Chapitre 4

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J'ouvre les yeux, je suis par terre, vers le casier... Pourtant, c'est étrange, j'étais avec eux. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?!

Eddy me tend la main, j'hésite une fraction de seconde, et lui la prends. Je me relève.

- Ça a sonné, t'as de la chance que personne n'ait vu ce que...
- Quoi ?
- Ouais, ça a sonné, quand tu t'es levé. Tu respirais aussi vite que... Comme si on t'empêchait de respirer...

Comment il le sait ?! C'est moi qui ai émis cette hypothèse dans ma tête. Je me suis perdue dans mes pensées, j'ai peur. J'ai si peur... Je ne sais plus si je dois lui faire confiance ou pas.

- Tu vas bien ?

Il me demande comment je vais ? Mais, si j'ai fait une sorte de parasomnie, pourquoi il me demande ça ?!

- J'en sais rien. Comment tu sais...
- Je t'ai vu.

Il m'a sûrement vu, mais comment il a fait pour sortir la même conclusion que j'ai faite ? J'en sais rien, mais en tout cas, je stresse et la peur m'est montée à l'esprit. Je ne ressens plus que ça. Cette émotion est en moi, comme ce rêve devenu à moitié réalité. Je la ressens naître... Elle est si douloureuse, si horrible, si affreuse qu'elle a presque failli me tuer. Une question me vient : « Où sont passés les autres ? » ,ils sont allés dehors, chercher un adulte, l'infirmier ?

- Les autres sont partis. Ils croyaient que tu étais allée aux toilettes. Mais, j'ai vu que tu n'allais pas bien, alors, je suis intervenu au bon moment, on dirait.

Je ne sais pas si je peux lui faire confiance... Il lit dans mes pensées, j'ai l'impression. Ou, c'est qu'il a compris ce que je ressentais, la personne qui se cache au fond de moi... La personne que personne ne voit et probablement ne verra, ni ne découvrira l'existence. Parce que j'ai peur de la réaction des gens. Comment a-t-il pu sentir que j'allais pas bien ? Est-ce que je laissais voir des signes que je n'étais plus vraiment là ? Ça ne m'ait jamais arrivé auparavant. Pourtant, il y a quelque chose qui n'est pas très normal, ils sont partis... Je sais très bien qu' Emerika est timide et qu'elle n'oserait jamais aller seule vers quelqu'un qu'elle a rencontré il n'y a pas si longtemps que ça. Et puis, elle m'aurait attendue, non ? Bon, bien sûr, ce n'est qu'une hypothèse, donc une incertitude. Le plus étrange, c'est ce qu'il vient de m'arrivais. Je n'ai jamais fait de cauchemar aussi intense et réel que celui-là. Puis, celui-là, je le ressentais comme si j'étais en train de le vivre. Je visualise encore la scène... Et ces deux yeux aussi noirs que les ténèbres, j'en ai eu peur.

Il me tend la main, j'hésite à lui tendre la mienne en retour. Une fois décidée, je prends sa main en tremblant de panique, encore semi-affolée de ce qu'il s'est passé, comme si je ne parviens pas à rester calme et à le regarder sans avoir ne serait-ce qu'une trace de stress. J'ai peur, ils m'effrayent encore, pourtant, je sais qu'ils ne sont pas noirs. Ils sont légèrement noirs, mais pas tellement, il a des yeux marron foncés avec une petite touche, seulement de noir. Une petite voix me souffle d'arrêter de faire ma gamine, de me concentrer, de le regarder et d'avancer sans qu'il me pose pleins de questions ; mais une autre voix me dit de me méfier de lui... Alors, au fond de moi, je suis comme prise au piège dans une immense salle, où je ne peux pas sortir sans avoir résolu cette énigme si problématique. Je ne peux pas avancer sans me préoccuper de la personne qu'il me cache. Je veux des explications, il m'en doit une tonne. Ces rêves qui deviennent réalité, il ne saura probablement pas me les expliquer, mais le reste... Il lit en moi comme si je lui avais déjà tout dit, je trouve ça étrange, et puis quand je pense qu'il est paranormal, qu'il a un don, il m'observe profondément et continue comme s'il ne s'était rien passé.

- Ne tremble pas. C'est finit, quoi que tu aies vu, c'est finit.

Je sens mon cœur battre de plus en plus fort utilisant une rapidité que je n'avais presque jamais ressentie. Puis ma respiration s'accélère aussi vite que le battement que mes poumons produisent. J'ai l'impression d'avoir un cœur d'un nourrisson, de juste avoir la chance de naître, de découvrir la vie. Je ne connais pas cette émotion-là, je la ressens pour la première fois. J'ouvre légèrement la bouche pour laisser passer l'air qui n'arrive presque plus à sortir par mon nez, il me prend la main et sert un peu fort, je finis par me lever. Mais la peur et le stresse sont toujours là.

Une vie assez spéciale (T.1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant