Je restai à le fixer. Mes yeux scrutaient ses lèvres bouger rapidement puis soupirer avec exaspération.
« Nathalie, tu m'écoutes ?
– Oui, répondis-je en levant mon regard vide vers le sien contrarié.
– Je suis désolé, mais ça ne peut plus continuer comme ça. Tu es géniale comme fille, mais...
– Ce n'est rien. Je comprends. »
Cela devait faire la cinquième fois que ce discours sortait de sa bouche. Je ne savais pas s'il essayait de me faire culpabiliser ou pas, mais il avait réussi son coup. À chaque fois que ses yeux bleus me regardaient avec tristesse, je faisais en sorte de voir de la pitié. À chaque fois que ses paroles désolées m'atteignaient, je faisais semblant de ne pas être touchée.
Mais en réalité, ses mots d'excuses creusaient mon cœur et mes sentiments.
Soudain, il se leva et m'embrassa la tempe en signe d'adieu. Je le laissais faire avec un sourire lointain. Il ne semblait pas voir mon masque, ou peut-être faisait-il semblant de ne pas l'apercevoir pour ne pas être émotionnellement aussi perturbé que moi ?
Qu'est-ce que je racontais ? J'étais tellement dans le déni que j'avais envie de me gifler.
Mais ici, je ne le pouvais pas. Les conversations animaient ce petit restaurant. Moi seule étais en train d'admirer les vapeurs que mon cappuccino posé devant moi. Encore chaud, je pris ma tasse et laissai le breuvage me brûler la langue puis la gorge. Je souffrais en silence, les larmes me piquant les yeux.
Pourquoi ? Pour avoir pensé un seul instant qu'un homme qui me larguerait ainsi était l'homme de ma vie.
Après avoir payé, je poussai la porte d'entrée pour rentrer chez moi, dans mon appartement. Ce devait être le seul endroit où je me sentais sereine et où je pouvais exploser sans que personne ne me prenne pour une folle.
Je marchai rapidement dans les rues de Paris. Il faisait pourtant beau, avec un grand soleil nous réchauffant et pas un nuage blanc pour le cacher. C'était une si belle journée avec tous ces enfants qui jouaient dans les parcs et ces jeunes assis sur l'herbe tout en profitant des rayons chaleureux en ce dimanche d'été.
Une si belle journée avant que mon petit-ami de six mois ne me demande par texto de venir le rejoindre dans ce restaurant alors que j'étais si sagement assise sur mon balcon à profiter de la journée. Une belle journée gâchée.
Enfin dans mon petit appartement, je retirai mes talons et cette robe qu'il m'avait achetée. Je la jetai sur mon lit avant de prendre une douche. Mécanique, j'étais devenue une marionnette. Un pantin qui devait faire des tâches comme tout être humain. Mais mes émotions avaient été écrasées. Souillées. Manipulées.
Cette pression était tellement forte, qu'après m'être habillée, des larmes s'écoulèrent. Librement, elles parcouraient un chemin sans danger sur mes joues pour s'écraser sans grâce au sol. Je me regardais dans le miroir. Je voyais cette souffrance s'échapper de moi, ou du moins le croyais-je. Mais en réalité, cette douleur s'amusait avec mon cœur. Elle était à l'intérieur de moi et brûlait tout sur son passage.
Je m'effondrai sur le carrelage froid et sanglotai. Pendant toute une partie de la soirée jusqu'à ce que deux bras et des paroles chuchotées me consolent.
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Un cœur à aimer
RomanceUne jeune femme tente de trouver l'amour. Elle cherche un cœur à aimer désespérément, mais les échecs se suivent sans remords la laissant dans sa solitude.