Chapitre 12 - Cœur jalouse

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Je passai la porte et me dirigeai à l'étage. Pour être déjà venu plusieurs fois par ici, le personnel me connaissait. Je les saluai puis continuai mon chemin.

Je vis Mathieu en pleine séance de squats. Je l'observai sans un bruit avant d'apercevoir Sarah pas loin. En débardeur bleu et short court, elle s'avança près de Mathieu et celui-ci rangea la barre à sa place. Je regardai de loin leur interaction.

Ils partirent ensuite vers une machine où Sarah travaillait ses ischio-jambiers. Elle se plaça devant l'appareil, s'agrippa aux manches et commença à lever une jambe vers l'arrière, soulevant ainsi la barre qui avait un certain poids.

Et Mathieu restait là, à côté d'elle. Il regardait ses jambes travailler. Je ne comprenais pas pourquoi il l'observait. D'un coup, il éclata de rire sur quelque chose que Sarah avait dit puis il partit vers sa bouteille d'eau posée près de la fenêtre.

Soudain, la jeune femme se retourna et me vit. Je la saluai de la main et elle me rendit un sourire contrit. Cela ressemblait plus à une grimace qu'autre chose. Je fronçai des sourcils ne comprenant pas son attitude. Je ne savais pas si je devais aller la voir ou rester dans le dos de Mathieu.

Après une seconde d'hésitation, je marchai vers la porte de sortie et rentrai à l'appartement. Je bus rapidement de l'eau et soupirai en repensant à la scène dont j'étais la spectatrice.

Est-ce que Mathieu se rendait compte qu'elle le voulait ? Qu'elle voulait coucher avec lui sûrement ? Ou peut-être qu'elle était amoureuse de lui ?

Je pris mes cheveux bruns et les attachai en queue de cheval. Est-ce que Mathieu jouait avec moi ? Non, ce n'était clairement pas son état d'esprit. Enfin je l'espérai.

Après quelques minutes, je pris mon téléphone. En regardant les contacts, je restai un moment le doigt suspendu sur le numéro de mes parents. Après ma conversation avec Françoise, je repensai à ma mère, mon père. Comment allaient-ils ? Cela faisait bien quatre longues années que je ne leur avais pas parlé.

Je me mordis la lèvre avant d'appuyer sur appeler. Mon coeur battait plus vite à cause du stress. Je ne savais pas du tout comment ils réagiraient. Mais personne ne décrocha. Déçue, je balançai mon portable sur le canapé et allai faire la vaisselle.

« Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Mathieu en me voyant dans la cuisine. Elle ne t'a pas virée pas vrai ?

– Non, dis-je en souriant. Sa fille est à l'hôpital donc je lui ai dit de fermer la boutique. Elle n'était vraiment pas bien.

– Oh, d'accord. »

Je m'essuyai les mains tandis qu'il se déchaussait dans le petit hall d'entrée.

« C'est rien de grave ? demanda-t-il.

– Tentative de suicide.

– Quoi ?

– Tu m'as bien entendue, soufflai-je.

– Merde, murmura-t-il.

– Ouais... »

Je rangeai le torchon et allai sortir de la cuisine, mais Mathieu vint se placer devant moi.

« Tu vas bien ?

– Moi ? Oui. Pourquoi tu me demandes ça ? demandai-je en fronçant des sourcils.

– Tu mens.

– Quoi ? Je mens ? répétai-je incrédule.

– Oui, quelque chose ne va pas et tu ne veux pas me le dire.

– Eh bien, peut-être que je n'ai pas envie d'en parler ? appuyai-je en croisant les bras.

– Tu ne sortiras pas de cette cuisine tant que tu ne m'auras rien dit.

– Mais je n'ai rien à te dire ! »

Mathieu resta les bras croisés devant moi alors que j'essayais que de passer sur le côté. Bien sûr, il se déplaça pour ne me laisser aucun passage. La cuisine était une salle en rectangle. J'étais obligée de le contourner pour sortir. Je soupirai de frustration avant de lui demander gentiment de se pousser. Il haussa un sourcil, amusé.

Je me retournai et fis face à la fenêtre. Je restai un instant ainsi avant d'entrer un soupir et son corps se rapprocher. Derrière moi, ses bras entourèrent ma taille. Comme nous le faisions avant. Avant qu'il ne me révèle qu'il m'aimait.

Je me demandai ce qu'il ressentait tout de suite. Est-ce que que me toucher lui donnait envie de coucher avec moi ? Comme Daniel le disait souvent ?

« Tu me disais tout avant.

– Je te dis encore tout, rispotai-je alors que son souffle me chatouilla mon oreille droite.

– Ce n'est pas vrai... »

Je respirai profondément puis lui racontai mon histoire. Il se crispa à plusieurs reprises alors que je parlais d'une voix monotone. Cela faisait longtemps que cet épisode de ma vie était passé et que l'idée même de me mutiler me répugnait. Mais à ce moment-là, je pensais que c'était la seule solution à mes problèmes.

C'était étrange, mais la présence de Mathieu me rassura. Après mon récit, nous étions silencieux pendant un bon quart d'heure, cependant j'aurais aimé savoir ce qu'il pensait. Je le laissai tout de même assimiler mon passé pas glorieux pendant que j'allais aux toilettes.

En revenant dans le salon, il me prit tout de suite dans les bras. Après un instant de surprise passé, je me laissai aller contre lui. Les yeux fermés, son odeur engloba mes sens pour m'apaiser. Ses battements de coeur étaient calés sur les miens dans un rythme calme. Je me plaisais à rester dans ses bras.

« Je ne veux pas te faire du mal... murmurai-je cassant notre cocon silencieux.

– Tu ne m'en feras pas.

– C'est faux, dis-je en le fixant. Ce ne sera pas facile de vivre avec moi et...

– Je vis déjà avec toi je te signale, argua-t-il en souriant.

– Mais ce ne sera pas la même chose ! répliquai-je en souriant.

– Tout se passera bien Nathalie. Je ne suis pas Daniel.

– Je sais. »

Je continuai de le regarder dans les yeux puis dérivai sur ses lèvres. J'entourai mes bras autour de ses larges épaules et sur la pointe des pieds, je laissai mes lèvres embrasser les siennes. Avec douceur, nous nous embrassâmes sans nous presser. Mon coeur avec joie alors que je souriais.

Il fourra son visage contre mon cou et chuchota :

« Alors on est ensemble ?

– Oui, on est ensemble, » dis-je en éclatant de rire.

Mathieu me regarda avec un grand sourire.

« Enfin ! »

Je ris en secouant la tête puis entendis la sonnerie de mon portable. Mathieu me relâcha à contre coeur pour que je réponde. En prenant l'appareil posé sur le canapé, mon sourire flétrit et l'angoisse me tordit la gorge. Je déglutis en voyant inscrit Maman et Papa sur l'écran. Ils me rappelaient et je ne savais pas quoi leur dire.

Je ne suis pas quelqu'un qui fait preuve de beaucoup de jalousie au quotidien ou avec quelqu'un donc j'avoue que je ne sais pas vraiment comment mettre en place ce sentiment...

Sinon, j'espère que ce chapitre vous a plus (ils sont enfin ensemble \o/). C'est maintenant que les choses vont sûrement être compliquées pour eux...

Merci pour tous vos votes et commentaires ! :3

Un cœur à aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant