Résiste-moi (en pause et réécriture)

Chapitre 15

Je crois que mon sang a cessé d'irriguer mon cerveau. Je suis si chamboulée par la tournure qu'a prise notre "conversation" que je n'entends plus ce que me dit Zac. Je ne le connais peut-être pas depuis longtemps, mais si je sais bien une chose, c'est qu'il ne se dévoile pas aussi facilement. Pas comme il vient de le faire. Alors ai-je halluciné ?

Il fronce les sourcils et passe une main dans ses cheveux, comme s'il était mal à l'aise.

- Ella, ca va ?

Je n'en sais foutrement rien. Mon coeur bat beaucoup trop vite et mes sentiments se bousculent dans ma tête. Je suis partagée entre l'envie de sauter de joie ou de rester sur ma réserve. Car, c'est certain, il y a anguille sous roche.

Soudain, le discours de Charlotte me revient. C'est comme une violente claque qui vous remet le cerveau à l'endroit: "Zac est du genre à promettre la lune pour mettre les nanas dans son lit", "ce gars-là n'est pas pour toi". L'euphorie que j'ai ressentie pendant quelques secondes s'évanouit aussitôt pour être remplacée par la colère...

- C'est encore l'un de tes jeux ? je lâche froidement

- Quoi ? De quels jeux tu parles ? réponds Zac l'air surpris

- Sortir les violons pour mieux m'humilier après !

- Putain, mais qu'est-ce que tu racontes ? Arrête Ella, tu deviens parano, ma parole !

C'est un jeu... C'est un jeu...

- Ben voyons, je suis parano maintenant ! Ça marche peut-être avec d'autres, mais pas moi. Je ne marche pas à ce petit jeu Zac !

Il passe une main dans ses cheveux. Une lueur d'incompréhension traverse ses yeux.

- T'es sérieuse, là ? siffle-t-il tout à coup irrité

- Tout à fait sérieuse.

Ouais même carrément sérieuse.

- Tu sais quoi ? Laisse tomber ! crache-il avec véhémence.

Sur ces mots, il démarre la voiture à toute vitesse puis remet le son pour me faire comprendre que la discussion est terminée. Il est furieux, je le vois. Mais cela fait-il partie de son jeu ? Sans aucun doute. Ce gars-là devrait gagner un oscar ! Celui du parfait connard. S'il croit qu'il peut me faire gober des idioties pareilles, il se met le doigt dans l'oeil. Je le déteste. Et je me déteste d'être indubitablement attiré par un abruti pareil. Encore... Je serre les dents pour m'empêcher de pleurer.

Trop tard..

Des larmes silencieuses coulent le long de mes joues. Je détourne la tête vers la vitre de la porte passagère pour ne pas me rabaisser davantage. Suis-je destinée à être une cible pour ce genre de garçon ? Ai-je fait quelque chose de mal pour mériter ça ? Pourtant j'aurai dû être préparée. Moi qui ai ramassé ma mère à la petite cuillère des dizaines de fois alors que je n'étais qu'une enfant. Moi qui m'étais promis de ne pas souffrir à cause d'eux...

Une dizaine de minutes plus tard, Zac freine sec devant ma résidence. Je récupère mon sac sur la banquette et ouvre la portière sans même lui adresser un regard. Mais il retient mon bras.

- Tu as raison, Ella. Sur toute ligne. Tu n'es qu'un putain de jeu pour moi...

Il relâche mon bras et sans me retourner, je sors de la voiture à toute vitesse. Avant même que je l'entende redémarrer, je suis arrivée dans le hall de mon immeuble, le visage baigné de chagrins. Je cours dans les escaliers de la résidence et me précipite dans ma chambre. Les larmes ne cessent de couler sur mes joues. Je referme la porte derrière moi, me déchausse et tombe sur mon lit la tête la première. Je me sens épuisée, vide et nauséeuse.