Chapitre 15

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Oui... C'est sur, maintenant, je suis capable de tout faire pour savoir qui il est, ce qu'il me cache. Il ne me dit pas tout, pourtant, on dirait qu'il en sait énormément sur moi. Il faut qu'on repasse dans la maison.

Theo se change et me montre sa tête de loup ou de coyote, je ne sursaute pas, j'ai l'habitude. Il me fait un signe pour dire qu'il n'entend rien, ce qui me fait comprendre que la voie est libre, puis sa forme humaine si parfaite reprend vie. On commence à marcher, j'entends mon téléphone dans sa poche, il le sort.

- C'est qui ?
- C'est...Oh et puis réponds !

Il répond et me le tend.

Pourquoi est-ce qu'il veut que je le fasse ? Est-ce qu'il faut que je réponde ? Pourquoi devrai-je lui obéir ?

Mon cœur bat un peu plus vite, mais je reprends le contrôle de mes battements infernaux et décroche. Sur l'écran, il y a écrit que c'est Mathilde Ivan.

- Allô.
- Tues où ?! Et avec qui ?! Audrey m'a envoyé un message...Elle m'a dit que tu étais en danger. Ne cherche pas... Sur Facebook.
- Elle a fait ça ? Écoute, je vais bien. Oublies ce que je t'ai dit... Je suis en pleine forme !

Pourquoi est-ce que je lui mens ? Pourquoi je continue de mentir à une personne qui compte bien plus que tout ?! Pourquoi ?! C'est plus fort que moi... Il faut que j'enchaîne tout ce blabla sans fin...

- Je  ne te crois pas. Pourquoi j'entends quelqu'un à côté de toi ?!
- Quoi ?!Mais... C'est...

Je le regarde et il me l'arrache des mains et commence à l'approcher de ses oreilles. Il commence à ouvrir la bouche, ses lèvres se décollent une à une. Il va lui parler. Il met en haut-parleur, pour que je puisse entendre toute la conversation.

- Allô.
- Euh,tu peux me repasser ma copine ?
- Ta copine ? Ah non, je ne crois pas que ce soit la tienne.

Il me lance un regard noir, je commence à continuer mon chemin, il prend ma main et avance avec moi. Un ravalement de salive se laisse entendre de ma part.

- Fin Claire ne me l'a pas dit... Si elle sortait avec toi !

J'essaye d'éviter ses regards qu'il semble de me lancer. Je finis par lui dire que je ne sais pas de quoi elle parle et ils continuent de se disputer devant moi. J'ai l'impression d'être une cible, de toujours être la poupée de deux enfants qui ne peuvent pas se contenter de se la partager. Non, ces deux enfants veulent ce poupon, mais veulent être les seuls gardiens. En imaginant la scène, la poupée se met à parler, elle se défend, mais ils ne semblent pas l'écouter.

- Repasse-moi ma copine, veux-tu ?!

La petite fille possessive vient de sortir une phrase, alors que le jouet a dit qu'il n'est pas le sien.

- Bah,va falloir trouver une entente... Vois-tu, on sort ensemble depuis trois jours. Alors, c'est mort. Tu ne la reverras pas !

Le garçon prétentieux enchaîne ses répliques pour essayer de récupérer ce qu'il considère être le possesseur.

- Claire ?!Réponds, toi ! Dis-lui que tu... M'aime.

La petite fille s'agace, la poupée reste bouche-bée, ne croyant à aucun mot de ce qu'elle lui dit. Elle se met à pleurer.

Je me mets à pleurer, les nerfs, la fatigue, mon humeur prennent le dessus. Je suis sous l'emprise de ces deux personnes, qui se ressemblent tellement et qui continuent de me pousser à faire des choix contraignants. J'ai envie de crier, de hurler, de leur faire ressentir ma souffrance. Mais, si je le fais, j'ai peur de ce que Theo risque de me faire. Je me défais de son enchaînement, je me libère et sa main et avance, puis cours. Les larmes coulent sur mes joues rosies de colères, d'amour, de joie, de désespoir... Je continue en ignorant chaque mot qu'il me dit. Je ne dois pas me permettre un seul regret, pas un seul faux pas. Je dois être libre, je dois partir.

Une vie assez spéciale (T.1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant