~ Chapitre 36

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Nate :

Le spectacle de Victoria en pleine crise est la chose la plus dérangeante que j'ai vue de toute mon existence.

Stoïque, blanche comme un spectre, le regard dans le vide, recroquevillé sur elle-même tout en se balançant d'avant en arrière. Et son bras ... On aurait dit qu'il y avait des fils électriques sous sa peau mais non. C'était bien son bras qui faisait ça tout seul, prit de violents spasmes.

C'est peut-être horrible, mais la voir là, devant moi, sur le sol, si faible, si fragile ... Je l'ai trouvé encore plus belle, encore plus désirable. Je suis immédiatement retombé amoureux d'elle. L'envie de la posséder était tellement présente dans la pièce que je pouvais presque goûter cette sensation sur ma langue, se déversant en de brûlantes vagues.

Puis elle a eu un mouvement, infime certes, mais que j'ai tout de suite vu. Elle a tendu sa main dans le vide, comme si elle voulait désespérément s'accrocher à quelque chose. A moi. Pourquoi dès que les choses se passent bien entre nous il faut que cela nous explose en pleine figure ?

Je me ressaisis et la prend dans mes bras, comme si elle était une poupée de chiffon. En arrivant dans la chambre, elle tremble toujours dans mes bras, couverte de sueur. Mais lorsque je la touche, elle est gelée. J'ai envie de la doucher pour la réchauffer mais j'ai peur que June ne se réveille et qu'elle pose des questions. Je suis sûr que Victoria n'apprécierait pas que son amie la voit dans cet état. Je l'allonge donc dans le lit et la couche de façon à ce que le devant de son corps repose contre le mien. Puis je passe ma main dans son dos et le frotte vigoureusement pour tenter de lui insuffler un peu de chaleur.

Je ne sais pas combien de temps je fais ça, mais petit à petit la tension disparaît du corps de Victoria et lorsque je baisse les yeux vers cette dernière, elle me regarde. Sa peau est toujours moite et brille, et ses longs cils sont surmontés de petites larmes. Ce regard serait capable de mettre n'importe qui à terre. En tout cas, moi il me fait cet effet-là. Et en plus de ça, je suis le chanceux à qui elle s'adresse. Je ne savais pas qu'un jour je serais ce type de garçon, celui à qui la chance sourit de façon proprement scandaleuse.

- Victoria ? je chuchote.

J'ai peur que si je fais quoique ce soit, elle craque de nouveau. Victoria est un soleil noir. De mes doigts tremblants et anxieux, j'écarte de son visage les mèches de cheveux collées à son visage. Ses yeux, même dans la pénombre, sont stupéfiants. Ils ont la couleur de la terre profonde.

- Embrasse-moi, dit-elle avec une voix étranglée.

Hein ?

Attends, cette fille est dingue. Elle vient de faire une crise de panique ou je ne sais pas trop quoi, et elle veut que je l'embrasse ? A-t-elle besoin de ça ? Apparemment oui, mais j'ai peur de faire ce qu'il ne faut pas, je l'ai déjà trop fait auparavant.

- Embrasse-moi, répète-elle, désespérée.

Je m'exécute alors, prenant son visage dans mes mains, et lui donne un petit baiser léger comme une plume. Je la sens bouger contre moi.

- Non Nate, dit-elle obstinément. Embrasse-moi vraiment.

J'hésite. J'en crève d'envie. Et en plus elle me supplie. De nombreuses filles m'ont supplié de leur faire tout plein de choses, mais pas comme ça. Pas de cette manière-là. Et puis, elles n'étaient pas comme Victoria. Le truc c'est que j'ai peur de me laisser submerger par mes émotions et par conséquent, de faire ce qu'il ne faut pas. Je pose donc mes mains de part et d'autre de ses joues et lui offre un baiser voluptueux.

Ma langue s'enroule autour de la sienne et je la sens soupirer longuement. Ses ongles griffent mon ventre et c'est plus fort que moi, mais je sens mon sexe durcir dans mon boxer. J'essaye de reculer légèrement pour qu'elle ne le sente pas mais je la sens sourire contre ma bouche. Trop tard. Je m'écarte d'elle pour reprendre mon souffle.

- Je suis désolé, dis-je en embrassant la peau fine de son cou.

Cette fois-ci, je peux l'entendre sourire.

- Tu n'as pas à t'excuser, dit-elle doucement.

Puis elle roule sur le dos, et fixe le plafond, les mains jointes sur le ventre. J'enfouis tout mon visage dans son cou, comme si c'était moi qui avait besoin d'être réconforté.

- Je ... Tu vas bien ?

Elle se tourne vers moi et nous nous faisons face, se dévorant l'un et l'autre du regard.

- C'est quelque chose, hein ? souffle-elle, sinistre. J'ai toujours espéré que tu n'aurais pas à assister à une de mes crises mais j'imagine que c'était trop demander.

Elle pousse un long soupir de frustration.

- Victoria ... Ce n'est pas comme la première fois. Je ne vais pas partir en courant. Je veux juste être sûr que tout va bien.

Elle glousse doucement. C'est un joli son. Et dire qu'à une certaine époque pas si lointaine je lui aurai demandé de se taire. Je l'aurais baisé comme un malade et c'est tout.

- Quoi ? Pourquoi tu ris ? je demande.

- Qui êtes-vous et qu'avez-vous fais de Nate ?

Je ricane.

- Il ne doit pas être bien loin.

Elle lève les yeux au ciel et se blottit contre moi. J'aime bien l'avoir contre moi ; au moins elle ne risque pas de s'enfuir et de faire des bêtises. Les évènements de ce soir, ou cette nuit plutôt, m'ont complètement fait oublier la présence de Darwyn à mon arrivée. J'ignore pourquoi ce gamin n'a pas mouchardé quant à sa tronche colorisée, mais je préfère ne pas trop analyser tout ça.

Lorsque je baisse le regard pour regarder Victoria, je constate qu'elle dort à poings fermés. J'ai moi aussi sommeil mais j'ai envie de la regarder un peu. Regarder quelqu'un dormir peut sembler pervers mais en réalité c'est le seul moment où on peut voir quelqu'un au summum de sa faiblesse. A moins que pour Victoria ce soit quand elle est en pleine crise, je n'en sais rien.

Ses paupières frémissent dans son sommeil et sa bouche pulpeuse est légèrement entrouverte. Je crois que je suis amoureux d'elle, mais c'est difficile à dire. Je ne sais pas trop ce que l'on est censé ressentir lorsqu'on aime quelqu'un. Est-ce que je suis attaché à elle ? Bien sûr. Est-ce que je serais triste si elle me quittait ? Probablement. Est-ce que je peux lui dire que je l'aime ? Non.

Elle n'a pas besoin de savoir ce qui se cache sous la surface de toute manière. Tout ce dont elle a besoin de savoir, c'est que je suis là pour elle, et que je vais la protéger, la faire rire, et lui faire l'amour, encore et encore. Et je sais comment la rendre heureuse. Avec un petit soupir, je me penche vers elle et murmure à son oreille, sachant pertinemment qu'elle est parfaitement endormie et qu'elle n'entend pas ce que je m'apprête à dire.

- Toi et moi on va aller à un bal de merde dans quelques semaines. J'espère que tu sais danser car moi non.

Putain qu'est-ce qu'il ne faut pas faire. Puis je m'endors, m'enroulant en même temps contre Victoria, lui faisant un cocon de mon corps pour lui insuffler toute ma chaleur. Et toutes mes émotions.

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J'espère que ce chapitre made-in Nate vous a plu, moi j'aime bien ce chapitre où on en apprend plus sur les sentiments qu'il a pour Victoria. Vous pensez vraiment qu'il va aller au bout de sa démarche et inviter Victoria au bal ? 

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Je vous aimes, Blandine 

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