parler de soi

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Il le savait. Comment se rendre compte qu'on ressent un sentiment qui nous est étranger ? Et bien tout simplement, l'absence de sentiments tout court rendait la présence, même minime, d'un quelconque semblant de ressenti plus facile à détecter. De plus, Jungkook était avantagé ; il connaissait les sentiments, en comparaison des personnes lambda réellement débutantes dans les relations humaines, il savait à quoi ça ressemblait, les effets que cela avait sur nous, et toutes les issues. Alors quand il avait pensé à son sujet autrement que comme un outil de travail, quand il l'avait considéré comme un être humain qui, peut-être, était quelqu'un de bien et qu'il avait, l'espace d'un instant, pensé que Taehyung ne méritait pas d'être tombé dans ce dont il était sûr : une dépression, alors il l'avait su. Taehyung était le premier humain depuis on ne sait quand, si période de sentiments abondants et naturels il y avait eu, à avoir bénéficié de quelque chose autre que l'indifférence venant de Jungkook.

Enfaite, ça aurait été visible pour Taehyung si déjà, il avait connu Jungkook avant, de façon extrêmement personnelle, allant jusqu'à pouvoir déchiffrer le visage énigmatiquement neutre du brun, pouvoir différencier un vrai sourire d'un faux, par exemple. Rien que ça, ça n'aurait pas été possible, puisque Jungkook n'était proche de personne, de près ou de loin, et aucun des quelques sept milliard d'habitants de cette Terre ne pouvait par conséquent revendiquer être son ami. Mais si, par un miracle, une exception impensable mais que nous feront malgré tout, Taehyung avait été si proche de Jungkook, comme dans un univers parallèle dans lequel ils seraient des connaissances de toujours, il aurait fallu, au-delà du changement d'expression du brun, que ce dernier passe dans un perception plus active, quittant son rôle d'observateur invisible. Il aurait fallu que des actes, car les sentiments ne sont jamais mieux exprimés que par les actes, toujours les actes, trahissent, en quelques sortes, l'intérieur de l'esprit pour une fois sensibilisé de Jungkook. D'habitude, son esprit était toujours très actif ; il voyait pleins de choses, avait un avis, souvent, et sa perception de la vie était intéressante, vraiment, il avait le potentiel de plaire. Mais ça n'était, et encore une fois nous le répétons, pas ce qu'il voulait.

Alors, à moins qu'il ait connu Jungkook dans une période antérieure de sa vie, et que le brun changeât totalement la manière qu'il a eu de percevoir les autres, de faire tout ce qu'il faisait, de vivre durant toute sa vie, alors jamais Taehyung ne saurait que Jungkook avait commencé à l'apprécier, et à quel point cela relevait plus du miracle qu'autre chose.


Mais revenons à nos personnages.


Jungkook ne pensait pas comme nous. Jungkook, lui, voyait les choses de façon différente, et comme si il était conditionné à avoir cette perception dans laquelle il ne jouait aucun rôle, il était arrivé à la conclusion évidente que ressentir ça ne changeait absolument rien pour lui. La vérité, c'est qu'il avait un peu peur de pouvoir ressentir pour quelqu'un qu'il venait de rencontrer, qui avait des problèmes, et qui n'avait rien de spécial, de plus que les autres. Mais parallèlement à cette peur irrationnelle, il savait que cette sympathie se déroulerait comme celles qu'il avait observé chez les autres et puisqu'au fond, rien n'était réellement nouveau pour lui, il se lasserait. Il se lassait déjà rien que de l'imaginer. Oui, ça ne serait pas intéressant, mais peut-être que ça l'aiderait dans son devoir si ça ne disparaissait pas. Toutes ces petites choses, il le savait, c'était éphémère. Ca avait beau exister, c'était éphémère.


Cela faisait maintenant quelques semaines presque que Jungkook avait commencé cette filière. Il avait appris sur cette maladie qui, curieusement, car encore et toujours, quelles étaient les chances, était celle du cas qu'il avait choisi d'étudier. Il avait pu mettre en lien au moins deux signes distinctifs : la tristesse, qui se lisait facilement chez Taehyung, et la faible estime de soi. Il avait ensuite noté les autres que son professeur avait évoqué, à savoir la perte d'intérêt pour des choses normalement capables de rendre heureux, et aussi quelques compléments d'autres signes. Seulement, son sujet avait encore une fois changé d'attitude ; il était euphorique cette fois-là, au parc, il était heureux, il en avait l'air. Cependant il aurait était difficile de ne pas remarquer la légère mélancolie de ses traits et les quelques mouvements de tête frénétiques qu'il donnait dans toutes les directions. Et donc, Jungkook avait pu émettre une nouvelle hypothèse et appuyer une autre. La première hypothèse, c'était que Taehyung, au vu de la partie de son comportement relativement enjouée, heureuse, légère, était sur la voie de la guérison. Si le premier symptôme de la dépression était la tristesse, alors la joie était pour sûr le signe d'une guérison. Le sujet était toujours autant pleins de mystères cependant, d'où la seconde hypothèse : Il était bel est bien poursuivi, d'une façon ou d'une autre, et Jungkook en était presque certain, c'était la cause de tout ça. C'était d'ailleurs sûrement pour ça qu'il ne pouvait pas encore complètement se débarrasser de sa maladie, même si il le voulait. Mais alors si c'était vrai, et pour Jungkook ça l'était, alors par qui ? Pourquoi ? Comment ? Décidément, il devenait curieux.


Psycho w/ VkookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant