Chapter 2

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Mardi 6 janvier

Je m'appelle Draco Malefoy. Prince des Serpentards, fouine rebondissante, gamin pourri gâté, héritier d'une grande lignée de Sangs Purs C'est comme vous voulez. Vous ne pensiez pas que je tenais un journal intime, hein ? Comme quoi les meilleurs peuvent s'égarer

Dire que je me moquais de Pansy à Poudlard et que je m'amusais à lire des passages de ses états d'âme dans la salle commune des Serpentards. N'allez pas croire que je suis devenu une tapette pour autant. C'est juste que tout n'est pas rose pour moi en ce moment. Ouais, je sais, c'est pas une raison pour tenir un journal intime, surtout pour un mec et surtout pour un Malefoy. Avant de me juger, lisez donc mon explication.

C'était déjà mal parti pour moi. La guerre était perdue, mon père en tôle, ma mère instable. Ma cellule familiale, seule chose qui tenait encore debout dans mon entourage, venait de s'écrouler. Les idéaux qui avaient bercé mon enfance et mon adolescence s'étaient fait la malle depuis un moment. Pas facile de se reconstruire quand votre nom est tâché à jamais, quand les gens n'ont plus peur de vous cracher leur haine à la figure, quand vous vous retrouvez seul, désespérément seul

J'étais là et je ne savais pas pourquoi. Toute ma vie, on m'avait donné des ordres. Et maintenant, je devais faire mes propres choix. L'idée qu'il faut donner leur liberté à des gens asservis toute leur vie, sachez que c'est des conneries. Tout ce que ça donne, c'est des gens complètement paumés. Comme moi.

Au début, je pensais que ça irait, j'ai eu tellement de choses à gérer. Nous étions ruinés, il a fallu vendre le manoir pour payer l'avocat de mon père. Il a été envoyé en prison, mais ma mère et moi avons été blanchis.

Mais elle supportait mal d'avoir tout perdu (si si je vous assure !) alors j'ai du la placer à Sainte Mangouste et moi trouver quelque chose à faire de ma vie. Je devais être Mangemort. C'était comme ça, c'était inscrit depuis toujours et forcément, je l'avais bien assimilé. C'est pourquoi quand la psychomage (ne ricanez pas, tous les anciens combattants, des deux bords, doivent une fois par semaine consulter un psy par ordre du Ministère) m'a demandé « alors Monsieur Malefoy, avez vous réfléchi à votre orientation ? » je suis resté comme deux ronds de flanc.

Incapable de lui balancer une réplique acide à la figure. Du coup, elle aussi en est restée bouche bée, trop habituée à ma hargne inflexible.

J'y avais réfléchi, c'est vrai mais sans résultat. Quand j'ai commencé à dévorer des bouquins, mon père m'a balancé des doloris. Quand j'ai voulu apprendre la peinture, il a fait brûler tout mon matériel. Quand j'ai dégotté une guitare, il l'a fracassée par terre en disant que c'était pour les Moldus. Il y a aussi la fois où Non, je vais pas raconter ça, ça vous traumatiserait.

Une fois, quand j'étais petit, j'ai même voulu cuisiner un gâteau pour l'anniversaire de ma mère. Il est entré dans une rage folle, a hurlé que c'était le travail des elfes et m'a balancé par terre pour me rouer de coups. Je n'ai plus jamais approché une cuisine

Résultat, je ne savais ni en quoi j'étais doué, ni à quoi j'allais consacrer ma vie. Il y avait bien le Quidditch mais Rien que d'y penser, je me sens encore plus mal Sans la guerre, tout aurait été différent. J'aurais repris les affaires de la famille et basta. Maintenant, il n'y avait plus d'affaires. Plus de manoir, plus de terres, plus d'actions en bourse. Juste ma mère à Sainte Mangouste et moi dans un appart londonien.

J'ai consulté les brochures que m'a filé la psychomage. Et un peu par hasard, j'ai choisi la médicomagie. Il fallait bien que je fasse quelque chose en attendant de trouver ce qui me correspondait Si un jour j'y parvenais bien sûr.

Le soleil s'était levé depuis quelques longues heures quand l'ancien Serpentard se décida enfin à quitter ses draps soyeux. Il s'assit au bord du lit et se prit la tête dans les mains quelques secondes. Les premières réponses à ses questions, invariablement les mêmes, commençaient à arriver à son esprit embué. A savoir qu'on était un mardi, qu'il était midi et demi et qu'il avait raté les cours du matin de sa journée d'études... Ca ne reprenait qu'à deux heures, il avait encore du temps. Draco enfila sa robe de chambre, ouvrit d'un coup de baguette ses grands rideaux de velours qui cachaient la vue panoramique. Puis, il passa dans le salon, alla directement au bar et se servit un verre de whisky pur feu.

Guéris moi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant