Je le regardai avec des yeux ronds, et retournais dans ma couette.
-Sors de ma chambre, tout de suite. M'exclamais-je les dents serrées.
-Moi qui croyais que tu étais assez mature pour comprendre...
-Je suis mature ! Tu ne comprends vraiment rien. Il y avait une époque où je te suffisais. On se suffisait pour être assez heureux ensemble. Nous n'avons pas besoin d'une nouvelle femme qui fera tout pour « remplacer » maman. Elle ne le pourra jamais !Maman est exceptionnelle. Personne ne peut changer ça.
Je pensais que tu m'aimais assez pour le comprendre... »
Il parti en claquant la porte, sans rien ajouter. Je me remis dans mes couvertures, les larmes aux yeux une fois de plus. Je suis sincère.Je pense tout ce que je dis.
Maman me berce, elle me chante une chanson. Exécute des petits tours, elle m'embrasse et pars à la gymnastique. Elle s'entraîne, son professeur lui crie dessus. Elle pleure, il crie plus fort, il la tape.
C'est la compétition. Maman fait de son mieux. Son professeur est désespéré. Elle est parfaite... Et... le drame arrive ; elle chute. Maman tombe et se fait horriblement mal. Elle crie, hurle à en perdre haleine, puis perd connaissance. Elle est à l'hôpital...je tiens sa main... mais elle me lâche...
La machine agonise avec son bruit continu et strident...
-Maman !
Je me réveillais en sursaut. Mon cauchemar. Encore. Va t-il arrêter de me hanter un jour ? Vais-je pouvoir vivre ma vie tranquillement ?
Jeudi, gymnastique de seize heures à dix-huit heures. Pourra-t-elle me faire oublier mes tracas, la haine de mon père par rapport à moi ?La gymnastique pourra me redonner le goût de vivre ; peut-être.
La journée se passa comme une journée ordinaire. Une journée morose,sans pétillement, sans rien.
J'arrivais dans les vestiaires, tremblante. J'ignore complètement pourquoi,mais j'ai un mauvais pressentiment. Je tremble, je suis tellement tendue.
Raphaëlle remarqua :
« Ça va, No ?
-Oui, ça va... Et toi ?
-Tu as l'air tendue. Il leva un sourcil, en s'approchant de moi. Ce n'est qu'un entraînement. Tu pourras avoir peur pour des compétitions ou Championnats... Mais là, je ne comprends pas.
-Ne t'inquiète pas, moi non plus je ne sais pas.
Il rigola, et se changea.
Mon stress descendit peu à peu que je passais du temps avec lui. Mes mains étaient tout de même moites, j'eus du mal à enfiler mon justaucorps.
-Hey... Viens par là...
Je m'approchai doucement de lui, dos à lui, les cheveux vers l'avant,le dos droit. Je sentais son souffle assuré sur ma nuque, ses doigts chauds qui parcouraient ma fermeture, et ses ongles qui me faisaient calmement des chatouilles sur la colonne vertébrale jusqu'au sacrum.Cela me procura des frissons des pieds à la tête. Je n'avais pas envie qu'il arrête. Je voulais rester avec lui, comme ça, tous les deux, ici, pour toujours.
-Ça va mieux, on y va ?
J'eus un mouvement de recul pendant un instant ; allez où ?J'avais oublié que l'on allait s'entraîner...
-Oui, merci, beaucoup. »
Je restais bouche bée sur place. Trois poutres, un énorme praticable qui faisait la moitié de la salle, deux barres asymétriques, un saut de cheval, encore une autre salle en face avec deux anneaux, deux barres fixes et parallèles, un grand praticable, un trampoline, un saut de cheval et deux cheval d'arçon.
Il continuait de marcher quand il s'aperçut que je ne le suivais plus.Il s'avança et me prit la main. Je lui souris avec mes yeux grands ouverts pour qu'il comprenne que je n'avais pas l'habitude. Je n'avais jamais vu une salle comme celle-ci.
Il me montra l'échauffement. Courir environ dix tours de tapis voire plus qui équivaux de cinq à dix minutes de course. Des roues,rondades, souplesses, équilibres, battements, roues repoussées,roulades arrières, roulades placement du dos, renforcement –abdominaux, souplesse, squats, dips arrières, jumping jacks...Pleins de choses dont je ne connaissais même pas l'existence, et qui m'ont envoyé à la maison de retraite.
Il m'a montré des pas sur le sol, la poutre – sauts, chorégraphie,écarts. En gymnastique, pour les compétitions on fait des pas de danse au sol et sur la poutre.
Il m'a montré des choses extrêmement importantes pour mon dos, mes orteils, mes bras, mes mains, mes genoux, mes muscles en particulier.Il me demanda ce que j'avais faire. Je ne pus seulement lui montrer des roues, des rondades pas extrêmement bien exécutées, des roulades, des équilibres, souplesses avant-arrière, tic-tac, et flip arrière grâce à l'entraînement de Patrick sur le grand trampoline.
« Ça marche... Il va falloir améliorer tout ça...
Il prit des fosses – gros tapis pour amortir – et un trampoline devant.
-Tout ce que tu as à faire, c'est de courir, sauter avec tes pieds sur le praticable de toutes tes forces, d'attendre d'être haut, puis de te rouler en boule. Un salto.
Je n'ai pas vraiment peur. Je crois que c'est une qualité.
Je courus, sautais, m'enroulais avec les bras sur les genoux pliés, et atterri à demi debout sur la fosse.
-C'est pas trop mal. Tu as suivi ce que je t'ai dis. Plus tu en feras, mieux ce sera, puis on baissera au fur et à mesure. Allez, c'est reparti ! »
Il s'approcha de moi, mais en vain. Je ne le voyais plus. Mes yeux fixaient tout autre chose :
Mon père.
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La Gymnastique, une passion. Tome 1.
Teen FictionNoémie, 13 ans, est passionnée par la gymnastique depuis qu'elle est toute petite. Malheureusement, sa maman est décédée suite à un accident de gymnastique. Depuis, son père refuse quoi que ce soit qui touche à ce sport "maudit". Arrivera-t-elle à...