas ce qui me prend, mais je rigole en voyant la marque sur mon front. Comme le jour où il m'a touchée pour la première fois pour éviter que je ne tombe.

Je me détends sous la douche, j'en sors dix minutes plus tard et je dîne avec Judith : du riz au curry et une escalope de dinde. Vu son sourire, je dois avoir meilleure mine malgré la marque sur mon front.

— Tu viens demain, du coup ?

— Oui. Je dois arrêter de me cacher et t'obliger à t'occuper de moi. Les peines de cœur, je crois que ça suffit.

— Il m'a demandé de tes nouvelles deux fois aujourd'hui. Il te cherche partout et je crois qu'il tient à toi. Est-ce que vous en avez parlé ?

— Je pense, oui.

— Tu l'as écouté ou tu as monopolisé la conversation ? Est-ce que tu as été claire avec lui ou tu laisses les suppositions te bouffer le moral ?

— Je l'ai plutôt accusé. Mais sérieusement Judith, c'est pas le genre d'hommes à être attiré par quelqu'un jusqu'à aimer cette personne.

Elle fronce les sourcils et débarrasse les assiettes. Visiblement, elle n'est pas d'accord. Je pense qu'en fait, j'ai tellement peur de la réponse que je refuse d'avoir une conversation avec lui.

— Tu es bornée, mais je pense qu'il est mieux que tu en parles avec le concerné. Crois-moi, tu te sentiras mieux.

— Pas maintenant.

— Au moins tu ne rejettes pas l'idée, je suis contente. Aller, traine pas, j'ai un visage à rattraper demain matin. Je me lèverai plus tôt et je m'armerai de ma grosse trousse de maquillage pour masquer tes gros cernes et ton teint pâle.

— Tu es sûre que tu ne seras pas fatiguée ?

— Crois-moi, Emy, c'est bien plus fatiguant de rentrer pour retrouver un zombie qui sanglote que de me lever plus tôt pour te faire sortir de là. Je veux que tu ailles mieux parce que tu es ma meilleure amie, et les amies, on en prend soin. Toujours.

Ses mots me vont droit au cœur. Elle ne me blesse pas, elle me fait comprendre qu'elle arrive au stade où elle ne supporte plus de voir mes émotions me détruire. Je ne fais rien pour arrêter cette dérision qui m'arrache le cœur, il est temps que je sorte de cette phase.

— Je t'aime, Judith, moi aussi. Mais s'il te plaît, cache-moi d'Elijah... supplié-je en la serrant dans mes bras.

— Je le ferais pour toi à condition que tu quittes ce visage dépressif, hein ? opine-t-elle en essuyant mes larmes. Je veux retrouver l'Emy joyeuse.

Je hoche la tête, finalement décidée à revenir car ma meilleure amie me manque. Ma vie d'avant me manque.

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Emy retourne sur le ring, mais comment ça va se passer à l'université, désormais ?

Alchimie littéraireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant