« Je vais le tuer, ce connard. »
Cela faisait plusieurs minutes qu'il marchait dans le salon, les poings serrés, en jetant des insultes à l'encontre de Daniel. Bien sûr, je le laissai faire. Depuis le temps, j'avais compris que ça ne servait à rien de lui dire de se calmer, car il ne m'écouterait pas. Il serait toujours dans sa bulle à voir rouge.
Je continuai de manger tranquillement tout en lui laissant quelques parts. Je bus de l'eau et allai me brosser les dents. Son attitude me touchait. Il avait toujours été un allié quand quelque chose n'allait pas. Mais il ne savait pas la vérité. Il ne savait pas que j'étais asexuelle.
Je n'avais aucune honte à le dire, mais ce n'était que mon orientation sexuelle, pas ce que j'étais entièrement. Malheureusement, dans cette société où la plupart des personnes prenaient l'hétérosexualité comme étant une norme ou ne savait tout simplement pas que l'asexualité existait, il était difficile de se faire entendre. D'être légitime.
Et de toute façon, je ne voyais pas pourquoi je devais me définir auprès des autres. J'étais telle que j'étais et tant pis pour les personnes comme Daniel. Comme Mathieu le disait depuis tout à l'heure, il était vraiment qu'un salaud avec un ego qui le définissait.
Quand je voulus sortir de la salle de bain, je vis mon colocataire adossé sur l'encadrement de la porte.
« J'ai fini, je vais me coucher, dis-je en m'essuyant le visage.
– Ne pense plus à lui. C'est un co... un idiot pour t'avoir largué.
– Je sais Math... » soufflai-je en m'arrêtant devant lui.
Il passa tout de suite ses bras autour de ma taille et je fis de même. Nous restâmes ainsi pendant plusieurs minutes jusqu'à ce que je sente une de ses mains pétrir mes poignées d'amour.
« Tu n'aurais pas grossi toi ?
– Je ne vois pas de quoi tu parles ! envoyai-je avec une frappe sur l'épaule. Ça doit faire deux mois que je n'ai pas fait d'exercices... J'irai courir demain après le boulot.
– Vas-y plutôt le matin, le soir tu seras crevée, » me conseilla-t-il en desserrant son étreinte tout en m'éloignant de sa chaleur réconfortante.
J'acquiesçai de la tête, puis nous allâmes nous coucher chacun dans notre chambre. Deux ans qu'on vivait ensemble, et deux ans qu'il était là pour moi. J'avais pourtant longuement hésité à avoir un colocataire du sexe opposé, mais Mathieu, malgré son corps musclé avec ses entraînements en salle de sport et sa personnalité admirable, n'avait jamais tenté de me séduire.
Il restait respectueux et taquin à certains moments, mais nous avions vécu tellement de choses ces dernières années, que nous n'avions plus vraiment de gêne entre nous. Notre relation faisait du bien, me faisait du bien. Elle était juste stable et c'était ce qu'il me fallait maintenant.
Je m'en voulais aussi d'avoir négligé Mathieu. Depuis que j'étais avec Daniel, je m'étais éloignée de lui, et je ne savais même plus s'il avait une petite-amie ou non maintenant. Je devais absolument lui parler demain. Étant donné qu'il travaillait le matin, nous pourrions dîner ensemble dans un restaurant pour qu'il me raconte ce que j'avais loupé à cause de mon égoïsme.
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Un cœur à aimer
RomanceUne jeune femme tente de trouver l'amour. Elle cherche un cœur à aimer désespérément, mais les échecs se suivent sans remords la laissant dans sa solitude.