18. Machination

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Je fronce les sourcils en bougeant sur le matelas et tends le bras sur côté, espérant trouver Elijah. J'écarquille les yeux en touchant la place vide et m'assieds brusquement sur le lit. Il a encore fui. Et j'aurais dû m'y attendre.

Je ferme les yeux en me souvenant de ses mains sur ma peau, son timbre de demandant de lui faire confiance et ses murmures alors qu'il bougeait en moi. J'en ai encore des frissons et un petit sourire se dessine, témoignant à quel point il a été bon si l'on oublie que ce n'est que le résultat d'une machination. Je l'ai voulu, presque autant que lui. Et je me suis laisser guider, incapable de me défaire de son emprise. Il semblait si sûr de lui, mais si effrayé par ce qu'il me faisait. Je payerais cher pour savoir ce qu'il pensait à ce moment-là.

Je sais que je ne devrais pas avoir envie de recommencer, mais je n'ai plus la force de m'opposer à ce que je ressens. C'est peut-être mieux qu'il soit rentré à son appartement, je n'ai pas à réfléchir à ma façon de le regarder juste après cette nuit.

Mon réveil affiche 11 h 46, je me lève, attache mes cheveux emmêlés et enfile un legging noir et un gilet. J'ouvre la porte de ma chambre, frotte mes yeux et je devine que Judith est déjà réveillée en l'entendant parler. Je suis sûre qu'elle n'a rien entendu, nous avions terminé lorsqu'elle est rentrée avec Dallen.

Je débouche du couloir et j'aperçois Judith en train de discuter avec Elijah, adossé au plan de travail de la cuisine, les bras croisés. Je manque de m'étouffer en le voyant vêtu de son jean et de son débardeur pour cacher ses cicatrices et déglutis au moment où il lève les yeux vers moi. Ma coloc suit son regard et elle m'aperçoit à l'entrée du couloir, en retrait. Je suis terriblement gênée et jalouse qu'elle lui parle. Mais la façon dont elle le regarde est différent, on dirait qu'elle se retire de la bataille puisqu'elle a bien dû constater qu'il a dormi avec moi, pas avec elle. C'est ma meilleure amie en plus d'être ma coloc, je ne devrais pas être si méfiante lorsqu'elle discute avec Elijah.

— Salut ma biche, bien dormi ?

Je lui rends un sourire et elle me claque un bisou sur la joue en venant à moi. Ce n'est pas anodin, je suis sûre qu'elle a plein de choses à me dire et mes doutes sont confirmés lorsqu'elle se penche à mon oreille et me glisse :

— Tu aurais pu me dire que tu te faisais numéro 16. Mais fais attention à toi.

J'ai déjà entendu ça de la bouche du concerné avant de partir de son appartement, quand il était malade. « Fait attention à toi ». Ses pupilles sombres se plantent dans les miennes lorsque mon amie parle et je mordille ma lèvre, embarrassée.

Je m'avance vers la machine à café en ignorant Elijah et Judith retourne dans sa chambre, dans laquelle elle discute avec son petit-ami. Il y a beaucoup de tension dans l'air, ce matin, et elle ne descendra pas tant qu'il sera là, à me fixer comme si je venais d'ailleurs. Je sais que je blesse son égo en faisant comme s'il était invisible, mais ai-je d'autres choix ?

Mon café prêt, je quitte la cuisine et pose ma tasse sur la table à manger. Moi qui voulais que tout ça reste un secret, c'est raté. Je tremble en portant la tasse à mes lèvres et tourne la tête pour ne pas lui parler et encore moins le regarder. Mes doigts chancellent tellement que je m'en mets dessus en me souvenant de ses doigts sur ma peau, sa bouche sur la mienne, lui en moi...

— Bordel de merde, juré-je tout bas en me levant.

Il n'a pas bougé d'un poil, et je cache ma poitrine qui pointe sous mon gilet. Je rêverais que ses dents mordent mon sein, mais ce n'est certainement pas raisonnable. Rien de tout ça n'est raisonnable.

— Je t'avais dit de ne pas te montrer, grincé-je en attrapant un chiffon.

— Je sais.

Mon Dieu, cette voix...

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