Chapitre Dix-Huit

33 7 4
                                    

Je m'enfonçais dans cette pièce au carrelage bleu ciel et au design parfait au moment où Léa ferma la porte. Elle ne dit pas un mot, cequi me mit mal à l'aise. On a toujours tendance à dévisager les personnes qui nous entoure pour se faire notre propre opinion sur quelqu'un. Mais là, Léa avait une carapace solide et il m'était impossible de la déchiffrer entièrement. Ça me fit peur.

Elle ouvrit les placards et prit une trousse de pharmacie où elle dénicha du spray désinfectant et des compresses. Elle ne me regardait pas et j'évitai en tout point de le croiser, de la regarder elle. Sauf à l'instant où elle retira le bout de verre coincée dans ma peau. Je fis une grimace incontrôlée mais ne dis rien.

« Je te fais mal ? Je suis désolée, s'excusa-t-elle.

-Ce n'est rien »

La Léa qui me soignait n'était pas la même personne qui me parlait dans la cuisine il n'y avait pas cinq minutes. Elle désinfecta la plaie à l'aide d'une compresse et me colla un pansement sur celle-ci. Enfin, elle entreprit de ranger le matériel de soin. Une question me trotta dans la tête et je ne perdis pas une seconde pour la poser :

« Tu as quelque chose contre moi ? »

Elle n'interrompit pas son rangement pour autant mais ne me répondit pas non plus. Elle rouvrit ce placard récemment ouvert et y rangea la trousse à pharmacie. Elle s'appuya sur le lavabo, une main sur sa hanche lorsqu'elle daigna enfin me répondre.

« Pas spécialement.

-Alors pourquoi as-tu cette attitude si ... étrange avec moi ?

-Une attitude étrange ? » répéta-t-elle.

Elle écarquilla les yeux comme si elle venait de voir un fantôme.

« Je ... »

Elle parût chercher ses mots.

« Je ne te déteste pas »

Ce fût sa réponse et en voyant mon regard éberlué, elle esquissa un sourire et se justifia :

« Je ne te déteste pas, non. Tu me paraît même extrêmement gentille malgré ... cette coquille solide que tu t'es forgée. »

Une coquille solide ...

« Ce qui me dérange, c'est ton hypocrisie à mon égard. »

Je toussotai et étrangement, un sourire vint se dessiner sur mon visage. Étais-je si facile à décrypter ? Je répétai ses mots :

« Mon hypocrisie ?

-Oui. Alors c'est plutôt à moi de te poser cette question : qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu me détestes ? »

Devais-je lui dire ? Devais-je vraiment lui dire que je l'avais prise pour la petite amie de Tristan ? Devais-je lui faire part de ma jalousie envers elle ? Elle avait été si honnête à mon égard que,honteuse, je lui expliquai :

«Tu n'as rien fait en soi, c'est juste que ... je t'avais prise pour la copine de Tristan. »

Contrairement à ce que je pensais, elle ne ria pas et ne se moqua pas non plus de moi. Elle eût même l'air de me prendre en pitié.

« C'était donc ça. Mais alors, s'enquit-elle, mon frère te plaît ?»

Je déglutis difficilement et j'étais certaine d'avoir rougie. Mon cœur s'emballa et des papillons volèrent dans mon ventre. Ma''non-réponse'' la fit sourire et elle ajouta :

S'il suffisait d'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant