Chapitre 2

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Chapitre 2 :

« Tetsuya » chuchota une voix. « Tetsuya, réveilles-toi. Tetsu ! » Un cri soudain fit s'ouvrir les yeux de Kuroko et s'asseoir en une position défensive. Une subite douleur traversa son corps. « Fais attention ». Une paire de mains appuya gentiment sur ses épaules. Il se recoucha lentement avec un tressaillement. « Tu ne veux pas te blesser à nouveau. Reste juste ainsi. »

Kuroko tourna légèrement la tête, reconnaissant la voix douce qui parlait. Ça lui prit un moment pour éclaircir sa vision embrumée. « Otou-san ? » Essaya-t-il de dire, mais avec ses lèvres gercées et sa gorge très sèche, ses mots sortirent écorchés et faibles.

L'homme anxieux assis à côté du lit lui fit un petit sourire. Il avait aussi les cheveux bleus, mais ses yeux étaient d'un marron profond. Malgré qu'il possède la frêle stature de son fils, il était décemment grand avec la peau pâle. Cependant, à la place d'un visage froid, impassible, l'homme avait une expression douce et inquiète envers son fils blessé. Des larmes montèrent à ses yeux bruns brillants.

« Dieu merci. » chuchota Haru, le père de Kuroko. « Tu vas bien. » Kuroko regarda son père s'agenouiller doucement sur le sol et le prendre dans une confortable étreinte, faisant attention à ses blessures. Le plus petit homme, ignorant la douleur, entoura lentement le corps fin de son père de ses bras. « Je suis désolé, Tetsu » murmura Haru. Kuroko pouvait sentir des gouttelettes mouillées tomber sur ses cheveux.

« Pourquoi t'excuses-tu, Otou-san ? » Il relâcha son père et regarda droit dans ses yeux, « Ce n'est pas ta faute. »

Haru secoua la tête. « Ça l'est, Tetsuya. J'ai épousé ce monstre et je ne peux rien faire à ce propos. Elle aurait ta garde si je divorçais, et je ne peux pas le supporter. » Son père prit une inspiration tremblante et plaça une main sur son visage avec un sombre gloussement. « Regardez-moi, un homme qui pleure. Je ne devrais pas pleurer. Tu es celui qui endure la douleur. » Haru releva le regard et leva une main. Il tressaillit quand Kuroko recula instinctivement, mais sa mais continua d'avancer jusqu'à ce qu'elle atteigne les cheveux de Kuroko. Il caressa les douces mèches bleues. « Je suis désolé, Tetsuya », murmura une fois de plus Haru.

« S'il te plaît, arrête, Otou-san. » Kuroko prit la main de son père dans les siennes, l'agrippant fermement. « Ce n'est pas ta faute. N'essaies pas de prendre le fardeau de mes douleurs sur toi. » Il hésita avant de demander. « Est-ce qu'Okaa-san est à la maison ? »

Haru secoua la tête. « Elle est partie il y a quelques instants. Ça m'a donné le temps de bander tes blessures. » Son père regarda les bandages autour du corps de Kuroko. « Est-ce que ça fait très mal ? » vint l'horrible question. Kuroko ne répondit pas alors que son père le rejoignait sur le lit et poussait gentiment le petit corps contre son large torse. En fait, le garçon le remercia en appuyant sa tête contre la poitrine de son père et attrapa la raide chemise boutonnée qu'il savait que son père ne portait qu'aux réunions d'affaires. « Ne te retiens pas, Tetsu, je sais que ça fait mal. Laisse tout sortir. »

Kuroko enfonça seulement plus son visage dans la chemise de son père et resta immobile.

Père et fils restèrent ainsi pour ce qui semble être des heures, les deux souhaitant désespérément que le temps s'arrête.

~Ellipse~

« Ne bouges pas, d'accord ? » Haru plaça les couvertures sur le corps de Kuroko. « Je reviens bientôt. Je vais fermer ta porte de l'extérieur avec la clé. Si ta mère reviens à la maison, n'ouvres pas la porte. Reste juste silencieux et fais comme si tu n'étais pas là, peu importe ce qu'elle dit. Tu as mon numéro de téléphone, donc appelle-moi si quelque chose de mauvais se passe. Et... » Haru hésita, mais dit « Je me moque de combien tu respectes ta mère ou de combien tu penses être faible. Si d'une quelconque manière elle rentre dans cette chambre pour te blesser, tu te bats. Tu m'entends, Tetsuya ? Tu te bats. »

« Hai, Otou-san » fut la calme réponse de Kuroko.

Haru acquiesça de la tête, sachant que son si poli fils ne lui désobéirait pas. « J'y vais maintenant. N'hésites pas à m'appeler, Tetsu. Je décrocherai toujours. » Il posa un rapide baiser sur le front de son fils avant de sortir, en s'assurant de fermer la porte de la chambre de Kuroko à clé.

Kuroko écouta la porte se fermer avant de se relaxer visiblement contre la tête de lit. En ayant finalement l'occasion, il regarda autour de lui. Il réalisa qu'il était dans sa chambre et que son père avait probablement dû le transporter après s'être disputé avec sa mère. Les murs étaient d'un bleu lumineux, s'accordant avec la couleur de la douce moquette. La chambre était simple, comme attendu de Kuroko. Le lit sur lequel il était allongé était dans un coin, à côté d'un bureau et d'une chaise en bois assorti. Une poubelle quelconque était placée sous le bureau. Son sac de cours était resté près de la porte.

Kuroko eut un inaudible soupir et regarda son téléphone, où tous les jours d'entraînement étaient notés. Il tressaillit quand il vit qu'il y en avait un autre cet après-midi. « Comment pourrais-je leur expliquer ça ? » se demanda silencieusement l'adolescent blessé. Il décida d'appeler Kagami, juste pour les assurer qu'il ne séchait pas l'entraînement. Avec le match contre Kaijou qui approche, ils vont s'énerver, pensa Kuroko d'un ton maussade.

« Ouais ? » la forte voix de Kagami retentit dans le combiné. « C'est toi Kuroko ? »

« Hai. » répondit poliment Kuroko. Mais avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit d'autre, la question de Kagami l'interrompit :

« Où es-tu ? » Tu es en retard, et je me suis fait engueuler à cause de toi ! Ne me dis pas que tu sèches. Nous avons un match contre Kaijou, bientôt ! Oï Kuroko, est-ce que tu écoutes ? Ramène ton cul ici, maintenant ! »

« Je suis désolé, Kagami-kun, mais je ne peux pas venir, aujourd'hui. »

« Quoi ? Pourquoi pas ? »

« Je suis désolé, Kagami-kun. Je ne serai pas capable de venir m'entraîner pendant quelques jours. »

Il y eut un silence incrédule. « Tu allais bien, tout à l'heure, Kuroko ! Est-ce que ça a quelque chose à voir avec le fait de venir voir ta maison ? Certains d'entre nous plaisantaient juste, tu sais – »

« Non, ça n'a rien à voir avec ça. J'ai juste pris froid. Je suis désolé pour le dérangement. » Kuroko fit un petit salut, bien que personne ne puisse le voir. Quand Kagami ne répondit pas durant un moment, il demanda prudemment « Kagami-kun ? Pourrais-tu, s'il te plaît, prévenir Riko-san de mon état ? »

Kagami laissa échapper un long soupir dans le téléphone. « Ouais. Bien sûr. Vas vite mieux, okay ? »

« Oui. » dit le poli garçon, qui raccrocha alors avant que quoique ce soit d'autre ne soit dit.

~Ellipse~

« Kuroko ne va pas être capable de le faire » annonça lourdement Kagami. « Il est malade ».

Le son des balles de basket rebondissant contre le sol du gymnase s'arrêta brusquement. Les têtes se tournèrent. Les expressions devinrent incrédules. Les mouvements se figèrent.

« Kuroko est... malade ? » demanda Hyuuga.

Kagami leva son téléphone et l'agita. « C'est ce qu'il vient juste de dire. »

« Mais il allait bien plus tôt ! » protesta Koganei.

« Es-tu sûr que ce n'est pas juste une excuse ? » demanda Teppei.

« Si c'est une excuse, je le frapperai » dit sombrement Riko.

Le rouge grogna. « Il m'a juste dit de passer le message. Rien d'autre. » Il se pencha et ramassa un ballon qui roulait. La balle passa plusieurs fois d'une de ses mains à l'autre avant qu'il ne la jette de toutes ses forces contre le mur. Personne ne fit de commentaire sur le petit creux que cela forma. « Bordel Kuroko » murmura Kagami, respirant fortement. « Par l'enfer, qu'est-ce que tu caches ? »

Trahison dans sa plus simple formeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant