Chapitre Douze

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« Tu peux me dire pourquoi tu m'évites ? » dit-il avec une lueur de contrariété dans le regard.

Il avait été blessé par mon comportement, ça se voyait.

Ses sourcils étaient légèrement froncés ce qui faisait apparaître un pli entre ceux-ci. Cette expression me rendait folle et mon cœur s'accélérait doucement. Mais s'était-il demander si moi, il ne m'avait pas blessée ?

« Alors ? s'impatientait Tristan.

-Et toi, on en parle ? »

Il arqua un sourcil d'incompréhension.

Il avait l'air offusqué que je lui parle si sèchement peut-être.

« Qu'est-ce que j'ai fait ?

-Tu te moques de moi c'est ça ? » m'emportais-je.

Il passa sa main derrière son crâne, ennuyé. Ses joues avaient rosie et j'espérais que ce n'était pas dû au froid qui gouvernait la nature. Voyant qu'il cherchait vainement ses erreurs, je m'énervais davantage.

« Tu ne me parles plus depuis deux semaines, énumérai-je sur mes doigts. Tu traînes avec une autre fille alors que tu venais de m'inviter au marché de noël et ce matin tu oses venir me voir comme s'il ne se passait rien ?! C'est parce que tu as largué ta copine alors tu cherches une nouvelle conquête ?!

-Mais non pas du tout, tu te trompes ! se justifia-t-il avec une colère amusée. Ce n'est pas ma co ...

-Je ne suis pas un jouet Tristan ! » le coupai-je.

Il soupira bruyamment, exaspéré comme s'il voulait se calmer.

Il leva les yeux au ciel et s'avança mais je reculai d'un pas pour luifaire comprendre que je ne pardonnai pas si facilement. On ne joue pas avec les sentiments des gens.

« Laisse-moi t'expliquer » reprit-il avec toujours cette voix qui trahissait sa colère plus intense.

Et après réflexion, il me lança :

« Mais dis-donc, ne me dis pas que tu es jalouse ? »

Je sursautai et voulu répondre mais aucun son ne sortit de ma gorge. Moi, jalouse ? Sans doute ... Mais je ne vais pas me rabaisser !

Son demi-sourire me donnai envie de lui sauter dans les bras. Mais était-ce ça son stratagème ? Me sourire, me dire que tout va bien, me faire croire un amour vivant – s'il ressent ce que je ressens – puis me lâcher ensuite ?

« J-Je ne suis pas jalouse ! C'est juste que tu te payes ma tête, me justifiais-je.

-Je ne me payes pas ta tête Ash ! dit-il agacé par mon comportement. Mais fais un effort aussi !

-Pauvre imbécile ! T'es même pas capable de prendre soin des gens qui tiennent à toi ! Ouvre les yeux, tu n'es pas le centre du monde ! »

Je me rappelai ensuite sa vie : son père frappait sa mère qui est victime aujourd'hui d'Alzheimer. Je voulais qu'il comprenne que je tenais à lui mais qu'il me faisait souffrir à m'éviter. J'avais besoin de vider mon sac, alors, sans penser aux conséquences, je lui criai ces horreurs :

« Si tu avais fait un peu plus attention à ta mère, elle ne serait sans doute pas à l'hôpital ! »

Il recula d'un pas, tête baissé. J'avais vu juste, il s'en voulait encore. Il serra ses points si fort que ses mains étaient devenues blanches. Ses cheveux tombaient sur son front couvert de sueur. Ses yeux regardaient le sol et il me cracha lourdement la vérité sur ces deux semaines d'absence :

« Son cas s'est aggravé, Ashley. »

Il avait dit mon prénom d'une voix rauque et monotone et avec tant de dureté que j'eus l'impression qu'on me plantait un couteau dans le cœur

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Il avait dit mon prénom d'une voix rauque et monotone et avec tant de dureté que j'eus l'impression qu'on me plantait un couteau dans le cœur.

Il tourna les talons et rentra chez lui. Je restai bouche bée. Il avait vécu de sales semaines et moi je le rabaissais comme une saloperie. Comment avait-on pu en arriver jusque là ? Comment avais-je pu lui cracher ça ? Je voulus le rappeler pour m'excuser mais ma fierté m'en empêcha.

« Je comprend mieux maintenant » dit une voix derrière moi.

Je fis volte-face. Simon se tenait debout dans mon dos.

« Tu en pinces pour Tristan ! »

Je baissais la tête et des larmes ruisselaient sur mes joues.

« Et vu ta réaction, tu l'aimes beaucoup. »

Je ne répondis pas. Mais non je ne l'aime pas ! Ou peut-être un peu ... L'amour est censé être un sentiment magique avec des papillons dans le ventre et tout le baratin qui va avec, hors, avec Tristan ce n'est pas ça. Il m'a évitée et cessé de m'adresser la parole que j'ai pris comme une lassitude de ma personne ce qui vraisemblablement n'était dû qu'au fait que sa mère était encore plus souffrante. Qu'est-ce que j'ai fait pour en arriver là ?

« J-Je ne veux pas le perdre » dis-je entre deux sanglots.

Ces paroles étaient sorties toute seule comme une évidence que je n'osais pas m'avouer à moi-même et que j'étais obligée de partager.

Il s'approcha de moi et me prit dans ses bras. Je le serrais fort en m'accrochant à son blouson noir.

« Qu'est-ce qui t'a pris de lui balancer un truc pareil ?!

-Tu nous écoutais depuis le début ? Tu n'as pas perdu l'habitude d'écouter aux portes à ce que je vois.

-Ne changes pas de sujet ! »

Je ne rétorquai pas tout de suite. J'essayais d'abord de me calmer et au bout d'un certain temps, mes larmes s'arrêtèrent. Simon desserra son étreinte. Je baissais les yeux. Je ne voulais pas l'affronter.

« Je ne veux pas le perdre, répétais-je.

-Tu es bien partie pour. Tu n'as même pas voulu entendre ce qu'il essayait de te dire et tu as préféré lui reprocher d'être resté avec une autre fille que toi. C'est ça qui t'embête le plus ! » me lança-t-il.

Je ne voulus rien admettre, mais il avait raison. Il reprit sans interrompre :

« Surtout que lui ne t'a pas reproché d'avoir passé du temps avec moi. Il l'avait remarqué, tu sais ? Mais je ne peux pas m'empêcher de te comprendre au fond.

-Qu'est-ce que je peux faire pour me faire pardonner ?

-Il n'y a pas trente-six solutions : tu dois t'excuser. Mais rien ne dit qu'il te pardonnera. Aller viens, on rentre ! »

Je partis avec Simon et nous sortîmes dans la rue principale. Je ne pouvais m'empêcher de penser à Tristan. Il allait s'excuser, et moi j'ai tout gâché.

« Arrête de tirer une tronche pareil ! On croirait que tu déprimes !

-C'est le cas. »

Il ne répondit pas et le reste du trajet fut ronger par le silence qui s'était imposé. Simon me laissa à l'arrêt de bus que j'empruntais chaque matin. Il m'ébouriffa les cheveux et dit d'une voix terne :

« Ravale ta fierté. Il faut que tu comprennes que dans ta vie, s'il n'y a pas de haut ni de bas, ça veut dire que tu es morte ».

S'il suffisait d'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant