S'il suffisait d'aimer

Chapitre Seize

«Tristan ! »

Léa s'était levée d'une telle vitesse qu'elle faillit bousculer Chloé qui en était déjà à son quatrième verre ... ou cinquième, je ne sais plus. Je ne compte plus. Elle se jeta sur Tristan en l'entourant de ses petits bras, l'embrassant sur la joue avec fougue. Je fermai les yeux et regardai le film. Heureusement que la scène était un peu plus éclairée que les autres la rendant un peu plus joviale, je ne sais pas où aurais-je bien pu donner de la tête sinon.

À son tour, Tristan l'entoura et lui déposa un baiser sur sa joue, le sourire aux lèvres. Bon Dieu ! J'aurais donné n'importe quoi pour être à la place de Léa, même si elle m'était antipathique.Pendant un instant, le regard de Tristan se braqua sur moi. Un regard indescriptible. Peut-être n'avait-il pas envie de me voir ? C'est tout-à-fait compréhensible vu ce que je lui ai envoyé à la figure avant les vacances. Je baissai la tête et détournai le regard. La culpabilité s'empara de moi à telle point qu'elle s'imprégna dans mes veines.

Léa s'approcha de nous suivit de près par Tristan et se tint devant la télé, faisant geindre les filles qui se plaignaient de ne rien voir.

«Les filles, déclara-t-elle en tapant des mains comme une professeure pour demander le silence, à part Chloé et Élodie, je crois que vous ne connaissez pas mon frère. »

Son frère ? Tristan était son frère ? Je faillis m'étouffer avec le cocktail et fis mine de tousser. L'espace de quelques secondes, j'étais ailleurs. Bon sang ! Comment avais-je pu être aussi stupide ? Tout me paraissait logique à présent : les cheveux noirs de Léa étaient les mêmes que Tristan et ses yeux noisettes étaient semblables à ceux de son frère à la seule différence que Tristan les avait un peu plus foncés. Par ailleurs, lors de notre sortie au marché de noël,Tristan m'avait plus ou moins fait la remarque que sa sœur avait une voire deux années de moins que lui. Je me sens atrocement honteuse.Je lui avait fait une crise de jalousie – même si je n'osais pas encore me l'avouer – pour une fille qui n'était autre que sa frangine. Comment me voyait-il à présent ?

« Ashley ? »

Mon nom me fit sortir de mes pensées. Tristan me dévisageait durement, il n'avait de toute évidence, pas vraiment envie de me voir. Léa me regarda avec un sourire dessiné sur ses lèvres. Toute ma haine pour elle s'en était allée brusquement, comme si tout à coup, Léa avait changé de visage. Je me levai sans réfléchir et prononçai un vague '' Oui ? ''.

« Je te présente Tristan, c'est mon frère. Tristan, voici ...

-Ashley, coupa-t-il sèchement. Je la connais »

Je déglutis difficilement. Je repensais à notre dispute, à ce qu'il a voulu me dire quand je l'ai coupé sèchement, à ses explications que je n'ai pas voulu écouter, à tout, à lui, à moi, à ma honte qui s'amplifiait. Je sentais mon cœur battre et tambouriner dans mon cerveau. Je voulais m'enfoncer dans un trou de souris, être loin d'ici, loin de lui.

« Il y a un Christmas dans la cuisine si tu veux. Enfin ... si Chloé n'a pas tout bu » rectifia-t-elle.

Chloé releva la tête et assassina Léa du regard. Elle ne devait pas vraiment lui en vouloir puisque, la seconde d'après, elle rigola à gorge déployée sans raison. J'étais toujours debout à me demander comment j'en étais arrivée là quand Léa s'adressa à moi :

« Tu peux te rasseoir, il est partit. »

Rouge comme une tomate, je m'installai sur le canapé, droit comme un i. Mon problème quand je suis gênée, c'est que je ne sais ni quoi dire ni quoi faire alors je fais tout ce qui me passe par la tête pour paraître la plus naturelle possible. Bien souvent, c'est une catastrophe et ça aggrave mon cas. Léa réprima un sourire moqueur mais se reconcentra vite sur le film.