Dans l'habitacle de la limousine, seul le ronronnement feutré du moteur de la limousine se fait entrendre. Chacun est perdu dans ses pensées. Alors qu'ils circulent sur l'avenue, Adan observe les lampadaires qui éclairent par intermittence les voitures de leur éclat miroitant. La ville a l'air si calme en apparence. Comment en est-elle arrivée à représenter une telle menace ? Leur véhicule tourne et s'engage doucement dans le boulevard menant à la villa. L'oreillette d'Adan bourdonne et il l'active. Ils sursautent tous en entendant Jessie crier :
« Adam ! Venez vite », supplie la femme. « Il se passe quelque chose ! »
Un choc sourd.
— Jessie ! crie Adan.
Aucune réponse. Les occupants de la limousine se regardent. Mich abaisse la vitre qui les sépare de l'habitacle avant :
— Chen ! Plus vite : à la maison !
La tension s'installe alors que le véhicule parcourt les derniers kilomètres en un temps record. Le passage de la guérite est un supplice de lenteur. Rendu devant la villa, Adan descend du véhicule alors que la limo est encore en marche. Il avale les marches du palier et ouvre l'immense porte devant une domestique aux traits surpris par l'entrée intempestive du journaliste. Derrière, Mich et Alva s'engouffrent à sa suite.
— Mitsou ! Où est le Docteur Naisha ?
— À la piscine Monsieur. Avez-vous besoin de quelque chose ?
— Je vous appelle au besoin...répond Mich en se précipitant aussi vers la piscine.
Alors qu'il arrive dans la pièce aux reflets bleutés, il voit Alva qui plonge dans l'eau, à demi dénudée, à la suite d'Adan qui s'immerge déjà vers le cocon. Ce-dernier tremble et des ondes lumineuses le parcourent. Il voit les mains de Broot qui se tendent vers l'extérieur de sa prison d'algues. Il tente de sortir.
Jessie est déjà sous l'eau, en jeans court et chandail sans manche, tout comme la femme médecin, Naisha Npundu. Adan les rejoint dans leurs tentatives pour briser la coque du nid de Broot. Mich fait sauter ses souliers et le haut de ses vêtements. Son couteau en main, il plonge à son tour et ajoute ses forces aux leurs. À eux cinq, ils arrachent sans ménagement les algues qui forment le cocon. La lenteur de leurs gestes sous l'eau les fait pester et ils craignent de blesser l'occupant. Ils remontent à tour de rôle pour s'oxygéner. Leur manège dure depuis un bon 15 minutes, mais tout ce qu'ils réussissent à faire c'est d'éparpiller des morceaux d'algues dans les eaux autour d'eux, donnant une couleur rougeâtre à la scène.
— Alva ! Pourquoi on ne peut l'en extraire ? grogne Adan, le souffle coupé.
— Le cocon se reforme et se referme encore davantage pour le protéger, observe la jeune femme.
— Plus on force, plus il résiste, constate Jessie qui vient de remonter.
Mich lance un regard vers Adan et range son couteau.
— « Utilise la force de ton adversaire : cède pour mieux vaincre. » cite le tibétain avec un regard appuyé, avant de replonger vers le cocon.
— Ne le forcez plus, ordonne Adan en suivant son ami.
Rendu au fond de l'eau, Adan freine les efforts de la docteure qui remonte à la surface. Il prend une des mains de Broot. Elle ne lui renvoie qu'une très faible pression. Il entoure le cocon dans ses bras alors que Mich en fait autant. Jessie et Alva les rejoignent et calquent leur geste. Ils semblent former une deuxième couche autour de l'habitacle du gamin.
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C-14 : L'Enfant sans ombre
Science Fiction*Fiction gagnante du Prix du Sabre Laser (1ière place) aux @X-Writor 2018 :)* « Dans la Baie de Santos, rien ne va plus. - Ne remettez plus les pieds dans cette firme, Monsieur Lescaux. Vous êtes personna non grata. M'avez-vous bien compris ? ...