Chapitre 6

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Ses ongles ont laissé de profondes entailles. Elles sont rouges sanglantes, de petites écorchures aussi rouges qu'une seule rose rouge écarlate. La couleur de mon bras a viré du blanc au rose pâle. On peut y voir de légères marques plutôt vives, en fait. Mais une question se pose au fin fond de mon esprit, comment a-t-il pu me faire des lacérations comme ça ? Même si je me serrais le poignet, et j'ai des ongles, je verrais des traces, mais je ne verrais pas de sang.

- Comment  t'as fais ? Je veux dire pour...
- Plus  tard, l'explication. Déjà mange.

Bon, il faut avouer qu'il a totalement raison, je dois manger pour récupérer des forces, des vitamines, du sucre, de quoi tenir la fin de la journée.

Une fois finis, on sort dehors. Colline part devant, elle doit penser qu'elle a imaginé des choses ou que son esprit lui a joué des tours, vu que c'est étonnant de voir cela pour quelqu'un de normal. Elle se retourne, revient et me dit qu'elle va voir l'infirmier et qu'elle ne se sent pas bien. J'étais pratiquement sûre qu'elle dirait ça. Elle repart dans l'autre sens et Emerika me regarde puis dévisage méchamment Theo, comme si elle savait quelque chose de lui. Est-ce qu'ils se connaissent ? N'est-ce qu'une simple impression ? Un pressentiment me fait comprendre que je ne vais pas tarder à le savoir. Je les dévisage du regard, puis entends quelqu'un derrière moi. Je me retourne, c'est toujours cette même personne qui me harceler d'horribles pensées.

- Claire, Claire, Claire... Pourquoi se mettre dans un état pareil ?Pourquoi lui accorderais-tu une confiance ? Que sais-tu de lui ?

Il a raison, je lui ai donné quelque chose que je ne donne pas à tout le monde, ma confiance. Peut-être même un peu trop vite. Puis ces secrets, toujours des secrets qu'on ne veut pas me dire. J'en ai marre !

Il n'y a personne d'autre que Theo et qu' Emerika, alors si c'est ma conscience... Ils saisiront que je fasse ça pas vraiment exprès. Je verrais bien leurs réactions.

- Arrête !  T'as pas à me juger ! Tu ne me connais même pas !
- Bien  sûr que je te connais !
- Alors  montre-toi que je saches à qui je parles, ou aurait-tu peur de te faire voir ?

Les deux autres me regardent avec tant de perplexité.

- Mais qu'est-ce qu'elle a ?!
- Quelque chose que tu ne comprendrais sûrement pas. Laisse-moi la gérer.

Il me reprend le bras et je sens pour la deuxième fois de la journée ma peau se rouvrir à la fois si légèrement, mais d'une brutalité phénoménale. Un petit gémissement de douleur, causé par de l'atrocité, ainsi qu'une petite grimace se fait voir sur mon visage et se fait entendre par les personnes qui sont là pour moi. Le sang coule cette fois si abondamment que je sens toutes les gouttes et les traînées se former une à une sur mon poignet. Je les entends tomber sur le sol contenant de la terre et de l'herbe verte comme une pomme. Le résultat est que l'on y voit vraiment et comme il faut. La personne ou l'ombre que j'entendais me rabaisser en me disant des choses horribles, des jugements et des conclusions qu'il se faisait de moi se laisse voir. Il sort de l'ombre.

- Claire ! Ouhouh !

Emerika me secoue en me prenant l'autre bras, puis la personne disparaît et va se remettre dans l'ombre, en restant assez loin pour que je ne le voie pas, mais assez proche pour que je puisse continuer à entendre ses inepties à deux balles. Je n'en peux plus...

- T'y  as cru ? Est-ce que seulement, tu as cru que j'allais me montrer sans que tu croies aux choses paranormales ? Et puis, tu croyais que j'allais disparaître sans te dire au revoir ? Bah  écoute-moi bien, car je ne suis pas prêt de partir.

Comment je fais pour ne plus l'entendre ? Il ne va pas se taire, et tant que je n'aurais pas accepté qu'il soit réel : il ne me lâchera pas. Je sais ! Le feu est tue à la longue, mais lui... Il est chiant à la détente. Encore quelque chose qui fait partie de ma misérable vie.

Une vie assez spéciale (T.1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant