Chapitre 5

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J'ouvre mon agenda au jeudi 19 mai 2016 et écris qu'il faut finir le questionnaire pour le cours de Madame Sebastiao. Je range mes affaires, mets ma veste et mon écharpe beige-crème et attend tranquillement que la sonnerie retentisse. Je me dirige comme les autres vers la sortie. J'attends Colline et Emerika et on va faire la queue pour aller manger. Ceux de la classe vont fumer, donc c'est une bonne idée d'aller dans la gigantesque file pour trouver une place. On se précipite, et quelqu'un nous bouscule. C'est un mec, il se retourne, il est brun foncé, les yeux noirs au visage clair. Il est pas mal, il faut se l'avouer.

- Désolé...
- Pas grave.
- Tu peux l'être...
- Euh ok...

Je le regarde et éclate de rire, des larmes de joie me coulent au visage.

- Bah ça... C'est la deuxième fois aujourd'hui.

Il me regarde et lance un sourire, puis continue son chemin.

- Ouah !Oh, mais qu'est-ce qu'il fait ?
- Il a faim, lui...
- Je vous entends toujours...

Je le sentais... J'avais le pressentiment qu'il dirait quelque chose de semblable à ce qu'il vient de dire. Je ne me suis pas trompée, parce que je sais que, quoi qu'il arrive, j'ai et j'aurais toujours raison. Oui, encore une qualité que j'ai héritée, ou juste une grosse part d'égoïsme et de modestie. Myriam, la pionne qui fait le passage des élèves pour qu'ils aillent déguster ce que le réfectoire va servir lui dit de retourner au fond, à la place qu'il avait juste avant. Pour faire moins de détail, cet autre inconnu vient se remettre vers nous. Mais cette fois, il n'est pas situé devant comme tout à l'heure, il est juste derrière nous. J'ai la légère et soudaine impression qu'un sourire se forme sur mon visage, un où l'on peut lire de la moquerie. Mais, ce n'est qu'une impression, si ça se trouve, aucun sourire ne s'est sculpté sur ma peau si blanchâtre. Dans tous les cas, je l'observe et le dévisage comme s'il me disait quelqu'un.

- Tu te sens bien ? Tu vas continuer encore combien de temps ?
- Ouais...Et jusqu'à que tu me dises ton prénom, parce que tu me dis quelque chose.

Ce garçon me dit une personne que j'ai déjà vue, mais de qui s'agit-il ? Est-ce que j'ai tort ? Si ça se trouve, c'est la première fois que je le vois... Il est musclé, et ça se voit assez vu qu'il porte un débardeur qui lui moule ses formes et qui lui donne un aspect classe, même plutôt sexy. Il doit être en première, je pense parce qu'il semble être moins débile que la plupart des secondes que je connais...

Il me recommence son sourire, celui qui lui donne du charme, tout en restant discret. Il doit être le genre de type à draguer la plupart des filles qu'il croise, grâce à son corps d'athlète ; plutôt du genre solitaire, mystérieux, sportif... Il a de grandes qualités, mais tout ce qui est beau n'est pas toujours la bienveillance dans toute son excellence. Il pourrait être parfait gentleman, une raison pourquoi on s'attacherait un peu plus ; ou totalement, le contraire, il serait le mal, une personne merveilleuse, mais diabolique, qui ne veut que détruire ou combler ses envies et pulsations meurtrières.

- c'est Theo.
- J'ai l'impression de te connaître...
- Jamais vu, ou alors je ne sais plus.

Il cache quelque chose. Il m'a répondu de façon très brève et très rapide. Il aurait presque pu me couper la parole, mais il a attendu que je termine ma dernière syllabe pour rétorquer ce qu'il vient justement de finir. Mais, je ne ressens aucun mouvement de panique, ou de stress. Il le contrôle, qu'est-ce qu'il a de la chance !

- Et toi ? Tu vas me dire ton prénom ?
- Moi ?
- Oui,ce n'est pas à tes potes que je demande. C'est le tien que je veux connaître.
- Ah ! Le mien ! C'est...
- Roulement de tambour...

Colline, j'en étais sûre qu'elle allait dire un truc comme ça. Elle a et fera toujours ça, car c'est dans sa nature de participer aux conversations des autres, qui pourtant ne la regarde pas. J'en prends l'habitude à force.

Une vie assez spéciale (T.1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant