Une histoire de mannequin

XIV

J'ouvre les yeux, je suis trempée de sueur, et des larmes salées sont en train de dévaler mes joues. Je reprends mes esprits, Bill me chevauche, il tient mes épaules en soupirant de soulagement on dirait.

"Ton coeur bat vite. Calme-toi." Et c'est vrai. Je respire à la vitesse... De je ne sais quoi.

"J'allais partir au boulot lorsque j'ai entendu du bruit. C'est Iris c'est ça ?" J'hoche simplement la tête, les images me revenant en tête.

"Bon. Je pense que-

- Non, vas-y ! Je ne veux pas te retarder.

- Mais tu es mal. Tu n'es pas bien. Je n'aime pas te laisser comme ça.

- Ce n'est qu'un cauchemar Bill

- Un cauchemar qui te hante un peu trop." Habillé de son costume cravate, il s'allonge à coté de moi.

"Je vais donner la main à quelqu'un pour aujourd'hui.

- Bill-

- Non. Tais-toi, rendors-toi, je m'occupe de toi !

- M-

- Joyce.

- Ok.." Il se lève, enlève sa veste de smoking et prend son portable dans sa poche. Il parle quelques minutes pour appeler cette fameuse personne qui le remplacera aujourd'hui. Puis il s'approche de moi après ce court appel.

"Okay alors hm... Je te prépare quoi comme petit-déjeuner ?" Il sourit, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi attentionné pour un cauchemar.

"Euh je vais le faire.

- Hop hop hop ! Tu te rallonges ! Je m'en occupe !

- B-" il pose son index sur mes lèvres puis sors de ma chambre. Ok, alors je viens de découvrir la partie la plus chiante de Bill. Je déteste quand on me sert sur un plateau d'argent, parce que je ne tiens pas en place. Un mal de crâne me prend, mais j'essai de l'oublier. Je ne dois pas être malade, pas maintenant, sinon il sera encore plus chiant. Mais pourtant ma gorge commence à me piquer. J'attends, encore et encore jusqu'à temps que la porte s'ouvre. Et à ce moment précis j'éternue.

"Tu es malade ?

- Non

- Tu es rouge. Tu as chaud ?" Il pose sa main sur mon front, en grimaçant.

"Tu es brûlante pourtant. Je vais t'emmener chez le médecin.

- Non ! Je suis trop couverte ! C'est tout !

- Joyce, s'il te plait. Bon, tiens." Il pose le plateau sur mes genoux, tout en s'asseyant sur le matelas.

"Tu vas rester habillé  avec cette tenue de travail toute la journée ?

- Pourquoi pas ? Tu n'aimes pas ?" Bien sûr que j'aime bien, il est vraiment sexy mais je le préfère avec son petit look détraqué, rock, comme vous voulez.

"Je préfère tes jeans à trous.

- Hmm... Ok !" J'attrape sa cravate avant qu'il ne se sauve.

"Mais ça n'empêche en rien que tu sois sexy.

- Si tu le dis." Il embrasse ma tempe, je déteste définitivement être malade. Mais pourtant il presse sa bouche contre la mienne.

"Tu vas être malade !

- Tu vois, tu l'es. Mais ce n'est pas grave, je m'en fiche." Son sourire éblouissant m'aide à oublier mon mal de crâne. Mais ça ne dure malheureusement pas.

"Repose-toi maintenant, je vais travailler dans mon bureau, si tu as besoin de quelque chose tu m'appelles.

- D'accord." Il sort de la chambre, je me lève du lit pour prendre mes croquis. Je continue mes dessins, puis une soif m'ordonne à l'appeler. Mais je ne le fais pas, car je suis têtue ! Je me lève, ouvre délicatement la porte pour ne pas faire de bruit. Je l'observe dans son bureau, il mord son crayon, il est vraiment occupé alors raison de plus pour ne pas le déranger ! J'avance lentement, commence à descendre les escaliers. Mais ils craquent.

"Joyce." Je me retourne, les mains derrière le dos avec mon expression d'ange innocent.

"Oui ?" Il glisse sa main sur son visage, je crois que je le désespère vraiment.

"Je t'ai dit de m'appeler si tu voulais quelque chose.

- Je n'ai pas entendu.

- Menteuse." Son sourire me donne la chair de poule, c'est un sourire qui prévient une bêtise alors je m'enfuis jusqu'au salon, me cachant derrière le canapé. Je l'entends rire, pourtant il n'est pas dans la bonne pièce. J'étouffe mes rires dans ma main, lorsque je sens ses bras m'attraper et me soulever.

"Je t'ai eu.

- Je ne t'ai même pas entendu arriver.

- Je sais." Il me tient contre lui, son souffle et ses bisous dans le cou me font frémir.

"Je t'oblige à rester à la maison et si je te dérange quand tu travailles c'est trop.. Je n'aime pas déra-

- Tu ne me déranges pas Joyce

- Si, tu étais occupé alors j'ai préféré te laisser, surtout pour un verre d'eau." Il soupire devant moi. Il sait à quel point je suis têtue, et il sait à quel point il me provoque. Il me conduit sur le canapé et part chercher ce fameux verre d'eau.

"Merci." Je le bois d'un coup, puis le pose sur la table basse. Le téléphone de Bill sonne, il sourit.

"C'est Tom." Il décroche, son sourire ne disparaît pas.

"Elle va mieux ? Cool ! Vous revenez quand ?" Et c'est là que son sourire disparaît.

"Ah.. Hm.. Tu me manques. Je te la passe." Il me tend le téléphone, je le regarde avec des yeux interrogateurs et me force à ne pas poser de questions.

"Allô ?

- Joyce ?" Les larmes me montent aux yeux lorsque j'entends la voix d'Iris, Bill se précipite à coté de moi pour caresser mon dos.

"Oh non ne pleure pas !

- Tu me manques..

- Toi aussi tu me manques. Comment ça va ?

- Bien, je suis un peu malade mais ça va. C'est vide sans vous. Et toi, ça s'améliore ?

- Oui, je dois avoir encore des soins, Tom reste avec moi tout le temps. Il aide aussi ma mère, et ça m'inquiète un peu parce qu'il ressemble à un zombie. Il est épuisé.

- Je m'en doute.

- Je dois encore rester plus d'une semaine,

- Ah..

- Je t'aime Joyce, je dois te laisser l'infirmière est là.

- Moi aussi je t'aime."

Mais ce qui me fait le plus mal au coeur dans tout ça, c'est la lenteur de ses mots et sa voix faible.