Chapitre 2 - Les autres cœurs

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(Chapitre non relu)

Je ne me rappelai pas vraiment de ce qu'il s'était passé quand j'ouvris les yeux le lendemain matin. Mais une chose était sûre, je devais retourner travailler. Après avoir vu mon visage bouffi à travers le miroir, je fis en sorte d'atténuer cet effet par de l'eau froide.

Je ne pris pas le temps de manger avant d'enfiler un pantalon ample et un haut assorti. Je vis que les clés de mon colocataire avaient déjà disparu. Comme d'habitude, il était parti plus tôt à son boulot. Être infirmier lui donnait des horaires décalés et pas simples à tenir.

Je fermai la porte à clé puis marchai rapidement pour arriver à l'heure. Le magasin de vêtements venait à peine d'ouvrir ses portes. Je m'engouffrai à l'intérieur et laissai mes affaires dans l'arrière-boutique. Je saluai ma collègue Clarice et elle commença comme toujours à bavarder de sa vie, de ce qu'elle avait fait pendant son week-end et des malheurs qu'elle a eus dans le métro parisien.

Et je l'écoutai sagement. Mes pensées étaient un peu distantes. Je repensai moi aussi à hier. À lui. À notre rupture.

« Nathalie, ça va ? Tu n'as l'air bien... demanda Clarice, inquiète.

– Je ne suis plus avec Daniel.

– Quoi ?! » s'écria-t-elle, choquée.

Je lui dis de se calmer et lui racontai ce qu'il s'était passé tout en pliant et rangeant les vêtements. Elle me fit un câlin en énonçant tout un tas d'insultes à son encontre. Je souris à ses tentatives de soulagement, mais je savais que ce n'était entièrement que de ma faute s'il n'avait pas voulu rester avec moi. Et le pire, c'est que je comprenais pourquoi.

Si j'avais été un homme comme lui, je serais partie rapidement sachant que ça ne marcherait pas. Notre relation était vouée à l'échec dès le début. Je le savais et pourtant dès que je lui ai avoué que j'étais asexuelle, il n'était pas parti en courant. Au contraire, il avait demandé des explications. Mais c'était trop beau pour être vrai. La tension commençait à augmenter et lui ne savait plus la gérer.

Le sexe faisait partie intégrante de sa vie. Pour apaiser sa frustration au boulot ou une petite colère, un peu de sexe aurait fait l'affaire... Mais je ne voulais pas coucher avec lui. Et lui restait dans cette colère perpétuelle. J'avais pourtant vu le début de la chute. J'avais senti qu'il commençait à s'éloigner il y a environ un mois. Et pourtant, j'espérai. Optimiste et stupide.

La journée se passa rapidement entre les clients et le rangement. Clarice et son sourire donnaient envie de travailler du matin au soir à ses côtés. Et je l'appréciai. Elle était d'un naturel enjoué. Peut-être un peu trop parfois. Comme tout le monde, elle devait sûrement avoir des problèmes, mais rare était les fois où elle les montrait.

Le soleil était toujours là malgré le fait qu'il était déjà dix-neuf heures. Je fermai la boutique et profitai de l'air doux de la journée.

« Je suis rentrée, envoyai-je à Mathieu mon colocataire.

– Tu as des choses à me dire non ? demanda-t-il en croisant les bras, révélant ainsi sa belle musculature.

– Euh... Quoi par exemple ?

– Le pourquoi j'ai dû te ramasser sur le carrelage de la salle de bain en pleurs par exemple ? »

J'ouvris grands les yeux à son ton colérique. Il n'aimait pas que l'on me fasse du mal. Et ce, depuis que nous avions emménagé ensemble. Il était le seul véritable ami dans cette jungle à qui je pouvais dire tout ce que je voulais sans en avoir honte. Enfin, presque tout.

Je soupirai et allai dans ma chambre pour prendre une douche. Il me laissa faire. En allant dans le salon, je vis qu'il avait déjà préparé la table. Le repas consistait en plusieurs parts de pizzas et des bières. Je souris en le regardant tandis que je pris une part.

Un silence nous enveloppa avant qu'il ne repose sa question et que je lui réponde.

Un cœur à aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant