S'il suffisait d'aimer

Chapitre Dix

Ce week-end là, ma tante m'avait emmenée faire les magasins. Enfin, disons plutôt qu'elle m'avait laissée faire les magasins quelques heures après être arrivées pour aller, elle, traîner je ne sais où.

« Je n'en ai pas pour longtemps, m'avait-elle assurée, je te rejoins dès que j'ai fini. »

On devait se rejoindre à la place centrale pour rentrer ensuite. Je ne savais pas trop quoi faire, ni quoi acheter. Avant j'aimais faire les boutiques, mais je les faisais avec ma mère. Aujourd'hui, c'est différent.

J'entrai dans un magasin en regardant furtivement les vêtements pendus à des cintres ou pliés précautionneusement. Je ne savais pas quoi faire, je me baladais simplement dans les allées et lorsqu'une vendeuse venait me demander si j'avais besoin d'aide, je changeais d'allée en refusant poliment.

Une bonne heure était passée et j'attendais toujours ma tante. Alors je décidais d'essayer quelques vêtements, pour faire passer le temps.Mais comme rien ne me plaisait réellement, je changeais de magasin.

Quelques temps après, je pénétrais dans une boutique où on vendait des tenues de soirée. Il y en avait de toutes les sortes : des robes à paillettes jaune, rouge, bleu, rose, verte, sans manches ou avec. Le choix était multiple.

« Tu as trouvé ton bonheur ma chérie ? » intervint ma tante derrière moi.

Je sursautais. Elle avait ce sourire malicieux d'un gamin qui avait jouer un mauvais tour et qui en était fier.

« Qu'est-ce que tu cherches ?

-Je ne sais pas trop. Quand je faisais les boutiques avec maman, c'est elle qui me disait si les vêtements m'allaient ou pas. »

Elle s'abstint de répondre. Puis après quelques secondes, elle frappa dans ses mains et me lança toute excitée :

« Et si je te faisais essayer des robes ? »

Euh... Je ne savais pas trop comment réagir. Je la dévisageais de la tête aux pieds ... Elle portait toujours cette grande robe qui cachait son corps et ce voile qui lui couvrait le contour de son visage. On ne voyait même pas ses chaussures. Comment pouvait-elle m'aider ?

« Tata, ce n'est pas que je ne veux pas mais regarde comment tu es habillée ...

-Je sais, c'est bon. Je sais ce que tu penses de ma religion, tu me le répètes sans arrêt. Mais laisse-moi t'aider pour une fois ! » me supplia-t-elle.

Je réfléchissais mais devant cet air si piteux, je ne pouvais pas vraiment refuser.

« D'accord, opinais-je, mais alors aucune tenue qui me recouvre de haut en bas comme t'y oblige ta religion, d'accord ?

-Promis ! » fit-elle tout sourire.

Nous commençâmes par se balader à travers les rayons quand elle s'arrêta pour attraper une robe mi-longues à paillettes noires. Je fis une grimace. Alors elle regarda de nouveau la robe et me lança sur un ton réprobateur :

« Elle est très bien cette robe. Comment peux-tu donner ton avis sans l'avoir essayée ? »

Puis elle me mit la robe dans les bras. Elle refit cette manœuvre une bonne douzaine de fois. Ce qui m'énervait le plus c'était que j'allais devoir essayer toutes ces tenues jusqu'à ce que ma tante soit satisfaite.

« Et puis tiens, tu essaieras celle-ci aussi. Elle est très jolie. » dit-elle pour la centième fois.

Il n'y avait personne dans les cabines d'essayage. Ça tombait bien. J'entrais dans une cabine pour enfiler la première robe. Elle était verte émeraude avec des strass bleu sur le corset. Elle était surmontée de fines bretelles, semblables à celles utilisées pour les soutiens-gorge. Immonde. Je me demande parfois comment s'habillait ma tante ? Je sortis de ma cabine pour montrer le résultat à tante Félicia et sa mine dégoûtée me fit bien vite comprendre que cette robe ne m'allait pas du tout.