Chapitre 8 - Cœur avoue

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J'entendis la porte s'ouvrir puis des rires s'en suivre. Je soupirai en regardant le plafond puis sortis de ma chambre pour accueillir les fêtards qui semblaient avoir un peu bu avant même qu'il ne soit vingt heures.

« Vous avez déjà commencé à boire on dirait, dis-je en souriant.

– Oh, ma chère Nathalie ! s'écria Paul le blond et coureur de jupons de la bande. Si tu savais, on avait un super plan, mais Mathieu les a chassés pour qu'on revienne ici. Ma queue me fait mal maintenant ! »

Je vis Sarah lui mettre une tape derrière la tête tout en lui disant de se taire. J'éclatai de rire, amusée par la situation et de meilleures humeurs que ce matin.

« Faut vraiment que tu te trouves une copine, sérieusement, dit Sarah à Paul tout en s'installant sur le canapé et étrangement, loin de moi.

– Ah si seulement j'étais gay, ce serait plus simple. Les gars sont sur la même longueur d'onde contrairement aux relations mec/fille où c'est souvent le bordel. Tout doit être plus facile pour toi Nath, non ?

– Euh... dis-je en fonçant des sourcils à l'homme assis à côté de moi. Non, pas vraiment.

– Nathalie n'est pas lesbienne. »

La révélation de Mathieu laissa un immense blanc. Vaguement amusée, je regardai les visages stupéfaits des deux hommes et surtout de Sarah qui avait de grands yeux marron clair me fixant. Je portai tranquillement ma bouteille de bière à mes lèvres et bus sans les regarder.

« Ah... dit Paul décontenancé en fixant Mathieu qui semblait gêné.

– Non, je ne le suis pas. Mathieu l'a découvert il n'y a pas longtemps non plus...

– Désolée Nathalie... Je croyais que c'était parce que tu avais avoué à ton ex que tu étais lesbienne qu'il t'avait plaqué. »

Je restai bouche bée face à cette révélation. D'où, Paul, un gars que je n'avais vu que deux fois de toute ma vie pouvait conclure de telles choses sur ma relation ou mon orientation sexuelle.

« Ça suffit Paul, dit Mathieu qui le fixait avec colère. Tu as vraiment trop bu. Hugo, tu pourrais les raccompagner ? »

Hugo hocha la tête sans autre commentaire puis emporta presque Paul tandis que celui-ci demandait pourquoi ils partaient si tôt. Je soupirai toujours énervée et commençai à ranger les petites assiettes et bols qui étaient sur la table basse. Je mis tout dans l'évier et me dirigeai dans ma chambre, mais j'entendis Mathieu rentrer.

« Attends Nathalie... plaida-t-il en prenant mon bras pour que je me retourne. Je suis désolé, je ne voulais pas...

– Quoi ? Annoncer toutes mes relations à tes amis que je ne connais même pas ? Ah c'est déjà fait apparemment. Je croyais que tout ce que je te racontais dans cet appartement resterait ici, mais je vois que ce n'est pas le cas, envoyai-je, énervée.

– J'ai foiré. Je sais, c'est ma faute, je n'aurais jamais dû dire que ce conn-idiot t'avait plaqué dans un restau. Je l'ai sorti comme ça, sans arrière-pensées. Ça me saoulait... Ça me saoulait que tu l'aimes autant pour rien, ok ?! Ça m'a saoulé que tu couches avec lui ! Ça m'a saoulé de faire semblant de sourire en vous voyant ensemble ! Ça m'a... Merde ! »

À la fin, il cria tout en envoyant son poing sur un mur du salon. Je sursautai tout en laissant les larmes couler. Tellement d'émotions pour moi. Il m'aimait. Mathieu m'aimait pendant tout ce temps. Et comme toujours, j'étais aveugle.

« Je suis asexuelle. Je n'éprouve pas de désir ou d'attirance sexuelle pour les autres. »

Un cœur à aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant