Une vie assez spéciale (T.1)

Chapitre 24

La peur paralyse mon corps, c'est comme si je voyais ce qu'il a vécu... De fines pensées malsaines mélangées à des moments de solitude extrêmes. J'ai l'impression de n'être plus que liée à lui, je ressens tous ce qu'il a fait, tout ce qu'il a fait subir...
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Janvier 1459
Cher journal, aujourd'hui, j'en ai rencontré une de plus. Elle s'appelle Sophie, elle est de mon âge. Il semblerait qu'elles soient toutes de mon âge. Je les découvre et rien qu'en les regardant : elles m'obéissent. C'est terriblement frustrant. Toutes ces filles semblent être soumises à tout ce que je leur demande. Je dirais même que c'est accablant et à la fois intéressant, le ciel m'a offert un don ou une malédiction. Je ne sais pas si je vais continuer ce petit jeu avec elles, mais il faut que je découvre quel lien j'ai avec ces filles. Les gens diraient que je suis le diable en personne, mais je pourrais changer cette phase, pour essayer de savoir ce que l'humanité cache.

Je suis sur une chaise, je n'arrive pas à bouger, c'est comme s'il voulait me montrer quelque chose, je le vois écrire. Mais, je n'arrive pas à lire le contenu de ce qu'il écrit, il ne semble pas faire attention à moi. Me voit-t-il seulement, m'entend-il seulement ? Il se lève et part de la pièce, je peux enfin bouger, je me lève et le suis. De toute façon, quoique je fasse, il a gagné. Je finis par me retourner et avance lire ce qui me semble être un journal, puis sors de la salle, le cherchant du regard.

- Et oh ! Je sais que tu m'entends ! Laisse-moi !

Toujours aucun bruit. Le silence est à mes côtés. Je le vois soudainement apparaître devant moi, je le regarde, il paraît différent. Ses yeux ne sont pas rouges, contrairement à la version du diable que j'avais de lui. Il semble être totalement normal. J'avance vers lui et lui demande de me faire sortir de là, il a l'air de me sentir, mais je ne vois rien de significatif, rien de concluant, il ne m'entend pas. Il sort de la maison, qui a l'air plutôt ancienne, mais ça doit être normal : vu que je suis au quinzième siècle. Je le vois marcher vers une forêt, je le suis toujours, en ayant une peur bleue de ce que je risque de voir, de ce que je risque de subir. J'aperçois une jeune fille, de mon âge. Je m'approche d'elle et lui demande si elle me voit. Mais, elle ne réagit pas. D'un geste brusque, elle tourne la tête vers moi : elle me voit. Le garçon s'arrête enfin, vers elle et lui sourit. Elle ne me répond pas et continue son chemin vers lui.

- Baptiste ? Tu es venu ? Tu as pris ta décision ?
- Tu peux encore choisir de rester.
- Ils croient que je suis une sorcière, c'est une mauvaise idée...
- Mais, je te crois. Je sais que tu ne me mens pas... Et si...

Je commence à m'affoler, je ferme les yeux en espérant t me réveiller, revenir dans les bras de mon petit ami, que tout ça soit un cauchemar, mais rien de ce que je pense ne marche.
La jeune fille lui sourit et commence à lui tendre un baiser sur la joue de Baptiste. Puis, elle me lance un regard, comme si elle me voyait réellement. Elle est brune aux yeux verts émeraudes, elle a la peau aussi claire que moi. Elle est très belle, on pourrait dire que dans nos années lamentables, elle serait couronnée miss de l'année, voir elle pourrait être une mannequin, une actrice surdouée...

- Mais... Il ne faut pas... Tu n'as pas à avoir peur pour moi.

Me parle-t-elle ? Ou parle-t-elle tout simplement au jeune homme qui n'a pas vraiment l'air d'être si cruel que cela.
Elle le sert dans ses bras et commence à se retourner vers moi.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Il y a... Un mort ?

Elle penche la tête tout en me fixant, hésite-t-elle à lui dire ce qu'elle voit ?

- Et... Dis-moi. Tu peux me faire confiance.
- C'est... Autre chose. On dirait qu'elle a peur, peut-être qu'elle connaît l'un d'entre nous...

Devrais-je lui répondre, devrais-je lui dire ce qui m'amène ici ? Pourquoi est-ce que ce démon ne ressemble à rien de l'ombre ou de la personne attrayante si démoniaque qu'il était ?