Chapitre 08

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Il est marié et a des enfants et après?

"T'es pas sérieuse Rokaya!" me souffle ma conscience.

Ladite sécrétaire est finalement arrivée vers dix-sept heures. Elle s'est longuement excusée, disant qu'elle avait beaucoup de choses à terminer avant de venir... Je la comprends aussi, le travail de sécrétaire n'est pas du tout facile, moi qui croyait que c'était simplement répondre au téléphone et prendre des messages pour le boss! En réalité, ce sont nous qui faisons le travail le plus difficile et les patrons ne font que signer. Aussi, il faut aussi comprendre qu'ils nous paient pour leur alléger la tâche...

Je range bien l'enveloppe qu'on m'a remise dans un des tiroirs que je ferme à clé puis me suis mise aussitôt en route pour rentrer.

A la maison, j'y ai trouvé les deux sœurs de ma mère: Tata Kalsoum et Tata Coumba. Elles sont installées au salon entrain de parler activement en peulh avec ma mère. Dommage que je ne comprenne pas ma langue maternelle.

Moi: Salamou'Aleykou, les salue-je en les interrompant.

Elles: Wa'aleykoum salam, chantent-elles en cœur alors que je serre leurs mains une par une.

Kalsoum: C'est Rokaya ça? Commence-t-elle en me désignant de la main, le regard faussement émerveillé. Hé Allah! Qu'est ce qu'elle a grandi dis donc!

Coumba: Il est vraiment temps que l'on lui trouve un mari. Han Rokaya? Tu vas finir par devenir une vieille fille.

Que Dieu m'en préserve!

Moi: Vous allez bien mes tatas chéries? Force-je un sourire aux lèvres en me laissant tomber dans le canapé, à côté de ma mère.

Elles répondent par l'affirmation puis nous nous mettons à parler de tout et de rien. On a longuement discuté et tout ce qu'on se disait n'avait ni tête, ni queue. Nos expressions mentaient, nos rires étaient faux car ils ne venaient pas du cœur et nos regards le prouvaient tout au long des mascardes. Ma mère les a mises à l'aise et les a vraiment gâtées, chose que j'ai trouvé beaucoup trop gentil de sa part. Après tout ce qu'elles lui ont fait subir, elle a fait comme s'il n'y a jamais eu de problèmes entre elles. Elle est forte!

Mes tantes... Elles et ma génitrice sont, en fait, des demi-sœurs. A l'époque, d'après ce que ma mère m'a expliquée, il y avait un de leur cousin qui la voulait comme épouse. Mais elle ne l'aimait pas, c'est mon père qu'elle voulait. Cela avait amené un grand problème au sein de la famille car mes grands parents ne voulait pas de cette ethnie "wolof". Têtue comme elle l'était, ma mère s'aventurait à crier sur tous les toits que si jamais on lui donne en mariage à son cousin, elle allait se suicider ou fuguer, qu'elle leur fera tellement honte que toute la famille se souviendrait de la leçon, même les dernières générations qui viendront après eux. Au final, on a donné sa main à mon père suite au consentement de mes grands parents. Toutefois, cela avait semé la zizanie dans ma famille maternelle et ce sont mes dites tantes qui se chargeaient de colporter des rumeurs sur ma mère, disant à tout le monde qu'elle est sur Dakar entrain de jouer aux femmes frivoles etc etc. Tous mes oncles maternels ont tout de suite couper leurs liens avec elle et jusqu'aujourdhui, ma mère est reniée par sa propre famille juste à cause de ces deux femmes.

Elles ont dit qu'elles sont ici, à Dakar, pour acheter des tissus qu'elles vont vendre à Fouta mais mon intuition de femme me dit qu'elles mentent. Je n'ai pas confiance en elles. De toutes les manières, à chaque fois qu'elles viennent ici, elles repartent en nous laissant des problèmes.

Après de longs rires, les uns aussi faux que les autres, je me suis levée pour aller saluer mon père. Il m'a manque beaucoup.

Moi: Mes tantes, je reviens tout de suite. Je vais dire bonjour à mon père.

Amour IlliciteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant