Chapitre 19

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Je jette des regards affolés autour de moi, je n'assimile pas vraiment ce qu'il se passe. Enfin si. Je sais que je suis dans de beaux draps, que la police va débarquer d'une minute à l'autre. Et je sais ce que je dois faire: courir et me cacher. Mais rien n'y fait, mes pieds restent cloués au sol. Je suis tétanisée. Je cherche du regard, Charlotte, puis la chevelure blonde de Rachel, mais en vain. Alors je reste plantée là, me faisant bousculer de toute part par la foule d'étudiants paniquée, pendant que les cliquetis des gyrophares qui balayent la zone m'éblouissent.

Pourquoi suis-je venue ? Pour me faire jeter par Zac et me faire arrêter par la police ? Génial ! Quelle cruche... Les larmes menacent de couler, mes jambes de s'écrouler. Je veux faire machine arrière, je veux être chez moi, je veux n'être jamais venue. Je veux, je veux, je veux... Je veux tout simplement ne jamais l'avoir rencontré. Je n'en serais pas là si je ne le connaissais pas. Je serai bien au chaud dans mon lit, à réviser un cours, lire un livre ou regarder pour la centième fois N'oublie Jamais.

Mais alors que je suis sur le point de fondre en larmes tel un enfant, un motard freine brusquement dans un crissement de pneu, manquant de me renverser. Je ne bouge pas, tétanisée. Je mets quelques secondes à comprendre ce qu'il se passe. Soudain, je reconnais cette moto. Je reconnais le liseré blanc brodé sur les manches de cette veste en cuir. Je reconnais ces yeux émeraude qui transpercent sauvagement les miens. Et une vague de soulagement ne tarde de m'envahir. Si bien que je suis prête à retirer tout ce que j'ai pensé quelques secondes plus tôt. Non, je ne regrette pas de l'avoir rencontré. Je ne regrette pas, un jour, d'avoir croisé son regard perçant parce que malgré tout, il me fait sentir tellement vivante. Je regrette seulement d'y être prisonnière.

- Monte, crache Zac un brin contrarié.

Il enlève son casque et me le tend.

- Et toi ? je parviens à articuler encore sous le choc.

- T'inquiète pas pour moi.

J'accepte le casque, les mains tremblantes, mais non moins rassurées de le trouver devant moi.

- Et Charlotte ? je demande soudainement inquiète pour ma colocataire.

- Elle sait ce qu'il faut faire. On n'a pas le temps, Ella. Monte !

J'obtempère. J'espère sincèrement que Charlotte sait ce qu'il faut faire. Après tout, c'est elle qui m'a emmené là, elle doit savoir quoi faire. Je lui enverrai un texto quand Zac nous aura sorti de là.

- Accroche-toi !

Je place fermement mes mains autour de sa taille. Le moteur démarre dans un grondement assourdissant. Zac roule plus vite que d'habitude zigzagant dangereusement pour ne pas heurter des étudiants en train de courir. Lorsque nous débouchant sur le bitume lisse, il prend de la vitesse. Pourvu qu'il nous sorte de cet endroit.

Mon coeur manque de s'arrêter lorsqu'il prend des virages serrés. Je plante mes ongles dans sa veste en cuir, je serre les dents, et je prie pour que nous arrivions sains et saufs chez moi. À mesure que nous avançons, les bruits des sirènes s'amoindrissent pour n'être plus qu'un murmure dans le silence nocturne. Mais Zac ne s'arrête pas. Il monte encore et encore la colline, multiplie les virages mortels.

Après ce qui m'a paru une éternité, nous ralentissons. Zac s'arrête à une cinquantaine de mètres plus loin sur le bas-côté.

- Tu peux descendre...

Sans un mot, je me détache de Zac et obéis. Une fois sur la terre ferme, et soulagée d'être entière, je tente de retirer le casque, mais une fois de plus la mentonnière me résiste.Je soupire agacée et surtout pressé d'enlever cet objet qui m'oppresse. Soudain, je sens les doigts glaciaux de Zac se faufiler entre les miens, provoquant une vague d'électricité en moi. Et en un quart de seconde, il détache cette sangle de malheur.

Résiste-moi (en pause et réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant