J'ai passé le week-end au lit. Je ne boirai plus jamais une goutte d'alcool de ma vie, c'est sûr ! Vendredi soir, après avoir surpris les deux étudiants en plein affaire, j'ai accepté de boire un shot de vodka caramel histoire de me détendre. Le goût n'était pas terrible et en plus ça brulait la gorge. Mais je me suis laissée prendre au jeu et j'en ai bu trois ou quatre. Ou peut-être plus, je ne m'en souviens pas. J'ai seulement le souvenir d'avoir vomi toute la nuit, en rentrant à la résidence !
Charlotte a été très patiente, mais aussi très énervante. "Eh ben dis donc Ella, pour une fille qui ne boit pas tu avais une bonne descente" n'arrêtait-elle pas de me répéter alors que j'avais la tête dans la cuvette. Le lendemain, je suis restée au lit toute la journée, avec une migraine atroce et une haleine de poney.
Heureusement, aujourd'hui je vais beaucoup mieux, je n'ai presque plus de cernes et je me sens en pleine forme. Il vaut mieux puisque c'est mon premier jour de cours. À ma grande surprise, Théo a choisi pratiquement les mêmes cours que moi. Avec Charlotte en revanche, nous n'avions que deux cours communs.
- Tu t'habilles comment ? me demande Charlotte la tête dans le placard
- Comme ça. En jean et pull gris, je réponds en lui montrant ma tenue.
Ma colocataire hausse les épaules résignée puis continues à foutre le bazar dans son armoire.
- Tu devrais te dépêcher, je n'ai pas envie d'arriver en retard au premier cours.
- Ella, détends-toi ! Les cours commencent dans une demi-heure, on aura même le temps de passer prendre un café à la cafet.
Vingt minutes plus tard, Charlie est fin prête mais on n'a pas le temps de prendre ce foutu café. Comme le trois quarts des élèves nous courrons dans le campus pour atteindre le bâtiment à l'autre bout du campus. Ma colocataire et moi nous séparons puisqu'elle ne suit pas le même cours que moi. La salle où se tient le cours de littérature anglaise appliquée est bondée d'étudiants. De loin, j'arrive à apercevoir Théo et deux chaises vides à côté de lui. Je m'assieds donc près de mon ami.
- Salut ! T'as une meilleure mine que samedi, ça fait plaisir à voir, rigole Théo.
Je lui tire la langue et sors mes affaires de cours. À ce moment précis, notre professeur se racle la gorge pour attirer notre attention et se présente brièvement. Il nous détaille le sommaire de ses cours à venir et nous donne une liste des livres à acheter. J'adore la littérature anglaise. Ma mère étant libraire j'ai été baignée dedans depuis mon plus jeune âge. Alors c'était tout naturellement que j'ai choisi ce cours.
À la fin des deux heures, je rassemble mes affaires et nous rejoignons Charlotte à la cafétéria. Ma nouvelle amie nous a commandé un café. Je la remercie vivement. J'ai vraiment besoin de caféine !
- Alors ça fait quoi d'être la fille du doyen ? demande Charlotte
Je recrache mon café sur la table. J'ai du mal entendre. Je lui demande de répéter.
- Ben vendredi soir, tu m'as dit que Mr Burton était ton père, me dit-elle en baissant considérablement la voix.
- Je t'ai dit ça ? dis-je d'une voix étranglée
Je ne me souviens vraiment pas avoir révélait un truc pareil. Pourquoi l'aurais-je fait ? Ah peut-être parce que j'étais complètement bourrée. Mon coeur bat à la chamade et ma gorge se resserre.
- Oui, quand tu m'as accompagné aux toilettes je t'ai demandé pourquoi tu es venu à WSU au lieu de l'université de San Francisco et tu m'as dit que c'était plus simple puisque ton père était le doyen. Mais ne t'inquiète pas je l'ai dit à personne, prend-elle soin d'ajouter en voyant mon visage se décomposer.
C'est certain, je ne toucherai plus une seule goutte d'alcool de ma vie. Ça ne me réussi jamais. Un frisson me parcourt. Pourquoi en ai-je parlé ? Je suis vraiment bête. Je ne sais même pas si peu leur faire confiance. À côté de moi, les yeux de Théo s'arrondissent, surpris d'apprendre la nouvelle.
- Enfin tu viens de le dire à Théo là, je crache
Charlotte se met les deux mains sur la bouche. Elle a l'air sincèrement désolée.
- Je pensais que tu lui avais dit ! se défend-elle
- Laisse tomber c'est pas grave ! Mais s'il te plait, n'en parlez à personne. Personne ne doit le savoir. Ce n'est pas comme si, je le connaissais vraiment bien en plus.
Mes deux interlocuteurs hochent la tête de manière solennelle. Je pense que je peux leu faire confiance. J'espère... De toute manière c'est fait. Et ce n'est pas de leur faute, c'est moi qui ai été assez bête pour révéler ce genre de bêtise.
- Je vais aux toilettes ! Je les informe
Je me lève de la chaise, et emporte mon gobelet de café avec moi pour le jeter. Enfin, c'était mon intention avant que je me heurte à une masse dure et chaude et que mon café se déverse sur ... le garçon de la salle de bain.
- Putain, grogne-t-il en secouant ses mains pour enlever le liquide brun qui perle sur ses doigts longs et fins.
- J... Je suis désolée, dis-je d'une voix étranglée.
Il me toise une seconde, puis son regard s'adoucit. Je sens le rouge me monter aux joues. Je n'avais pas remarqué la dernière fois, mais il a des yeux incroyablement verts et profonds.
- Tu n'as que ce mot à la bouche ? me demande-t-il sèchement
- Quoi ? dis-je interloquée
- "Désolée", tu n'as que ce mot dans ton vocabulaire ? À chaque fois qu'on se croise, tu t'excuses...
Je ne sais pas si je suis plus surprise qu'il se souvienne de moi ou du ton qu'il emploie avec moi.
- On s'est vu que deux fois...
- Et les deux fois tu t'es excusée.
- Déso..
Ella, qu'est-ce que tu fais ? Ce mec est en train de se moquer de toi et tu t'excuses ?
- Laisse tomber ! De toute manière j'allais rentrer, je me changerai comme ça, dit-il toujours aussi moqueur.
Il me regarde de la tête au pied, puis revient sur mon visage. Il passe une main dans ses cheveux châtain clair puis sourit. Je remarque ces que deux petites fossettes se creusent sur ses joues. Il sait que je le dévisage aussi, mais je ne peux rien y faire. C'est troublant !
- À plus, miss catastrophe, il me salut avant de faire volte-face et de me laisser seule au milieu du réfectoire, une flaque de café à mes pieds.
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Résiste-moi (en pause et réécriture)
RomanceElla rentre en première année au Washington Sate University. Ambitieuse et réservée, elle pensait vivre les trois prochaines années de sa vie, dans le calme absolu. Mais c'était avant de croiser le chemin de Zac, président de la fraternité Sigma Tau...