Le cœur battant la chamade, Sophie, impuissante, se trouva incapable de bouger tant la peur la tétanisait. Bien sûr, que c'était lui. Le mort-vivant. L'orphique, comme Heath avait dit. Colibri avait eu le temps, à la clinique, de se renseigner sur l'historique de cette créature qui avait été jadis humaine. Il avait bel et bien existé.
Et il se trouvait juste derrière sa porte, elle pouvait voir la poignée tourner lentement. Une petite voix, dans un recoin de son crâne, lui intima : « Prends. Ton. Téléphone ! », mais la terreur la plus pure paralysait le moindre de ses muscles. Elle sentit des larmes d'angoisse rouler sur ses joues et la porte, doucement, s'ouvrit. Sophie hoqueta de surprise :
- Vous ?!
- Ne vous emballez pas, je ne suis pas venu pour vos beaux yeux.
Colibri mit quelques secondes avant de comprendre réellement ce qui se passait : Abaddon Tahir, treizième célibataire le plus convoité du monde, se tenait dans sa chambre, vêtu d'un costume qui – à lui seul – eût sans doute pu payer le crédit de l'appartement. Sophie remarqua que la barbe de Tahir était toujours impeccablement négligée, que tout son être – au grand déplaisir de la jeune femme – respirait le luxe et l'assurance. Sous son regard, la petite chambre simple et intime de la médecin-légiste paraissait un taudis de favela. Le PDG balaya rapidement la pièce du regard, effaça un sourire narquois de son visage et reporta son attention sur Sophie, qui n'avait toujours pas eu le réflexe de se saisir de son téléphone.
- Je ne sais pas pourquoi, mais je vous avais imaginé une demeure moins... quelconque.
Il croisa les bras et afficha un sourire carnassier :
- Mais je ne sais vraiment pas pourquoi.
- Qu'est-ce que vous fichez ici ?! Comment êtes-vous entré ?
- J'ai crocheté la serrure. Et je viens vous demander expressément de mettre un terme à vos vacances de fonctionnaire.
- Mes...
- Non mais, regardez-vous. Il n'est même pas vingt heures et je parie que vous avez passé la journée vautrée sur ce lit !
Sophie resta de marbre. Elle réalisa que Tahir n'avait pas compris la situation. Il était de ce type d'homme qui, ayant un plan arrêté en tête, ne cherchent pas à connaître les détails incongrus susceptibles de venir perturber leurs stratagèmes. Alors, Colibri décida de laisser Abaddon s'enfoncer. Les lèvres serrées, les mâchoires contractées, elle patienta, sans plus parler.
- Vous êtes médecin de formation, vous devriez avoir une vocation qui vous pousse à davantage travailler que vos stupides collègues flics. Vous entendez lorsque je vous parle ?
- J'entends.
- Ah, parfait, je commençais à douter de vos capacités physiologiques basiques.
L'espace d'un instant, Colibri se demanda si Tahir savait. S'il ne venait pas seulement pour satisfaire un plaisir sadique. Mais elle n'imaginait pas qu'un homme si occupé et demandé pût perdre son temps en de telles futilités.
- Donc vous allez lever vos petites fesses de ce lit, et vous allez reprendre votre poste. Je n'ai plus qu'une semaine avant de voir péricliter Zenvolf Corporation, ce que vous et moi ne souhaitons pas.
- Vraiment ?
- Oui, vraiment. Oh, bien sûr, voir tomber un homme aussi incroyablement riche et populaire que moi serait une jouissance pour vous et pour bien d'autres personnes, je le sais. Mais songez également aux milliers d'employés qui se retrouveront à la porte, littéralement.
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Vampire Consultant
FantasyUne petite médecin-légiste au caractère bien trempé fréquente sans connaître sa véritable nature un séduisant vampire, frère du prince Dracula... Le jour où elle se fait enlever par une organisation étrange, tout bascule. Sa vie est détruite et ell...