~ Chapitre 26

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Hello tout le monde j'espère que vous allez bien !

Comme d'habitude, ravie de vous retrouver pour un nouveau chapitre :)

Bonne lecture ! 

NB : La musique en début de chapitre est d'Olafur Arnalds, un musicien islandais que j'adore et je trouve que cette musique-ci est magnifique. Ecoutez-là pendant le chapitre et vous comprendrez ;)

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Victoria :

Pour la première fois depuis mon arrivée sur le sol américain, je ressens le besoin de prendre un long bain.

En passant devant la chambre de June, je l'entends chanter. Je note qu'il faudra que je l'interroge plus tard sur sa soirée avec Gabriel, car je ne comprends plus rien.

Je me déshabille rapidement, fait couler l'eau et y verse une huile parfumée au jasmin. Je choisis une musique sur mon ordinateur et opte pour Near Light d'Olafur Arnalds. Exactement ce dont j'ai besoin. Je mets le morceau en mode répétition et me plonge dans l'eau brûlante tout en me concentrant sur le violon.

Mais c'est plus fort que moi, et des flashs de la matinée se collent à ma rétine. Involontairement, un gros sanglot heurté m'échappe. Je place ma main sur ma bouche avant de me raviser. J'ai besoin de ça. Ma conscience ne commente pas mon attitude, elle sait qu'en ce moment il ne faut pas se moquer de moi.

Je pleure de tout mon saoul pendant plusieurs minutes, recroquevillée dans l'eau bouillante, bras autour de mes genoux, comme une petite fille. J'ai l'impression d'être une goutte d'eau dans un vaste océan, ou alors une flaque d'eau dans laquelle on ne cesserait jamais de marcher.

J'ai l'impression de m'être perdue en route. Me suis-je aventurée trop loin, hors des limites de mon identité ? Ce mois m'a semblé être toute une vie, et je ne sais plus qui je suis. Je me suis brûlé trop fort. Il est partout sous ma peau, s'insinuant paresseusement dans mes veines, courant dans mon système, s'infiltrant dans mon échine.

Car je l'aime. J'aime Nate. Ils se battent, Pâris meurt. C'est exactement ça. Sauf que je me suis battue avec moi-même, et que j'ai perdu. Je suis marquée au sceau de la passion et la marque me brûle atrocement. Suis-je capable de porter un tel poids ? Est-on réellement capable de fuir ce genre d'amour ?

Une petite voix dans ma tête me souffle que tout cela ne peut se finir que d'une façon ; mal. J'ai presque l'impression de voir un petit Lucifer arriver en dansant dans la salle de bain pour se moquer de moi. Tu l'as bien mérité !

Au moment où je m'apprête à fondre en larmes de nouveau, on frappe timidement à ma porte. Je n'ai même pas le temps de répondre que June est là. Sans un mot, elle s'assoit sur le gros tapis moelleux de la salle de bain. Ses yeux n'expriment que douleur et tristesse. Douleur et tristesse pour moi. Je prends une profonde inspiration.

- Je l'aime. J'aime ton frère, June.

Elle acquiesce silencieusement. Ma voix se brise et mes larmes salées se mêlent à l'eau douce parfumée au jasmin.

- Je ne sais pas ce que je vais faire, je poursuis, comme si elle m'avait posé une question. Je l'aime d'amour, je l'aime de toutes les cellules dont mon corps dispose. Je l'aime plus que je n'ai jamais aimé quelqu'un et je sais que je suis idiote d'être tombée dans le piège. Et je me connais suffisamment pour savoir qu'il n'y aura pas ce même type d'amour dans ma vie. Que c'est le seul. Il est ma moitié manquante, et tant pis si il ne ressent pas la même chose. Je ne le lui avouerai pas non plus. Avec lui, il n'y a pas de Parkinson. Il détourne mon attention de tous ; de l'univers, de la vie. De mes mains (je sanglote de plus en plus fort). De ces putains de mains de merde qui me bouffent la vie, qui me bouffent mon futur. On est mauvais l'un pour l'autre, June, je m'en rends compte maintenant, mais c'est trop tard. On est mauvais, mais je l'aime plus que ma propre vie et si je devais choisir, je préfère être malade jusqu'à la fin de mes jours et être avec lui que en bonne santé et seule.

A ce moment précis, je pleure tellement que je hoquète douloureusement et me relève, chancelante. June se précipite et prend mon gros peignoir molletonné et m'emmitoufle dedans. Je me laisse glisser au sol et June passe sa main de haut en bas dans mon dos pour me réconforter.

La douleur broie mon champ de vision et cette dernière se brouille. Je suis consciente d'être à deux doigts de la crise d'hystérie. La douleur physique est bien plus agréable en comparaison.

Je ne connais rien aux règles subtiles que sont l'amour, la passion. Je connais trop la haine, la souffrance, la solitude. C'est de ça que mon âme se nourrit. J'ai écouté mon cœur : résultat j'ai mal et mes mains tremblent toujours. Je veux ma maman. Ma conscience est en position fœtale et pleure elle aussi à chaude larmes.

Le pire, c'est que je sais que Nate n'est pas mauvais. Sombre, à la limite, mais pas mauvais, non. J'ai eu un aperçu du Nate gentil, qui se sent fautif, qui est drôle, taquin. Mais la plupart du temps cela a été gâché par son comportement égoïste, manipulateur, maniaque du contrôle. Mais qui suis-je pour juger après tout ? Puis-je me targuer d'être meilleure que lui ? Je suis une personne colérique, parfois à la limite de la violence.

De quoique nos âmes soient faites, elles sont faites pour s'emboîter. Pas se repousser. C'est comme si je rejetais une nouvelle part de moi, indispensable à mon bien-être. Indispensable à ma vie. J'ai le sentiment d'être ridicule de m'être amouraché de cet être funeste, mais franchement, au train où vont les choses, ce n'est plus tellement important.

Je prends alors conscience du tour que prennent mes pensées et glisse hors de moi.

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Je suis DÉSOLÉE de vous retrouver avec un chapitre aussi court mais le prochain sera mouvementé. (et je ne peux pas toujours publier deux chapitres à la suite)

J'espère que ce chapitre beaucoup plus narratif vous a plu malgré tout ... :)

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Je vous aimes, Blandine 

Manibus RetortaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant